Devinez qui va payer la guerre Trump/Erdogan ?
Rien ne change : les peuples
Mise à l'index par Donald Trump, la Turquie voit le cours de sa monnaie s'effondrer. Mais au delà des sanctions économiques et des hausses de taxes de part et d'autres, il y a un vrai souci qui se profile. Et in fine, ce sont les peuples qui vont morfler pendant que leurs dirigeants jouent à qui a la plus grosse (sanction).

Tout est parti de l'arrestation en Turquie d'un pasteur américain, Andrew Brunson. Et Trump de décider que les relations entre les États-Unis et la Turquie, n'étaient «pas bonnes en ce moment». D'où une série de sanctions. Paf, un doublement des droits de douane sur l'acier et l'aluminium turcs importés aux États-Unis... Et c'est évidemment avec un tweet démontrant une fois de plus sa finesse intellectuelle que le président américain a annoncé ce qu'il croit être le coup de grâce face au dictateur turc. Derrière la guerre de communiqués et les hausses de droits de douane (Erdogan a répliqué avec des hausses sur 22 produits américains), se joue une course droit dans le mur pour la Turquie et un risque pour la monnaie américaine.
Premier point, le mur. Les banques turques, les entreprises du pays et l'Etat lui-même, sont depuis des années de gros emprunteurs en billets verts. Les obligations émises en dollars doivent être remboursées en dollars lorsqu'elles arrivent à échéance. Ce sera le cas pour un volume de 16 milliards de dollars avant la fin de l'année prochaine, indique Bloomberg.
Evidemment, si les banques, les entreprises et l'Etat avaient des difficultés pour rembourser leurs créanciers, cela se traduirait par des faillites et sans doute, une nouvelle crise financière grave. Devinez qui sera le payeur en dernier ressort ? Les peuples, comme toujours. Merci Donald. Merci Recep Tayyip.

Le billet vert roi du monde ?
Second point, la toute-puissance du dollar, ou pas...
Donald Trump part du principe que le dollar est la monnaie reine. "Our very strong dollar", écrit-il dans son tweet. Il est vrai que la monnaie américaine est la devise du commerce international. Mieux, toute entreprise faisant commerce avec les Etats-Unis risque des sanctions si elle commerce avec des pays sous embargo américain. Et pour celles qui ne commercent pas avec les Etats-Unis, il est préférable qu'elles n'utilisent pas le dollar pour leurs échanges internationaux si elles ne veulent pas subir les foudre de Dingo-Donald. En outre, quelque 60% des réserves de change des banques centrales sont en dollars.
Un tel tableau dresse un portrait d'un dollar indéboulonnable.
C'est en partie vrai. Bien qu'il y ait de nombreux prétendants visant à remplacer le billet vert dans les échanges internationaux, cela n'a jamais été bien loin.
Reste le volume de dette américaine détenue par des pays puissants. C'est le cas de la Russie, de la Chine et de bien d'autres.
Or, à force de se fâcher avec tout le monde et de dégainer son six-coups financier à chaque contrariété, Donald Trump risque de subir un retour de manivelle. La Russie a vendu pour 47,4 milliards de dollars de bonds du Trésor américain en avril, puis 40 milliards en mai. Alors que le pays de Vladimir détenait 96 milliards de dollars en bonds du Trésor américain en mars, ce montant est revenu à 9 milliards fin mai.
Le montant des avoirs en dollars de la Turquie ont quant à eux baissé de 52% depuis fin décembre 2017 pour se situer à 28,8 milliards fin juin.
Reste l'inconnue : la Chine. Elle détient plus de 1000 milliards de dollars de dette américaine. C'est le premier détenteur de bons du Trésor américain (hors Etats-Unis). Pour l'instant, Pékin n'a pas vendu, en dépit des taxes supplémentaires annoncées par Donald Trump. Jusqu'à quand la Chine s'abstiendra-t-elle ? Mystère.
Par ailleurs, les analystes notent que la Turquie est un allié de longue date des Etats-Unis au sein de l'OTAN.
De fait, lorsque Dingo-Bush a décidé de pilonner l'Irak pour détruire d'imaginaires armes de destruction massives, les avions américains ont survolé le territoire turc. L'impréparation américaine se concrétisait d'ailleurs dans ce mémo :

A l'époque, Erdogan était premier ministre et avait annoncé que les avions américains pourraient survoler son territoire.
Enfin, le Defense Information Systems Network - Europe (DISN-E) utilisé par les militaires américains passe par la Turquie. Ce serait ballot que Dingo-Recep Tayyip décide de couper les câbles...
