Crise sanitaire et surveillance
Les crises passent, les outils restent
Dans des circonstances exceptionnelles, l'exécutif est souvent prompt à imposer des outils de surveillance qui ne font pas bon ménage avec les libertés individuelles. Tous les prétextes sont bons : lutte contre le terrorisme, crise sanitaire... L'exceptionnel demeure après la crise. L'état d'urgence devient la norme.
Surtout ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas une dictature et, les données collectées sont anonymisées. Une fois que ces deux arguments sont lâchés, tout le monde est rassuré. N'importe quel outil de surveillance, aussi attentatoire aux libertés individuelles soit-il, peut être déployé. Les arguments visant à détourner l'attention du citoyen un tantinet méfiant auront fait leur effet. En France, par exemple, l'idée d'une surveillance des personnes via les mouvements de leurs téléphones portables, afin de lutter contre le coronavirus, fait son chemin lentement depuis quelques jours. On est passé de "ce n'est pas dans la culture française" (Christophe Castaner) ou on n'est pas comme la Chine (comprendre une dictature) à : nous avons récolté ces données, mais elles sont anonymes (Stéphane Richard, PDG d'Orange). Pour finir avec cette déclaration de Christophe Castaner : on pourrait peut-être utiliser certaines données des téléphones, pour tracer les contaminations éventuelles au Covid-19 et d'ailleurs les Français seraient surement d'accord... Ne vous inquiétez pas, on ne regardera pas les données GPS, ça reposera sur le bluetooth, tout est fait pour rassurer le chaland. Sauf peut-être cette petite phrase d'Olivier Véran et Cédric O dans Le Monde : « Nous en sommes à une phase exploratoire, mais nous ne voulons fermer aucune porte ». C'est bien le problème en matière de surveillance. Les autorités ne se sont jamais...