Contre l'escalade sécuritaire, Saint-Denis s'organise
Naissance d'un collectif contre les violences policières face au virage sécuritaire du maire, Mathieu Hanotin
La répression violente du mouvement social contre les retraites a refait surgir le spectre des violences policières. Une fois n'est pas coutume, le sujet a été rapidement repris sur les grandes chaines de télévision. Mais il est bon de se rappeler que ces violences existent au quotidien, moins visibles. Troisième volet de cette série sur les politiques publiques, avec les politiques sécuritaires en ligne de mire.
La réunion a lieu dans la salle du Pont Commun. Devant la porte, un homme garde un œil sur les alentours, on n'est jamais trop prudent. Les journalistes patientent quelques minutes le temps que les débats touchent à leur fin. Puis la réunion bascule sur l'organisation de l'action d'aujourd'hui. Téléphones portables non conseillés, point éventuels de repli en cas de charge, présentation des observateurs et des médias... la tension monte d'un cran. Dernier café et le groupe se dirige vers le commissariat tout proche. Quelques minutes d'attentes sur le trottoir d'en face puis tout le monde traverse la rue pour se positionner devant les portes du bâtiment. Une prise de parole a lieu, puis tout le monde brandit des affichettes distribuées un peu plus tôt. Sur celles-ci, des photos, chacune faisant référence à un cas de violence policière survenu récemment. Puis le groupe décide que cela suffit et quitte les lieux sans avoir vu l'ombre d'un képi. Une action symbolique, la première du nouveau collectif « Stop violences policières Saint-Denis », en cours de création.
Le problème de violences policières en Seine-Saint-Denis n'est pas nouveau. Déjà, en mai 2019, une affaire défraie la chronique. Sur une vidéo qui émerge, la CSI 93 (« Compagnie de Sécurisation et d'Intervention ») est filmée déposant un sac de cannabis près d'un jeune avant de l'interpeller. Devant ses protestations, les coups pleuvent. Un...