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Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Emmanuel Macron, « profiteur de guerre » ?

Pas de débat, pas de combat, juste un plébiscite par une minorité

Pas de débat, pas de combat, juste un plébiscite par une minorité. Sauf surprise de dernière heure, Emmanuel Macron sera reconduit à son poste pour cinq ans. C'est désolant à dire, mais la guerre aura probablement servi ses projets et il n'hésite pas à l'instrumentaliser en ce sens. Chef de, ou « profiteur de guerre » notre futur président?

Emmanuel Macrenedy : beau, romantique, efficace, pugnace, impliqué... - Instagram @soazigdelamoissonniere

Le terme avait été particulièrement remis au goût du jour pendant la guerre américaine en Irak : « war profeeters ». Le plus emblématique des profiteurs de guerre de cette époque était la société Halliburton. Dans le cas qui nous occupe, il ne s'agit pas d'engranger des milliards de dollars sur le dos de la guerre russe en Ukraine, mais simplement d'assurer sa réélection. La guerre occupe tout l'espace médiatique et aucune place n'est laissée au débat qui intéresse généralement les Français à ce moment précis de leur vie démocratique. Sur le fond, cela ne change rien. Débat ou pas, la démocratie est généralement confisquée par des égos qui s'affrontent pour le poste suprême et les Français sont la plupart du temps la dernière des préoccupations des candidats. Mais tout de même... La configuration de 2022 est encore plus iconoclaste que celle de 2017.

Souvenirs : en 2017, le PS a épuisé les Français par ses renoncements et son lent mais sûr glissement à droite. Les électeurs sont tétanisés par les révélations concernant les emplois fictifs de la famille Fillon (candidat de droite). Les deux camps sont ravagés et plus personne ne sait en quel gourou candidat croire. Emmanuel Macron s'impose dans ce chaos avec l'aide de la presse qui dresse de lui un portrait d'homme providentiel n'ayant pas de « passé politique », ce qui est complètement faux. Il est élu par une minorité, l'abstention étant très importante et l'alternative, étant l'extrême-droite...

Fast forward en avril 2022 : Emmanuel Macron a bénéficié d'une non-campagne, ce qui lui a évité de devoir justifier les échecs de son quinquennat, la violence politique, économique, sociale, physique de son action... Il n'avait en face de lui que des personnages clivants, incapables de rassembler largement, ce qui est tout de même ce qui est tout de même attendu pour espérer gagner. Il est donc réélu sans trop de difficulté étant à nouveau considéré comme un « moindre mal » par une majorité suffisante de votants. Ce que sera l'avenir après avril 2022 est une histoire qui reste à écrire. Pourra-t-il continuer à violenter la société pendant cinq ans avec un mandat aussi bancal ? La rage qui s'est concrétisée avec le mouvement des gilets jaunes deviendra-t-elle violence ? Qui sait.

Tu t'es vu quand tu copies Volodymyr Zelensky ?

Emmanuel Macron pourrait se contenter de « vivre » ce moment. Il pourrait simplement engranger les bénéfices qu'il retire de cette guerre. Silencieusement, parce que ce n'est évidemment pas glorieux. Il pourrait se dire que la guerre en Ukraine efface la campagne, qu'il n'aura ni à se justifier de ses échecs, ni à détailler le programme de son futur quinquennat, que sa campagne sera fainéante et que cela tombe très bien car lui-même doit trouver cela barbant. N'est-il pas l'homme qu'il faut à la nation ? A quoi cela sert-il de l'expliquer, de le justifier, est-ce seulement nécessaire ? Les dieux ont-ils besoin d'expliquer leur grand dessein, les raisons qui doivent pousser les êtres humains à croire ? Non. Alors...

Emmanuel Macron n'a pas choisi de capitaliser en silence les bénéfices de cette guerre. Il a décidé de la mettre en scène. De se mettre en scène. Et c'est sans doute l'indécence de ce choix qui le transforme en profiteur de guerre.

The telegraph, hilare...
The telegraph, hilare...

Si cela échappe à ses habituels thuriféraires, ce n'est pas le cas de la presse internationale, ni des Ukrainiens qui transforment en mèmes grinçants les photos ridicules que la présidence française diffuse ces derniers jours.

Emmanuel Macrensky, président en guerre avec un hoodie de parachutiste parce que la testostérone c'est tellement utile... - Le Times britannique (se moque du président français)
Emmanuel Macrensky, président en guerre avec un hoodie de parachutiste parce que la testostérone c'est tellement utile... - Le Times britannique (se moque du président français)

Les Ukrainiens ont intégré les photos du président français dans de nombreux mèmes, se moquant clairement de ce dirigeant bien au chaud à Paris, qui tente de singer son homologue ukrainien qui lui, est sous les bombes à Kyiv.

Le président français fait rigoler (jaune) les Ukrainiens. - Twitter
Le président français fait rigoler (jaune) les Ukrainiens. - Twitter

Cette appropriation de la guerre en Ukraine par Emmanuel Macron est analysée par la presse internationale et par les Ukrainiens, pour ce qu'elle est : ridicule. Ce n'est pas le cas en France où la déférence vis-à-vis des présidents-rois est toujours de mise.

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