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par Antoine Champagne - kitetoa

Exclusif : interview (presque imaginaire) d'Emmanuel Macron

« J'aime me faire peur »

Lundi 23 novembre au soir, le président nous reçoit dans la "war room" alors que des islamo-gauchistes sèment le désordre dans Paris. La nuit appartient aux apatrides et aux journalopes mais force devant rester à la loi, le terrain sera repris à l'ennemi.

Le président français - © Meme

Monsieur le Président, vous ne trouvez pas que vous allez un peu loin avec les journalistes et les sans-abri ? Ce ne sont pas des délinquants...

J'aime me faire peur. Ne suis-je pas à la tête de la start-up nation ? Il nous faut prendre des risques en permanence pour réussir. Tout le monde aime ceux qui prennent des risques. J'ai tremblé, et tout mon gouvernement avec, surtout Benjamin Griveaux, avec les gilets jaunes. On a cru qu'ils allaient venir nous chercher chez nous ! Alors comme ça s'était calmé, j'ai imaginé un truc qui puisse mettre cette fois à peu près tout le monde dans la rue. C'est un challenge, je sais. Avec le Covid-19, les gens ont peur d'y aller. Le challenge est vraiment énorme : il faudrait que je m'aliène mon électorat de base mais aussi les gens d'extrême-droite. Si on veut vraiment se faire peur, il faut frapper fort. Bref, du coup je me suis dit, je vais exploser les journalistes. Se taper la liberté de la presse au pays de la révolution qui avait mis dans Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi », c'était un beau projet. C'est mon projet. Ça fait un moment d'ailleurs [il rit]. Souvenez-vous quand je vous avais virés de la salle de presse de l'Elysée... Bref, je m'égare. Bon, énerver tout le monde avec la presse, ce n'était pas gagné. Tout le monde vous déteste aussi. Du coup, comme on ne parlait plus de violences policières, j'ai demandé au préfet de lâcher un peu ses troupes. Ça re-tape dur depuis quelques jours. Un peu comme aux premiers temps des gilets jaunes, le LBD en moins. Tiens, pas bête... il faudrait le ressortir celui-là. Ça pourrait ajouter un peu de tension. Tout ça, c'est fédérateur pour provoquer la colère, mais il fallait un petit plus. Du coup j'ai fait désigner Thierry Solère comme conseiller. Malin non ? Il est mis en examen pour fraude fiscale, détournement de fonds publics et trafic d’influence passif. Ça fédère ça non ? Et puis, un député conseiller du président. Vous suivez ? Séparation des pouvoirs, tout ça. C'est un message pour énerver les gens. Oui. J'aime me faire peur. Je me dis si avec tout ça ils ne viennent pas défoncer les portes de l'Elysée avec un fenwick, c'est que j'aurais raté ma vie. Un peu comme si je n'avais de Rolex avant 50 ans.

Mais Président, ce n'est pas un projet ça. Un projet c'est fédérer une nation, la rassembler autour d'un projet humaniste, le partage, les communs, surmonter ensemble cette période difficile, je ne sais pas moi...

Écoutez, espèce de journalope islamo-gauchiste... Excusez-moi. Je m'emporte, mais avouez que vous êtes impossibles, les journalistes, avec vos questions. Regardez ce merveilleux Jean-Michel Blanquer. Une tête ! Un génie ! Cultivé, assidu, dur à la tâche, impliqué. Je voulais le nommer Chief happiness officer du gouvernement, mais il a refusé, il m'a dit « Emmanuel, je ne peux pas accepter, c'est trop d'honneur ». Modeste avec ça le grand homme. Et regardez ce que vos lui faites subir depuis quelques jours. Sous prétexte qu'il aurait monté de toutes pièces un faux syndicat de lycéens, qu'il leur aurait filé des subventions pour qu'il soutiennent l'action du ministère. Vous lui tombez dessus comme des chiens, comme des hyènes, en meute. Même des députés de la nation s'en émeuvent ! Ils ont les mots justes. Vous êtes une profession d'islamo-gauchistes, des hystériques, des complices du terrorisme, des indigénistes, des islamistes, des ennemis de la République et de la démocratie, des entristes, des fascistes. Mais je m'égare. Mon projet... je l'ai déjà énoncé. Lors d'un fameux discours. C'est mon projet. Je le défendrai toujours.

Que va-t-il se passer dans les jours à venir ?

J'ai de grands projets. Pour commencer, on va continuer à traiter tout le monde d'islamo-gauchistes, c'est la base. J'ai demandé à Darmanin de parler de journalopes, mais il hésite encore. On s'est fait les journalistes, les migrants, je réfléchis à pas mal d'autres trucs. Et je suis inventif vous savez ! Je me disais qu'enfermer tous les SDF de Paris d'un coup d'un seul dans un centre de rétention, ce serait pas mal. Ma femme me rappelait aussi que 1789 avait commencé pour une histoire de pain. Je me disais que fermer toutes les boulangeries sous prétexte de Covid-19, ça pourrait peut-être le faire. Vous en pensez-quoi ? Comme je vois que Darmanin est populaire, je compte le nommer Premier ministre en remplacement de mon machin, modèle ORTF qui ne me sert à rien, il n'énerve personne avec son accent bonhomme. Je me demande aussi si on ne pourrait pas remplacer les amendes de 135 euros pour sortie sans attestation par 5 coups de matraque. Ça ferait faire du sport et de l'entrainement aux forces de l'ordre, et ça nous énerverait bien tout le monde...

Merci président de nous avoir reçu ce soir alors que vos êtes très occupé avec le tabassage des journalistes et des migrants

Mais bien sûr, pas de problème. Vous savez j'aime beaucoup parler avec les journalistes. Essayer de les élever un peu, de leur donner une once de ma clairvoyance. C'est comme élever un petit Tamagotchi. On essaye, on se plante, on recommence... Allez, j'y retourne, je veux voir sur mes écrans de contrôle les gueux errer dans Paris, poursuivis par mes fières forces de l'ordre, avec leur bout de tente sous le bras, c'est rigolo. On dirait des fourmis dont on a piétiné la fourmilière. Et les journalopes qui tourbillonnent autour. C'est un vrai spectacle burlesque. Darmanin et Lallement sont des organisateurs hors-pair. Qu'est-ce qu'on se marre.

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