Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Claim de tous les jours…

On n’est jamais à l’abri d’une surprise. Qui sait, je serai peut-être confronté à pire plus tard, mais là, je crois que je tiens une gagnante. Oups pardon, une ouineuze. Ne perdons pas de vue que dans la com’, même si quand on parle, on ne dit rien, il faut quand même utiliser des mots et ceux-ci doivent, de préférence être une sorte de franglais incompréhensible. Bref. On nous annonce une réunion avec la nouvelle responsable marketing de l’un des pôles de notre client vénéré.

On n’est jamais à l’abri d’une surprise. Qui sait, je serai peut-être confronté à pire plus tard, mais là, je crois que je tiens une gagnante. Oups pardon, une ouineuze. Ne perdons pas de vue que dans la com’, même si quand on parle, on ne dit rien, il faut quand même utiliser des mots et ceux-ci doivent, de préférence être une sorte de franglais incompréhensible.

Bref.

On nous annonce une réunion avec la nouvelle responsable marketing de l’un des pôles de notre client vénéré.

Le client change de responsable tous les 6 mois, au gré des résultats.

Je vous vois venir, quand on parle chiffres, résultats, vous pensez données financières. Pas du tout, la pression sur les chefs marketing, chez le client, elle se fait sur le nombre de clics générés sur les sites et sur les mailing-lists.

Pour ceux qui ont une vague notion de ce que sont les statistiques sur Internet, c’est à mourir de rire (jaune). S’il n’y avait que ça, je lancerait quelques lignes de code du genre :

my $query = qq#GET http://$opts{« TargetHost »}:$opts{« TargetPort »} HTTP/1.0rnrn#;

for (my $i=1; $i

uprint « Pass $i »; open (IN, « < ».$opts{« ProxyList »})

etc.

Au bout de quelques jours, la nouvelle cheffe serait bombardée Responsable Marketing Monde de sa boite.

Tout ça pour dire que sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien. En clair, le nombre de clics pour mesurer quoi que ce soit est ridicule. Quelques lignes de code peuvent générer des milliers de clics qui seront tous aussi faux que les CDs que l’on peut acheter dans le quartier chinois de Singapour (ou ce qu’il en reste) mais qui sembleront aussi vrais qu’une Rolex de Nicolas Sarkozy.

Mais revenons à notre réunion annoncée.

Nous voilà dans la pièce à attendre l’arrivée de la nouvelle incarnation du client. Débarque une sorte de chose ayant à peu près autant de tics nerveux que Nicolas Sarkozy (encore lui. Il faut que je vous dise, on a parié avec mon collègue Jekeule que je pourrais caser 7 fois Nicolas Sarkozy dans un seul post sans que cela semble étrange). Elle balance sa tête d’avant en arrière, de droite à gauche et de gauche à droite, histoire de faire voler les morceaux de paille qui lui servent de cheveux. Je sais, c’est méchant de dire ça, mais si elle ne les cramait pas en les teignant en une sorte de rouge ineffable, je n’aurais pas à le préciser.

Moi qui suis, extérieurement, particulièrement calme, et certains me le reprochent, je n’en crois pas mes yeux. Ses mains sont en mouvement perpétuel. Une sorte de frénésie nerveuse habite cette femme.

Elle part dans un long discours truffé de fautes de français sur l’importance du message que l’on « adresse aux audiences ». Si c’est mal écrit, le message ne passe pas. Un peu comme le sien donc.

L’explication par l’exemple a du bon, paraît-il.

Et tout d’un coup l’apothéose.

Elle a dû la peaufiner celle-là. Ou alors, elle l’a écrite sur son carnet lorsqu’elle suivait une formation de manager responsable de la gestion des petits pains dans un fast-food. Elle nous sort tout à trac mais néanmoins avec emphase : « excellence dans l’exécution… claim de tous les jours ».

Ben ouais.

Attendez, ne partez pas, je vais vous traduire :

Il faut, dans votre travail, poursuivre un but d’excellence et cela doit rester présent dans votre esprit tous les jours que le dieu du libéralisme et du marketing fait.

J’ouvre de grands yeux tout ronds. Et lentement, comme un ralenti dans Matrix, mon regard incrédule cherche celui de Jekeule. Je suis rassuré, il a le même que moi.

Le truc emmerdant, c’est que depuis deux semaines maintenant, on est quatre ou cinq dans l’agence à se répéter cette phrase en boucle à chaque fois que l’on se croise, avant d’éclater de rire. C’est épuisant et si la dame voulait bien nous donner le remède, ce serait sympa.

Bon, ok, j’ai perdu mon pari. Je n’ai cité Nicolas Sarkozy que 3 fois, mais c’est parce que ce n’est pas très facile à faire, même si Nicolas Sarkozy est omnipotent et omniprésent, ce qui devrait permettre de le mettre à toutes les sauces. Ceci dit, je suis sûr que je pourrai parler de Nicolas Sarkozy dans d’autres posts. Ne serait-ce qu’en évoquant ses Rolex, preuve irréfutable qu’il n’a pas raté sa vie. Sacré Séguéla. Et sacré Nicolas Sarkozy.

Bon allez hop, voilà… Jekeule, aboule les sous.

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