Journal d'investigation en ligne
par Antoine Champagne - kitetoa

Danger immédiat : il n'y a pas de « oui mais » avec l'extrême-droite

Elle consumera tout, ses ennemis, les tièdes et finalement ses amis

Il n'est plus l'heure de refuser de voter untel ou unetelle sous prétexte qu'ils ne seraient pas démocratiquement purs. Partout, tout le temps, il faut barrer la route au Rassemblement national. Car c'est le parti de la haine et la haine consume tout. Y compris ceux qui auront hésité à faire barrage.

Viva Bertaga (Les Bérus) - À réécouter, leur chanson "Porcherie"
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L'extrême-droite n'est pas un courant politique comme un autre. On peut dépenser des centaines de millions comme l'a fait le groupe Bolloré pour le « dédiaboliser », il restera toujours le camp de la haine. Celui de la destruction. C'est un constat historique. Partout où elle s'est hissée au pouvoir, l'extrême-droite a charrié son cortège de torturés, de morts, d'opprimés. En Allemagne nazie bien sûr. Mais pas uniquement. La France de Vichy, le Chili de Pinochet, l'Italie de Mussolini, l'Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, l'Afrique du Sud de l'apartheid, la dictature militaire au Brésil, en Argentine, au Paraguay, en Grèce... Toujours du mauvais côté de l'Histoire, elle détruira tout ce qu'elle exècre : la gauche, la République, les minorités. Mais très vite, faute d'opposants, d'ennemis sur lesquels orienter la haine populiste, l'extrême-droite désignera ceux qui avaient, par lâcheté, accepté de collaborer avec elle. Et enfin, quand il n'y aura plus personne à haïr, elle se tournera contre ses propres soutiens. C'est ce qu'elle a toujours fait. Elle accusera tout le monde de tous les maux dont elles est en fait, elle, parée. Tout en se présentant comme immaculée.

Nous sommes à trois jours du vote qui décidera, ou pas, de porter à Matignon un premier ministre issu de ce camp. Déjà partout montent des cris de haine et se multiplient les violences dans la rue, dans le quotidien. Partout « la parole se libère ». Une façon bien trop polie de désigner le racisme crasse et la haine.

Nous voici réellement confrontés à cette question que connaissent bien les étudiants en philosophie du droit : «  jusqu’où la Démocratie peut-elle laisser ses ennemis l’utiliser pour parvenir à leurs fins et la détruire ? » Déjà, depuis quelques semaines on entend cette petite musique récurrente de la part de l'extrême-droite : « il faudra mettre le Conseil constitutionnel au pas » (voir la vidéo ici). Comment ne pas voir où veulent nous mener les membres du Rassemblement national ?

Alors oui, il faut faire barrage à nouveau.

Comme toujours, les électeurs de gauche sont appelés à être vertueux, à placer l'éthique, la liberté au dessus de tout. Au dessus de leurs convictions. On leur demande de voter pour des opposants politiques. Il l'ont fait en votant pour Jacques Chirac. Il l'ont fait deux fois pour faire élire Emmanuel Macron contre Marine Le Pen.

A chaque fois, en dépit des paroles et des promesses, les représentants de la droite ont appliqué une politique violente, inéquitable. À chaque fois, il ont affaibli et abîmé la Démocratie. A chaque fois, leurs politiques ont poussé plus de monde dans les bras de l'extrême-droite. A chaque fois les électeurs de gauche se sont fait traiter de tous les noms. D'abord d'islamo-gauchistes. Puis de wokes et enfin, d'antisémites.

Imagine-t-on la force qui leur est demandée encore aujourd'hui pour voter contre leur camp, pour sauver la république et la démocratie ? Et même s'ils y parvenaient, ils savent pertinemment qu'ils évolueront demain dans un champ de ruines, une prairie carbonisée par la haine, avec près de 10 millions de Français qui les regarderont avec une violence au cœur jamais atteinte jusqu'ici.

Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au coeur du commun combat La Rose et le Réséda - Louis Aragon

On leur demande à nouveau de faire barrage alors que le camp présidentiel et une partie de la droite (ils doivent pourtant leurs postes à cette abnégation de la gauche) refusent de se désister face à des candidats LFI, risquant ainsi de faire élire des membres de l'extrême-droite. On peut tourner cela dans tous les sens... Agir ainsi, c'est servir de marche pied au camp de la haine.

Et pourtant. Encore et toujours, pour être en accord avec soi-même, avec l'éthique qui est la notre, il faut voter pour n'importe qui, pourvu que cela fasse échec à l'extrême-droite. Nous nous battrons plus tard pour faire advenir plus d'équité, pour faire progresser le vivre ensemble, pour « faire société ».

Car si l'extrême-droite prend le pouvoir dimanche prochain, les prises qui nous permettent aujourd'hui de lutter vont sensiblement se réduire.

Ne sous-estimez pas un gouvernement qui serait raciste, islamophobe, antisémite, clanique et qui aurait entre les mains à la fois tous les pouvoirs et tous les outils de surveillance que nous dénonçons ici depuis 2011. Croyez-nous sur parole, ces outils étaient mortifères hier, ils le sont aujourd'hui mais demain, sous le contrôle du Rassemblement national, ce sera une hécatombe.

Un Aidehaine.fr pour les recenser tous...

Depuis une semaine, Reflets compile les sources pour faire des fiches (76 ce mercredi 3 juillet 2024) documentées sur tous les candidats d'extrême-droite qui oint tenu des propos racistes, sexistes ou qui ont été condamnés. C'est ainsi qu'est né Airdehaine.fr.

Vous ne trouvez pas qu'il y a comme une air de haine ces temps-ci ? - © Reflets
Vous ne trouvez pas qu'il y a comme une air de haine ces temps-ci ? - © Reflets

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