Délocalisation et plans sociaux : comment Drahi a cassé les employés de SFR
Les salariés, premières victimes de la méthode Drahi
Masse salariale divisée par deux et demi, délocalisation, conditions de travail dégradées, primes rabotées, les collaborateurs de l’opérateur de téléphonie paient au prix fort le rachat de l’entreprise par Patrick Drahi en 2014. En moins de dix ans, l’homme d’affaires a mis les salariés « au pas » et « restructuré » la société pour en tirer un profit personnel maximum. Grâce à des documents inédits, nous avons reconstitué l’histoire.
« Le nombre de démissions n'a jamais atteint un tel niveau ». Cette alarme porte la signature de l’une des deux organisations syndicales majoritaires de SFR. L’UNSA l’a diffusée dans un communiqué interne, intitulé « Hémorragie de démissions – Que fait la direction ? ». Nous nous le sommes procuré (1). La question-titre du communiqué est posée en réponse au dernier bilan de l’emploi pour l’année 2022 chez SFR. L’organisation syndicale le juge « sans appel » : 299 salariés ont en effet démissionné en 2022, contre 164 en 2021. Entre 2019 et 2022, c’est au total 824 collaborateurs qui ont ainsi claqué la porte.
Une hécatombe
Le texte de l’UNSA fait état de près de 5% des CDI démissionnaires, et ce n’est pas un hasard si les profils techniques et expérimentés sont majoritaires parmi eux. Ils profitent en effet d’un contexte de tension dans les secteurs des télécom et de l’informatique pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Et manifestement, elle l’est.
« Effectivement il y a des profils très pointus qui se barrent parce que l’ambiance est dégueulasse, on a de plus en plus de pression avec les objectifs qui grimpent sans cesse et aucune reconnaissance », explique Alex (2), avec qui nous nous sommes entretenus. Un salarié qui, comme tous ceux que nous avons interviewés tant à Paris qu’en province, souhaite rester anonyme. L’hémorragie décrite ici s’est également accompagnée de 362 licenciements. « Comment se fait-il qu’une société comme SFR n’attire plus ? », s’...