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Reflets poursuivi par Altice : la liberté d'informer menacée

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par shaman

Ennemis de la République...

Ces régionales ont ouvert la course aux présidentielles. La campagne devrait être particulièrement éprouvante pour les Français.

Cette échéance a permis de donner une idée du paysage politique de la France en cette dernière année du mandat d'Emmanuel Macron. Le parti présidentiel a pris une baffe mémorable avec une moyenne nationale de 10,6%. La grande gagnante est l'abstention qui représente 66,1% des votants, du jamais vu sous la 5ᵉ République. Et le second tour, sans grands défis, ne devrait pas apporter un surcroit de mobilisation.

Image initialement twittée par Julien Bayou, très vite reprise par les détracteurs de l'alliance de gauche en Île-de-France

Une région néanmoins semble attire les regards. En Île-de-France, les candidats de gauche, Clémentine Autain soutenue par la France Insoumise (10,23%) et Audrey Pulvar soutenue par le PS (11,07%) se sont ralliés derrière la candidature de Julien Bayou (12,97%). Cette alliance pourrait devenir un modèle pour une gauche déboussolée en quête d'une voie pour 2022. Une alliance très à gauche, avec une Audrey Pulvar en froid avec son parti, notamment pour ses positions sur les réunions non mixtes et une Clémentine Autain plébiscitée par une bonne partie de l'électorat insoumis et plus généralement de gauche. Pour EELV, un retour au réel avec l'absence de ces voix que le résultat des élections européennes semblait leur promettre.

Et à en croire les réactions de leurs adversaires politiques, cette alliance est le mal à abattre.

Sur France Inter, Valerie Pécresse a dénoncé une "gauche sectaire et radicale" et a appelé à : "tout faire pour faire barrage à cette alliance qui a perdu sa boussole républicaine".

"La FI a dépassé le pacte républicain" "Ils défendent les réunions racisées, n'ont pas voté la charte de la laïcité, refusent l’interdiction du burkini, défendent une écologie punitive" "Ils provoqueraient une faillite économique et républicaine dans la région."

Jean Paul Huchon, ancien ministre socialiste et ancien président de la région a appelé à combattre cette alliance et annoncé qu'il votera "sans hésitations Valerie Pécresse". Il a par ailleurs affirmé qu'Audrey Pulvar était "mauvaise" et que Julien Bayou était un "extrémiste". Il évoquait une alliance "baroque_".

«L'enjeu dans une région est de faire avancer tout le monde en même temps. La troïka qui se présente à ces élections sous les couleurs de la gauche ne semble pas en mesure de le faire»

Enfin les critiques les plus acerbes sont venues de Manuel Valls qui n'a pas mâché ses mots. Interrogé par Europe 1 sur le fait de mettre Jean Luc Mélenchon et Marine le Pen sur le même plan, il a affirmé : "oui, bien sûr, sans aucune hésitation", qualifiant de "choix terrible à faire" si ces deux candidats arrivaient au second tour. Parlant de l'élection en Ile-de-France : "Mais si on considère qu’il y a un danger, à partir de l'addition des trois listes de gauche, face en plus à l'abstention massive, alors il faut voter pour Valérie Pécresse", a-t-il ajouté, évoquant le "danger de ceux qui ont tourné le dos à la République".

Ces attaques contre leur positionnement politique ont fait bondir les sympathisants du mouvement insoumis et plus particulièrement les twittos. Lancé par le compte @Maatener1 "comme une bouteille à la mer", le tweet va être repris et va propulser le hashtag associé #EnnemiDeLaRépublique dans les trendings pendants deux jours.

Le premier tweet qui a déclenché l'avalanche
Le premier tweet qui a déclenché l'avalanche

Au moment de l'écriture de cet article, presque 100.000 tweets avaient été publiés en deux jours avec ce hastag, la plupart en mentionnant Valérie Pécresse. Le téléphone de son attaché(e) presse a dû bipper ces deux derniers jours.

Nombre d'utilisations du hasthtag #EnnemiDeLaRepublique jeudi à 21h50
Nombre d'utilisations du hasthtag #EnnemiDeLaRepublique jeudi à 21h50

Cette mobilisation numérique est intéressante, car a priori lancée et conduite par la base. Par sa forme, ce tweet redonne en tout cas la parole à un électorat souvent ramené à une statistique et qui là, s'est approprié le hashtag. Une place pour chacun d'exprimer sa situation quelle qu'elle soit et de re-personnaliser l'idée politique.

L'électorat se sentant insulté avait besoin de reprendre la parole
L'électorat se sentant insulté avait besoin de reprendre la parole

Une thread pour tenter de les rassembler tous - @lab58
Une thread pour tenter de les rassembler tous - @lab58

Parti de l'électorat insoumis, ce tweet et son hashtag ont été repris par des militants, des gens de gauche, ne se considérant pas directement comme insoumis, mais lassé de l'ambiance médiatique s'extrémisant un peu plus chaque jour.

Cet épisode préfigure l'année qui nous attend. Une France déjà morcelée et divisée par un quinquennat Macron violent et sourd aux messages du peuple français. Un peuple déjà excédé par un climat médiatique délétère alors que les années d'élections présidentielles ne sont pas connues pour apporter de l'apaisement. Cette élection arrive dans une salle surchauffée par les quatre années précédente. Et chaque jour amène son nouveau lot de tensions. Reste l'espoir que les mobilisations récentes aient porté leurs fruits. Et que poussé par la nécessité, le peuple saura retrouver sa forme d'union.

Luttes et convergences - @InsardiJ
Luttes et convergences - @InsardiJ

Edited :

Après des remontées des Internets et de l'auteur lui-même, il s'avère que la première pierre de cette chaîne ai été initiée par le twittos suivant :

L'archéologie Internet révèle le chaînon manquant qui a conduit à l'émergence de ce tweet viral - @Fichtre29
L'archéologie Internet révèle le chaînon manquant qui a conduit à l'émergence de ce tweet viral - @Fichtre29

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