Etat Islamique : quand Lafarge mettait ses employés en danger
Mardi 14 novembre, des perquisitions ont été menées chez Lafarge, producteur de béton, à Paris et à Bruxelles. Le groupe est soupçonné d’avoir versé de l’argent à des milices en Syrie, dont l’Etat Islamique, pour continuer à produire et livrer les produits de son usine de Jalabiya. Les enquêteurs tentent également de déterminer si le groupe n’a pas fait courir de risques inconsidérés à ses employés syriens.
EDIT DU 22/11/2017 : Le Canard Enchaîné du jour publie un article qui mentionne un audit interne réalisé chez Lafarge par un cabinet américain.
L’affaire remonte loin dans le temps et les documents auxquels Reflets.info a pu avoir accès montrent une entreprise complètement déconnectée des préoccupations éthiques et morales. La peur de perdre l’investissement réalisé dans l’usine de Jalabiya dans le Nord de la Syrie (650 millions de dollars) a poussé la direction de Lafarge à tous les compromis et à mettre en danger ses employés syriens jusqu’en septembre 2014, les expatriés ayant été quant à eux rapatriés en 2012.
L’affaire semblait prometteuse lorsque, le 23 janvier 2008, Lafarge officialise l’acquisition d’Orascom Cement pour 8,8 milliards d’euros. Orascom est alors numéro un en Egypte, en Algérie, aux Emirats arabes unis et en Irak. Il aussi très bien placé en Arabie Saoudite, en Turquie. Ainsi qu’en Syrie. A l’annonce du rachat, le titre du groupe français grimpe en bourse. Tout va pour le mieux… En octobre 2010, ce qui est devenu Lafarge Cement Syria (LCS), inaugure en grandes pompes l’usine de Jalabiya, près de la frontière avec la Turquie et à 160 kilomètres d’Alep. Et non loin de Raqqa. Un investissement de plus de 650 millions de dollars.
L'usine Lafarge en Syrie en novembre 2017. Elle est désormais occupée par des forces spéciales américaines et Françaises. D.R.
Quelque 2,5 à 3 millions de tonnes de ciment doivent être écoulées sur le marché local. Mais dès...