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par Antoine Champagne - kitetoa

Et la phrase du jour revient à.... Laurent Wauquiez pour sa sortie sur l'euro

Dans une tribune publiée dans Le Monde, Laurent Wauquiez et quelques-un de ses amis dressent un bilan des élections cantonales. Bien entendu, il martèle que sans unité autour de Nicolas Sarkozy, candidat unique, naturel, sublime, incontournable, l'élection de 2012 ne sera pas remportée. Mais ce n'est pas cette assertion comique qui doit être retenue. La phrase du jour porte sur le bilan de ces années Sarkozy : "Il est temps de mettre en perspective tout ce qui a été fait.

Dans une tribune publiée dans Le Monde, Laurent Wauquiez et quelques-un de ses amis dressent un bilan des élections cantonales. Bien entendu, il martèle que sans unité autour de Nicolas Sarkozy, candidat unique, naturel, sublime, incontournable, l'élection de 2012 ne sera pas remportée. Mais ce n'est pas cette assertion comique qui doit être retenue. La phrase du jour porte sur le bilan de ces années Sarkozy :

"Il est temps de mettre en perspective tout ce qui a été fait. La France a changé : retraites, universités, organisation administrative, Pôle emploi, renforcement de l'euro, Grenelle de l'environnement... Toutes ces réformes ont demandé des efforts aux Français. L'année 2011 permettra enfin d'en récolter les fruits, notamment en termes d'emploi."

Tous les Français ont bien noté les points évoqués par M. Wauquiez. C'est juste leur lecture qui est un peu différente. D'où peut-être le résultat des cantonales.

Les retraites ont été massacrées et il faudra travailler plus longtemps pour espérer en profiter un peu. Même si l'on pratique un travail pénible. Les universités ont gagné en autonomie. Mais il n'est pas toujours aisé de singer les Etats-Unis. Autonomie ne veut pas forcément dire moyens. Ni compétences accrues. Ni service public renforcé. L'organisation administrative est un mystère. Plus de responsabilités financières pour les collectivités, moins pour l'Etat ? Plus d'impôts locaux, donc, pour les citoyens. Mieux, on prépare doucement les collectivités françaises à s'endetter au même niveau que certains Etats des Etats-Unis, c'est à dire à atteindre un niveau de quasi-faillite. En France déjà, plusieurs villes se retrouvent avec des titres pourris dont elles ne savent que faire. Le Pôle Emploi est une véritable réussite également, les fonctionnaires qui y travaillent le disent tous les jours. Mais M. Wauquiez ne doit pas lire les mêmes articles que nous. Le Grenelle de l'environnement... Heu ? Y a-t-il quelqu'un dans la salle pour défendre un bilan positif de ce "machin" ?

Mais le meilleur est tout de même à venir. L'équipe de Nicolas Sarkozy a "renforcé l'euro".

Voyons voir... De deux choses l'une, soit M. Wauquiez est particulièrement de mauvaise foi, ce qui est probablement impossible dans la mesure où il est un un homme politique, soit, il est complètement aveugle. Pour ne pas dire autre chose. S'il existait un prix Busiris pour les politiques, M. Wauquiez le remporterait haut la main, à l'unanimité.

Reprenons lentement.

La Grèce a reçu un appui très médiatique de l'Europe pour éviter une faillite du pays (les pays ne font pas faillite, c'est une simplification). Dans ce type d'opérations, la médiatisation de l'aide est à peu près aussi importante que l'aide financière elle-même. Qu'en est-il quelques mois plus tard ? Rien n'a changé. Bien sûr le pays n'a pas fait faillite (mais encore une fois, les pays ne font pas faillite, quoi qu'il arrive, aide ou pas), mais la situation ne s'est pas améliorée. La Banque centrale est dans une position plus que difficile. Les CDS de la dette grecque qui reflètent le manque de confiance dans l'avenir du pays de la part des investisseurs sont passés de 954 points de base avant l’annonce du plan de soutien à la Grèce à 1009 points le 22 mars. Quelle partie de cette explication ne comprenez-vous pas M. Wauquiez ? S'il n'y avait que la Grèce... Il y a aussi l'Irlande. Avant l'annonce du plan de soutien à ce pays moribond, les CDS trainaient autour des 550 points de base. Ils étaient à 617 points avant-hier. Quelle partie de cette explication ne comprenez-vous pas M. Wauquiez ? S'il n'y avait que la Grèce et l'Irlande... Il y a aussi le Portugal. Avec le rejet du plan d'austérité gouvernemental par le Parlement (tiens... des parlementaires qui jouent leur rôle...), le premier ministre a jeté l'éponge. Du coup... ce pays va avoir de très, très, très grosses difficultés pour se financer (les taux à 10 ans battent records sur records). Et dans peu de temps, il fera appel à l'aide. Aucun doute, dans quelques mois, on pourra faire la même démonstration avec l'évolution des CDS de la dette portugaise.  Notez sur vos tablettes, M. Wauquiez. Le 19 octobre 2010, les CDS de la dette portugaise étaient à 336 points de base. Ils sont aujourd'hui, à la veille de l'appel au soutien international, à environ 535 points. Les chiffres vous parlent ou pas ?

Le Portugal a rejoint la zone rouge de l'Irlande et de la Grèce et l'Espagne est toute proche. Reflets.info n'étant pas avare de chiffres et d'informations permettant au ministre chargé des Affaires européennes de mieux appréhender les réalités macro-économiques européennes, voici l'évolution des CDS de la dette espagnole. Ce qui devrait donner un indication sur ce qui se passera lorsque le Portugal sera "tombé". Le 28 octobre 2010, ils étaient à 210 points de base. Aujourd'hui, il atteignent 221 après être montés jusqu'à 324 points mi-décembre 2010.

Pour les non-comprenants, le seuil des 400 points de base a été frôlé. Une chute du Portugal pourrait fort bien faire faire un sale bond aux CDS espagnols vers la zone de danger où se trouvent déjà l'Irlande et le Portugal. Et qui suivrait l'Espagne ? L'Italie... Un bon gros morceau. Qui ne manquerait pas d'aspirer dans le maelstrom de "l'euro renforcé par Nicolas Sarkozy", d'autres pays. Cherchez bien M. Wauquiez. A quel pays pourrait-on penser ?

Rassurons par ailleurs M. Wauquiez et les lecteurs de Reflets.info. Il ne s'agit pas ici d'être euro-sceptique, de vouloir sa chute ou quelque chose de similaire. Non. Il s'agit juste d'observer les fondamentaux macro-économiques et quelques données de marchés. L'euro ne va probablement pas disparaître, mais on ne peut pas raisonnablement dire, comme M. Wauquiez, que l'euro est renforcé. Comme disent les dinosaures sur Usenet : "trop gros... Passera pas"..

Dans quelques jours, les résultats d'une deuxième série de stress tests des banques européennes seront révélés. On attend avec impatience les annonces tonitruantes : "on a gaaaaagné, on a gaaaagné, on a gaaaagné"....

Reflets.info table sur une très bonne santé des banques françaises, une très bonne santé des banques espagnoles (les grosses, pas les caisses) et sur un bon gros : "globalement tout va bien pour les banques européennes".

Comme la dernière fois. Souvenez-vous. Les banques irlandaises passaient les tests haut la main. Quelques mois plus tard l'Irlande faisait appel à l'aide internationale, notamment pour sauver son secteur bancaire...

Le renforcement de l'euro par Nicolas Sarkozy se traduit également dans les notes attribuées par les agences à la dette des pays comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Ces notes sont en chute libre. Bien entendu, les ébahis comme M. Wauquiez martèlent que ce sont les mêmes agences qui notaient triple A des titres pourris au moment de la crise des subprimes.

Anéfé©.

Mais pour une fois qu'elles font leur travail correctement, c'est un peu vache de leur tirer de dessus à boulets rouges. Supprimer le messager n'a jamais permis de flinguer la mauvaise nouvelle... La Grande-Bretagne commence à être l'objet de toutes les attentions des agences. On verra ce que l'avenir nous réserve... Pour notre part, nous tablons, notamment grâce au renforcement de l'euro par l'action magique de Nicolas Sarkozy, sur une grosse crise économique.

Faisons-là courte : Crise de la dette souveraine qui va s'amplifier -> mesures d'austérité dratiques -> planche à billets -> inflation -> consommation ralentie -> croissance molle (au mieux) -> trouble sociaux. Le dernier point étant mauvais pour les financiers et les politiques.

 

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