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par Antoine Champagne - kitetoa

Des signes encourageants de rébellion de la Démocratie contre l'oligarchie

Oh, bien sûr, il y a des jours comme ça, où l'on se dit qu'elle est morte et enterrée, cette chère Démocratie. Quand on égrène les témoins si vifs de sa transformation en oligarchie, on se dit que c'est foutu et que tout ça finira bien mal. Les révolutions et autres soulèvements populaires ne se font jamais dans la douceur et jamais sans être téléguidés. Au plus grand profit de quelques uns qui s'empressent de réinstaurer l'oligarchie, sous un autre visage.

Oh, bien sûr, il y a des jours comme ça, où l'on se dit qu'elle est morte et enterrée, cette chère Démocratie. Quand on égrène les témoins si vifs de sa transformation en oligarchie, on se dit que c'est foutu et que tout ça finira bien mal. Les révolutions et autres soulèvements populaires ne se font jamais dans la douceur et jamais sans être téléguidés. Au plus grand profit de quelques uns qui s'empressent de réinstaurer l'oligarchie, sous un autre visage. Mais ces derniers jours, la Démocratie semble se rebeller et distribue des baffes aux plus hauts dignitaires de l'oligarchie. Il serait désobligeant de ne pas en prendre note.

La Démocratie, ce n'est pas seulement un cadre juridique. Ce ne sont pas seulement des textes. Ni des élections libres. La Démocratie, c'est le résultat  d'actions quotidiennes. Ces actions sont le fruit de décisions qui  sont prises par les acteurs de la Démocratie.

Quelles que soient les décisions d'un président et de son gouvernement, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, elles n'ont aucun avenir si les acteurs de la démocratie ne les mettent pas en oeuvre. La vie en démocratie devrait logiquement favoriser le développement du libre-arbitre et de l'auto-détermination.

Évacuons le point Godwin dès maintenant. Si la police française avait refusé d'appliquer les décisions meurtrières de l'Etat français pendant l'occupation, ce ne sont certainement pas 76.000 juifs qui auraient péri dans les camps.

Auschwitz
Auschwitz

Ce point évacué, observons les récents signes d'une forme de rébellion de la Démocratie. Cette rébellion ne vient pas d'en haut. Non, elle vient des acteurs inconnus de la Démocratie. Ceux dont les actions la façonnent. Ceux qui, pour certains, savent oublier que ceux auxquels ils distribuent des baffes sont théoriquement nettement plus puissant qu'eux.

Prenons, pour commencer, l'Insee. L'institut national de la statistique est un agent de la Démocratie en son genre. Il passe son temps à mettre en chiffres et en perspective historique (très important) l'évolution de ce pays. Vu du gouvernement (de droite ou de gauche), il devrait être un prolongement de son action et ne répercuter que des bonnes nouvelles. Vu de la fenêtre de certains de ses employés, l'Insee est l'entité qui présente des chiffres incontestables, reflétant le plus fidèlement possible la réalité.

La semaine dernière, l'Insee a publié une note de conjoncture qui prévoit une période de récession en 2012. Tout ce que le gouvernement ne veut pas entendre. Cette note montre l'étendue des dégâts sur le plan macro-économique. Dégâts qui, pour le président ayant sauvé la France, l'Europe, le monde et la moitié de l'Univers (trois fois au moins), ne peuvent pas exister.

En énonçant une réalité niée par les hautes sphères de l'oligarchie, l'Insee devient un agent de la rébellion de la Démocratie.

 

Putain ! Deux ans...

 

Depuis vingt ans, Jacques Chirac joue à cache-cache avec la justice. Chat-bite! Je suis président, pouvez pas m'atteindre... Le Canard Enchaîné a ponctué ses éditions de ces dernières années d'articles révélant des affaires toutes plus abracadabrantesques les unes que les autres. Les frais de bouche, les voyages en avion payés en liquide, les emplois fictifs, affaire Mery... Sans souci, depuis tant d'années, Jacques Chirac continuait son petit bonhomme de chemin. Membre du Conseil constitutionnel, il percevait jusqu'en mars dernier quelque 12.000 euros pour décider de la constitutionnalité, ou non, des textes. Joli pied de nez.

La semaine dernière, le tribunal correctionnel de Paris a condamné l'ancien président de la République à deux ans d'emprisonnement avec sursis pour "abus de confiance", "détournement de fonds publics" et "prise illégale d'intérêt".

En condamnant Jacques Chirac, le tribunal correctionnel s'est fait, peut-être sans le vouloir, l'agent de la lutte de la Démocratie contre l'oligarchie.

Le désaveu infligé au Parquet par les juges est cinglant. Lui qui depuis des années tente d'enterrer les affaires du RPR ou de l'UMP, avait requis la relaxe. Au nom du peuple français, bien entendu... Le tribunal n'était pas du même avis... Dans la motivation du jugement, on pouvait lire que Jacques Chirac avait : "multiplié les connexions entre son parti et la municipalité parisienne" et "manqué à l’obligation de probité qui pèse sur les personnes publiques au mépris de l’intérêt général".

 

Tu n'écouteras point...

 

Le 6 décembre, la Cour de cassation a confirmé l'annulation de l'enquête du procureur Philippe Courroye sur les informateurs supposés des journalistes du Monde. Le procureur en question avait fait saisir les fadettes des journalistes et de leurs proches pour essayer de débusquer la personne qui les "informait" sur l'affaire Woerth-Bettencourt. Non, on ne peut pas écouter n'importe comment les journalistes, a expliqué la Cour de cassation aux agents de l'oligarchie. Y compris pour tenter de protéger maladroitement un ministre empêtré dans des affaires à tiroirs.

 

Autre affaire amusante, la DCRI avait demandé sur ordre de l'Elysée les fadettes de journalistes du Monde, toujours dans le cadre de l'affaire Bettencourt. Le patron de la DCRI a d'ailleurs été mis en examen dans le cadre de cette affaire.

Depuis son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy a pris les juges pour cible. Il a même voulu rayer de la carte les juges d'instruction. Il avait même brocardé la profession en les omparant à des petits pois. Ils se sont probablement souvenus de ces déclarations au moment de décider si les écoutes sauvages, pour le plus grand profit des agents de l'oligarchie, étaient légales ou non. Les petits pois se sont transformés en agents de la lutte de la Démocratie contre l'oligarchie...

 

Des soucis de plus en plus gros

 

A force de s'approprier un pouvoir qui n'est pas le leur, à force de croire qu'ils contrôlent tous les agents de la Démocratie, à force de se penser intouchables, les agents de l'oligarchie créent les conditions de leur chute. Tout étant rond dans l'univers, ce qui monte finit toujours par retomber et plus on monte haut...

Vous l'aurez noté, le nombre d'affaires touchant le pouvoir en place ou d'un passé récent se multiplie.

"Certains, chez nous, en ont assez de recevoir des commandes politiques", indiquent ces derniers temps des membres des services spéciaux aux journalistes...

Il semble bien qu'il soit contre productif d'énerver les agents de la démocratie. Cela les réveille.

 

 

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