Cyber mercenaires russes : le péril rouge
Миграция в качестве красной команды
L’hiver est rude en Russie, même pour les hackers, pourtant privilégiés car exemptés de conscription, certains de ne pas finir les tripes à l’air au fond d’une tranchée dans le Donbass. Mais face à un avenir de plus en plus incertain, ils sont de plus en plus nombreux à choisir le chemin de l’exil. Un flux migratoire dont on parle peu, mais qui devrait pourtant nous alarmer.

Si de nombreux russes choisissent avec plus ou moins d'enthousiasme la voie du mercenariat proposée par Prigozhin, il en est de même, plus discrètement, chez les hackers, mais dans une version bien plus confortable que celle offerte par Wagner : au soleil à Dubaï, au sein de la cyber armée émiratie.
This is cyber Sparta

L’histoire de la cyber armée émiratie remonte a 2005, quand Richard Clarke, qui avait initié au lendemain du 11 septembre 2001 le renouveau cyber aux Etats-Unis, rejoint les Emirats pour se mettre au service de Mohammed ben Zayed, une vieille connaissance.
Beacon Red, Dread, Darkmatter ou encore Project Raven sont autant de divisions - mythiques chez les blackhats - de cette cyber armée assemblée par les Emirats Arabes Unis depuis bientôt vingt ans.
La cyber Sparte qu’est devenue Dubaï entrera dans l’Histoire pour avoir embauché dès 2008 des bataillons de mercenaires issus des rangs de la NSA, et pour avoir, sous couvert d’anti-terrorisme, lutté dès les débuts du Printemps Arabe contre toute velléité de démocratie ou de droits de l’Homme dans le monde arabe, et ce partout dans le monde.
Consultez un mini-docu sur la naissance de la cyber armée émiratie sur Youtube :
Installés depuis longtemps à Dubaï, ces cyber mercenaires dont les revenus sont très conséquents, profitent d’un univers fait de luxe, de soleil et de sable fin, popularisé sur Instagram par nos influenceurs nationaux.
Mais depuis quelques mois, le champagne a un goût amer. Comme le révèlent nos confrères d'Intelligence Online, des hordes de cyber mercenaires russes débarquent de façon continue. Il est de plus en plus courant d’entendre parler russe au restaurant, à la plage, dans les shopping centers ou, pire encore, chez les concessionnaires Lamborghini.
Le Grand Remplacement

Au sein de Beacon Red, la plus prestigieuse unité de la cyber armée émiratie, les cyber soldats russes sont logés dans des baraquements séparés - de luxueuses villas. Pas de communication avec les mercenaires occidentaux, pas de projet commun : tout se passe comme si MBZ avait décidé de faire de ce flot ininterrompu de cyber mercenaires venus de Russie une seconde armée, autonome et isolée de celle qu’il a rassemblé depuis deux décennies.
Cette arrivée incessante et continue de migrants russes fait craindre le pire aux cyber mercenaires occidentaux installés de longue date. Incertitudes géopolitiques, dilemmes éthiques nés sur le tard ou russophobie ordinaire… Les raisons ne sont pas claires, mais ils sont déjà nombreux à plier bagage face à ces hordes de migrants.
Le péril rouge

Distinguer un agent russe infiltré d'un simple mercenaire n’est pas forcément évident, et aux Emirats comme en France, identifier une menace dans un flot de réfugiés n’est pas facile, à la différence près que vu de Dubaï, ce que nous prendrions pour une menace peut s’aborder comme une opportunité. Isoler les russes des occidentaux prend alors tout son sens.
Faire le tri entre les talents et identifier les pépites est également un enjeu majeur, et bien plus prioritaire. Car sorti des stars du secteur de la cybersécurité dont la réputation a franchi les frontières bien avant qu’ils n’atterrissent à Dubaï, le gros des mercenaires qui débarquent par centaines des avions faisant la liaison entre Moscou et Dubaï sont de parfaits inconnus, et tiennent pour beaucoup à le rester.

Agents infiltrés ou déserteurs de la cyber armée russe, cybercriminels à la recherche de nouvelles aventures, RSSI fuyant la Russie avec femme et enfants, ce qui compte au final, ce sont les compétences que ces flots de migrants vont apporter à la seconde cyber armée émiratie, l’armée rouge de MBZ, qui n’en est qu’à ses débuts.