Épidémie de coups d’état en Afrique
Interview d'Antoine Glaser
Alors que les changements de régimes se multiplient sur le continent, Antoine Glaser, journaliste et Rédacteur en chef pendant trente ans de la revue « la Lettre du Continent », revient avec nous sur la situation au Gabon et au Niger. Deux pays qui ne laissent pas l'Élysée de marbre...
Reflets : L’Afrique a été secouée par des coups d’État à répétition : Mali, Niger, Gabon... Comment analysez-vous cela ?
Antoine Glaser : Ces putschs ont une résonance et des motivations différentes. Au Gabon, c’est une révolution de palais, au Niger, c’est le renversement d’un président légitimement élu. Les situations n’ont rien à voir et n’ont aucun lien entre elles.
Comment décryptez-vous ce qui s’est passé au Gabon ?
Fondamentalement, c’est un problème avec le chef de la garde présidentielle et au sein de la famille Bongo. Ce coup d’état ne signe pas forcément la fin du clan Bongo. Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter à 2018 et l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo. La conséquence a été que sa femme Sylvia et son fils Noureddin ont pris une place très importante dans la gestion des affaires. Le général Brice Oligui Nguema, chef de la garde républicaine, savait que ces deux membres du clan Bongo voulaient se séparer de lui, et il a pris les devants.
Officiellement, Ali Bongo venait d’être réélu…
Tout le monde sait que les élections ont été truquées. Comme après la dernière élection de Bongo en 2016, la période post-électorale allait être compliquée. Ali Bongo avait fait tirer sur l’opposition. Cela allait recommencer. Oligui Nguema a voulu éviter cela. Mais la famille Bongo n’est toujours pas loin. Le général Brice Oligui Nguema est lié à la sœur du président, Pascaline Bongo. Ce coup d’état signe en fait le retour au pouvoir des proches d’Omar Bongo...