Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Du temps de cerveau dispon… pardon… nécessaire

J’ai des incompréhensions parfois. Ce n’est pas faute d’avoir un cerveau pour essayer de trouver la solution, mais simplement, je n’arrive pas à me projeter dans celui de mes interlocuteurs de l’agence. Il y a par exemple chez nous une personne dont le travail est de planifier celui des autres. Il s’agit de définir qui travaille sur quoi et combien de temps. Pas bête. Ce qui m’intrigue, c’est le temps alloué à mes tâches. Il y a des années, j’ai appris ce qu’était un délai.

J’ai des incompréhensions parfois. Ce n’est pas faute d’avoir un cerveau pour essayer de trouver la solution, mais simplement, je n’arrive pas à me projeter dans celui de mes interlocuteurs de l’agence.

Il y a par exemple chez nous une personne dont le travail est de planifier celui des autres. Il s’agit de définir qui travaille sur quoi et combien de temps.

Pas bête.

Ce qui m’intrigue, c’est le temps alloué à mes tâches.

Il y a des années, j’ai appris ce qu’était un délai. Il s’imposait à moi tous les jours vers 10 heures du soir. Une grande partie de ce que je devais écrire devait être livré, quoi qu’il arrive, le soir même vers 19 heures pour entrer dans la chaîne de production et au plus tard, vers 10 heure. Dans des cas très particuliers, je pouvais disposer d’une rallonge jusque vers minuit. Ca forge une façon de travailler. Ces délais, ce n’était pas pour rire. Il n’y avait aucun moyen d’y échapper. J’avoue : je n’aurais peut-être pas été viré si je ne les avais pas tenus une ou deux fois. Mais si je l’avais fait une dizaine de fois, je l’aurais été à coup sûr. Bref, je sais ce que c’est que d’écrire sous la pression du temps. Collecter l’information, la traiter, la digérer, l’enrichir et la reformuler dans un langage compréhensible, formaté.

Dans la com’, c’est différent. Il y a bien des délais, mais ils sont rarement tenus. Tout le monde a une bonne raison de reculer le moment de la livraison. Et prendre du retard des dizaines de fois n’entraîne ni sanction, ni remontrances. Dont acte. Tout le monde traîne.

Bref, tous les lundi, cette personne chargée de planifier mon travail me dit combien de temps je vais travailler sur chaque texte.

Et chaque lundi, je reste pantois. Deux jours pour 10 lignes, Une semaine pour 4 pages Word. Vous me direz – et j’en conviens- cela peut se justifier dans certains cas. Imaginons un journaliste qui va chercher un scoop hallucinant et qui aura un mal de chien à obtenir et vérifier son information. Puis, qui devra peser chacun de ses mots pour éviter une kyrielle de procès.

Dans ce cas, une semaine pour 4 pages Word peut se comprendre.

Mais pour écrire que tel logiciel est merveilleux, avec comme (large) base de travail des documents marketing déjà rédigés et particulièrement creux, je me demande. Ne parlons même pas de l’enjeu. Ici, il n’est pas nécessaire de vérifier les informations que l’on veut diffuser. Elles sont la plupart du temps fausses ou exagérées. C’est la base de la pub. Au risque de se répéter, vous y croyez, vous, lorsque l’on vous annonce que tel yaourt va vous donner un teint de pêche, que telle crème va vous faire perdre 5 kilos en 12 jours ? Que tel logiciel va vraiment protéger votre ordinateur contre les bugs ou les virus ?

Soyons honnêtes puisque l’on est entre nous et que personne ne me lit, pour un tel travail, il me faut 2 heures pleines. Les mauvais jours.

Probablement à cause de cette pression passé qui m’a formaté : je sais travailler vite sans écrire trop de bêtises.

Alors pourquoi de tels délais tous les lundis ? Tout est possible. Ils ne comprennent pas ce que je fais ?. Ne l’ont jamais fait et s’imaginent que c’est très compliqué ? Ils pensent que ce que je fais est un travail intellectuel demandant une grande réflexion ? En fait, j’ai beau chercher, je ne trouve pas.

Ce que je sais, c’est que je ne trouve pas parce que je suis incapable de me projeter dans leur esprit. Quelles sont les données, les schémas mentaux qui les amènent à décider qu’il faut plusieurs jours pour écrire un texte insipide de 10 lignes ?

Et pour tout dire, je m’en félicite. Mon incapacité à penser comme eux me réjouit. Allez savoir pourquoi…

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