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par Antoine Champagne - kitetoa

Des policiers lancent leur "Acte I" en bas des Champs-Elysées

La manif que l'exécutif ne voulait pas

La gestion de la crise des gilets jaunes repose sur deux pieds : de fausses concessions et une répression violente par les forces de l'ordre. Le gouvernement redoute donc que la police se rebiffe. Jeudi 20 décembre, environ 200 policiers ont manifesté en bas des Champs-Élysées.

Rassemblement de policiers en colère jeudi 20 décembre - © Reflets

L'image est terrible pour l'exécutif : des policiers en civil, avec leurs brassards, rejoints par des gilets jaunes, manifestant ensemble en bas des Champs-Elysées. Alors qu'il ne tient les gilets jaunes éloignés de l'Elysée que par une répression massive du mouvement tous les samedis, cette sorte de convergence des luttes incongrue est sans aucun doute ce que redoute le plus le pouvoir.

Le mouvement vers la place Bauveau (le ministère de l'Intérieur, à deux pas du palais présidentiel) de cette foule a visiblement déclenché un envoi massif de CRS pour contenir les protestataires.

Dans la journée, le gouvernement avait annoncé une hausse des salaires de certains policiers, conditionnée à une énigmatique réforme de la police. Les syndicats eux-mêmes avaient été étonnés de cette soudaine annonce. Mais les "Gyros bleus" qui manifestaient ce jeudi 20 décembre, relayés par le Mobilisation des Policiers en Colère (MPC) n'a pas apprécié cette annonce. "C'est dramatique, les gens vont penser qu'on a obtenu en une journée plus qu'eux en deux mois, et ils auront raison. Nous on ne veut pas des hausses de salaires, on veut de meilleurs conditions de travail. Moins de rats, de cafards, des voitures qui n'ont pas 500.000 kilomètres au compteur et qui ne passeraient pas le contrôle technique", expliquait l'un d'eux.

"Nous avons dit depuis le début que nous étions solidaires des gilets jaunes", explique un autre. "Moi j'étais à la manif du 1er décembre, place de l'Étoile, nous confie un policier, "on empêche les gens de manifester, il y a une colère légitime. En réprimant à ce point ce mouvement, on va a l'affrontement, c'est une sorte de dictature qui ne dit pas son nom, puisqu'elle se maintient par la violence_".

Certains concèdent en effet que les arrestations préventives ont été téléguidées par le ministère. L'idée étant q'il y ait moins de gens aux manifestations. "quand les Champs sont pleins pour la coupe du monde c'est 120.000 personnes, quand ils sont pleins de gilets jaunes, c'est 3 ou 4000 manifestants, c'est ridicule", peste un autre policier. "On a arrêté des gens qui avaient du matériel offensif, et c'est normal, mais aussi ceux qui avaient du matériel défensif, ça ce n'est pas normal".

Une chose est sûre, pour une fois, les policiers et les manifestants se sont parlé au lieu de s'affronter. Les policiers en colère ont en effet été rejoints par des gilets jaunes dont certains ne cachaient pas leur engagement à gauche. "_Les changements que l'on veut, c'est pour tout le monde, y compris les fonctionnaires et parmi eux, les policiers", explique cette future prof.

Une fois encore, les manifestants se sont vu interdire l'accès à la zone des ministères et de l'Elysée. Il y avait à la fin de la manifestation plus de CRS que de policier. Ou l'inverse. On ne sait plus trop dans une manif de ce type...

En manif, toujours apporter son gyrophare, ça peut aider... - © Reflets
En manif, toujours apporter son gyrophare, ça peut aider... - © Reflets

Un petit fumigène pour l'ambiance... Ça pue, mais ça ne pique pas les yeux. Ça change. - © Reflets
Un petit fumigène pour l'ambiance... Ça pue, mais ça ne pique pas les yeux. Ça change. - © Reflets

La manif décide de se rendre place Bauveau. Elle sera arrêtée par un cordon de CRS cent mètres plus loin. - © Reflets
La manif décide de se rendre place Bauveau. Elle sera arrêtée par un cordon de CRS cent mètres plus loin. - © Reflets

Discussions cordiales entre collègues, mais impossible de passer. Certains policiers étaient masqués pour éviter les foudres de la hiérarchie, d'autres pas. "On n'a plus peur", explique l'un d'eux. - © Reflets
Discussions cordiales entre collègues, mais impossible de passer. Certains policiers étaient masqués pour éviter les foudres de la hiérarchie, d'autres pas. "On n'a plus peur", explique l'un d'eux. - © Reflets

En fin de manif, on a compté jusqu'à 30 camionnettes de CRS. - © Reflets
En fin de manif, on a compté jusqu'à 30 camionnettes de CRS. - © Reflets

Gilets jaunes, policiers, policiers gilets jaunes, CRS, CRS gilets jaunes ? On ne sait plus qui est qui. Une seule constante, la colère, le refus d'un système en bout de course. Soudain, surgit un chauffeur de taxi qui vient expliquer que "Macron" lui a volé "130.000 euros", le prix de sa licence. - © Reflets
Gilets jaunes, policiers, policiers gilets jaunes, CRS, CRS gilets jaunes ? On ne sait plus qui est qui. Une seule constante, la colère, le refus d'un système en bout de course. Soudain, surgit un chauffeur de taxi qui vient expliquer que "Macron" lui a volé "130.000 euros", le prix de sa licence. - © Reflets

Sitting au milieu des Champs. - © Reflets
Sitting au milieu des Champs. - © Reflets

Face à face entre un responsable du MPC et les CRS. - © Reflets
Face à face entre un responsable du MPC et les CRS. - © Reflets

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