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par Antoine Champagne - kitetoa

Des servantes écarlates devant l'ambassade américaine

Elles protestaient contre la restriction du droit à l'avortement

Le vote de lois criminalisant l'avortement est pointé du doigt et les personnes ayant organisé ce happening devant l'ambassade américaine demandent à ce que le droit à l'avortement soit inscrit dans la constitution pour éviter des reculs.

Devant l'ambassade des Etats-Unis - © Reflets

Le débat sur l'avortement et la pression constante des conservateurs pour faire reculer ce droit des femmes à disposer de leur corps (notamment en Europe) est revenu sur le devant de la scène ces dernières semaines avec l'adoption de lois criminalisant le recours à l'avortement dans plusieurs États américains. Le Monde en a fait un éditorial dans lequel le journal rappelle que "le Missouri a adopté une loi qui punit jusqu’à quinze ans de prison une interruption volontaire de grossesse (IVG) au-delà de la huitième semaine (contre douze semaines en France). En Alabama, un médecin qui pratiquerait un tel acte sur une femme, même victime de viol ou d’inceste, encourt désormais quatre-vingt-dix-neuf ans d’emprisonnement, une peine supérieure à celle en vigueur pour le violeur lui-même. En Géorgie, dans l’Ohio ou le Tennessee, l’avortement est hors la loi dès la sixième semaine de grossesse, un stade où la plupart des femmes ignorent encore être enceintes"

C'est dans ce cadre que "les écarlates", un groupe spontané de personnes s'est réuni devant l'ambassade américaine ce mardi 4 juin. Habillées en servantes écarlates (voir le détail de la série télévisée ici), une référence au livre de Margaret Atwood, The Handmaid's Tale.

Elles ont déployé une banderole et ont lu un texte. Sans désemparer, la maréchaussée s'est projetée à leur rencontre et les a promptement encerclées. Après avoir décliné qualité et motif de l'encerclement, la maréchaussée à invité les écarlates - constituant à ses yeux une une manifestation sur la voie publique sans déclaration préalable, à se disperser. Ce qu'elles étaient justement en train de faire lorsque les forces de l'ordre sont arrivées.

A peine sorties du métro, les servantes écarlates se sont positionnées devant l'ambassade - © Reflets
A peine sorties du métro, les servantes écarlates se sont positionnées devant l'ambassade - © Reflets

Après avoir lu le texte reproduit ci-dessous, les écarlates se sont dirigées vers les Tuileries. - © Reflets
Après avoir lu le texte reproduit ci-dessous, les écarlates se sont dirigées vers les Tuileries. - © Reflets

Sans désemparer, la maréchaussée s'est promptement projetée au contact des écarlates sur la place de la Concorde. - © Reflets
Sans désemparer, la maréchaussée s'est promptement projetée au contact des écarlates sur la place de la Concorde. - © Reflets

Le texte lu par les "écarlates" :

"Simone de Beauvoir nous avait prévenu.es : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis ». Aux Etats-Unis, le droit à l’avortement pourtant reconnu depuis 1973 et garanti par le XIVème amendement est remis en cause. Depuis le début de l’année, 28 des 50 États américains ont mis en place de nouvelles lois pour en limiter l'accès de façon drastique. En Alabama, l'avortement est désormais interdit même en cas de viol ou d'inceste et les médecins le pratiquant risquent jusqu'à 99 ans de prison. En Europe, le droit à l'avortement recule aussi. Soit par la loi, soit par le refus massif des médecins de le pratiquer. Au Portugal, il n’est plus gratuit et un examen psychologique avant l’acte est obligatoire.En Italie 80% des praticiens font jouer leur clause de conscience et refusent de pratiquer l’IVG. Entrainant 50 000 avortements clandestins par an, selon les ONG italiennes. 50% des avortements dans le monde sont clandestins. 1 femme en meurt toutes les 9 minutes. En France 1/3 des femmes a recours à l’IVG au moins une fois au cours de sa vie. Nous sommes les filles et les fils de Simone de Beauvoir, Simone Veil, Gisèle Halimi et de tous.tes les anonymes qui luttent, ont lutté et lutteront encore et sans relâche pour les droits des femmes. Nous sommes citoyen.ne.s du monde, solidaires et unies par des valeurs universelles de liberté et de respect. Afin que demain, ce droit fondamental qu’est la liberté de chacune à disposer de son corps ne soit pas remis en question en France, nous demandons que soit inscrit dans la Constitution Française, le droit à la contraception et à l’avortement, pour toutes et sans condition. Simone Veil disait: «Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l’avortement. » Aucune ne doit en mourir. L’avortement est l'affaire de tous et un droit pour toutes!"

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