Élection de Donald Trump : de Charybde en Scylla
Chaque jour, un pas de plus vers le chaos et Idiocracy
La victoire d'un aspirant dictateur, poursuivi notamment pour avoir tenté de renverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020, dont le complotisme ne fait plus aucun doute et qui manie la violence verbale en permanence, nous rapproche du chaos mondial et d'Idiocracy, ce film qui anticipait une administration américaine composée de débiles avec des QI d'huîtres.
Sept millions d'année d'évolution et toujours incapable de tirer un trait sur la destruction de lui-même et de ses semblables alors qu'il réside sur une si petite et fragile planète : l'Homme.
Quelles que soient les évidences qui lui sont présentées, il persévère, envers et contre tout et fonce en klaxonnant vers sa propre destruction. Il invente les armes les plus destructrices possible, détruit son propre habitat. L'écosystème fragile et jusqu'ici totalement unique qu'est la Terre lui importe si peu qu'il privilégie toutes les activités permettant de le détruire. Le climat s'écroule sous ses yeux, lui envoyant des alertes répétées ? Il est incapable de mettre fin à ses activités destructrices.
Il aura fallu deux guerres mondiales pour mettre en place une forme d'ordre international pour lutter contre les horreurs de la guerre et les génocides. Et seulement 80 années, le temps d'une vie humaine, pour le détruire.
Désormais, avec le nettoyage ethnique mené par Israël à Gaza et en Cisjordanie sans contrepoids de la communauté internationale, avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, mais auparavant avec l'invasion de l'Irak, de l'Afghanistan par les États-Unis, la mise en place de Guantanamo, la légalisation de la torture de la part de Washington, chacun fait ce qui lui plait. C'est une autoroute pour tous les dictateurs, pour les dirigeants les plus fous et les plus destructeurs. Les crétins durs ont le champ libre. Les États voyous vont continuer de se multiplier comme des petits pains.
Donald Trump est désormais le prochain président des États-Unis. Comment appelle-t-on un dirigeant qui méprise et affaiblit tous les contrepouvoirs ? La première puissance mondiale sera dirigée par un aspirant dictateur (c'est lui qui l'a annoncé). Dénué d'affects, complotiste, avide d'un pouvoir absolu pour assouvir ses propres besoins et ceux de ses amis, le prochain président américain est un cauchemar.
Il a à sa disposition le congrès, la cour suprême, une administration, des mastodontes économiques. Tout est prêt pour le grand n'importe quoi.
Les plus pauvres vont évidemment être les premiers à souffrir. Les femmes également puisque le nouveau président masculiniste, par ailleurs condamné pour agression sexuelle, est opposé au droit à l'avortement.
Sur le plan international, Donald Trump étant partisan du mode « je fais ce que je veux et je vous emmerde » (le slogan « Fuck Your Feelings » est souvent brandi dans ses meetings et se retrouve sur des t-shirts par exemple), on ne peut qu'anticiper une aggravation du délitement de l'ordre international.
Le nouveau champion du futur président, Elon Musk, a d'ailleurs été très clair sur ce qu'il pensait de l'ONU. L'ONU, cet outil mis en place après la seconde guerre mondiale avec comme objectif le maintien de la paix et la sécurité internationale et la protection des droits de l'homme.
Le soutien inconditionnel d'Elon Musk à coup de millions « offerts » aux électeurs, de millions en soutien de la campagne, de milliers de tweets à des followers, de manipulation de l'information et de l'algorithme de Twitter (devenu X) montre combien les États-Unis se dirigent vers une ploutocratie. Elon Musk sait combien il va retirer de son soutien en terme de contrats publics pour SpaceX.
Au delà des risques sur le plan international, l'élection américaine a montré un pays complètement fracturé. Les deux camps se haïssent. C'est d'ailleurs sur cette haine, qu'il a cultivée, que Donald Trump prospère. Après avoir opposé les républicains et les démocrates, le camp Trump oppose désormais les hommes et les femmes. Dans les dernières heures, il a appelé les hommes à voter, les mettant en garde contre l'accès au pouvoir d'une femme qui, selon ce camp, ne manquerait pas de s'attaquer à leurs « droits ».
Les arguments des trumpistes laissent à peu près aussi pantois que les discours de leur champion. Nous ne sommes plus dans une époque des alternative facts mais dans celle où une partie majoritaire de la population accepte l'idée de vivre dans une autre réalité, faite de complots, de menaces imaginaires, bref, de quitter le rationalisme. On glisse chaque jour un peu plus vers Idiocracy avec son cortège d'élus au delà de la bêtise et d'électeurs tout aussi illuminés ou désemparés, capables de voter pour celui qui leur tapera dessus une fois élu ou qui fera tout pour détruire un peu plus l'environnement et compromettra donc un peu plus leur survie.
Ce qui se passe aux États-Unis préfigure bien entendu ce qui va arriver en Europe dans quelques années. La nouvelle victoire d'un apprenti dictateur fascisant à Washington devrait servir d'électrochoc en Europe et particulièrement en France où il est fort probable que le Rassemblement national gagne en 2027.