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par Antoine Champagne - kitetoa

Chypre : l'Europe communiste est-elle en marche ?

Un petit pas de plus a été franchi dans le processus d'inversion du sens. Le monde entier (à quelques exceptions près) a banni depuis belle lurette l'idéologie communiste pour plonger au plus profond du libéralisme le plus débridé. Chacun, les media en tête est là pour marteler qu'en dehors du libéralisme, point de salut. TINA.. : There Is No Alternative, selon l'expression de Margaret Thatcher.

Un petit pas de plus a été franchi dans le processus d'inversion du sens. Le monde entier (à quelques exceptions près) a banni depuis belle lurette l'idéologie communiste pour plonger au plus profond du libéralisme le plus débridé. Chacun, les media en tête est là pour marteler qu'en dehors du libéralisme, point de salut.

TINA.. : There Is No Alternative, selon l'expression de Margaret Thatcher.

Ces principes affichés sont pourtant bafoués régulièrement depuis le début de la crise des subprimes et de la dette souveraine. Bien entendu, personne ne le dit, mais c'est une réalité. Dans un système où le marché prévaut, lorsqu'une entreprise fait faillite, elle meurt. Mais les deux crises sus-mentionnées ont changé la donne. Lorsqu'une banque fait faillite, elle est sauvée, souvent avec l'argent du contribuable, devenu payeur en dernier ressort, rôle généralement dévolu aux banques centrales.

Etonnant, non ? C'est un capitalisme/libéralisme débridé revu et corrigé. Adapté aux besoins des plus gros profiteurs du système.

Les mêmes qui poussent des cris d'orfraies chaque jour pour dénoncer les systèmes de protection sociale, les aides gouvernementales, les avantages acquis des salariés, qui demandent plus de dérégulation, sont ceux qui utilisent comme personne les aides gouvernementales. Elles leur permettent de survivre et de recommencer leurs conneries qui génèreront immanquablement une prochaine crise.

Cette fois, ce n'est plus l'argent public qui est insufflé dans le système (Quantitative Easing) pour sauver le système financier, le même qui a mis tout le monde dans la panade, et principalement les couches les plus défavorisées de la population mondiale, c'est, directement, l'argent de cette population. Un prélèvement à la source sur les comptes bancaires des citoyens de Chypre.

Les plus informés d'entre nous se souviendront des discussions sans fin, de l'intervention des lobbies pour éviter que les haircuts (dépréciation des actifs) ne touchent pas trop les banques (pour la Grèce), certains se souviendront également de l'affaire Icesave. Les pertes, ce n'est pas pour le système financier. Ou si peu.

Et si c'est le cas, pas de panique, c'est tout de même au contribuable qu'il reviendra in fine de payer.

Cette fois avec Chypre, sans concertation publique, l'Europe a décidé que la ponction se ferait à la source, sur les dépôts bancaires. La propriété privée des citoyens est donc "réquisitionnée" par les Etats (l'Europe). Un pas de plus vers le communisme ? C'est en tout cas ce que diraient les libéraux s'il ne s'agissait pas de sauver leurs fesses. Il y a un côté hilarant dans cette inversion du sens, dans cette mutation aboutissant à un "libéralisme débridé communiste".

Un pas de plus vers le mur

Reflets vous le répète depuis son apparition sur le Web, l'Euro et l'Europe vont dans le mur. Les indicateurs sont clairs. Nous avons détaillé ce sujet à maintes reprises, inutile d'y revenir ici.

Les soucis avec Chypre étaient connus et la matérialisation d''un mur devait intervenir au tout début de l'été. Nous en parlions d'ailleurs dans l'émission de Radio Reflets consacrée à la crise. Finalement, le château de cartes s'est effondré plus tôt que prévu.

A ce stade, tout est possible. Nous verrons si les bonimenteurs parviendront à gagner encore un peu plus de temps ou si les épargnants réagiront à ce coup de Trafalgar par un bank run, ce qui aurait des conséquences intéressantes.

Il ne faut jamais perdre de vue que pour le secteur bancaire, la confiance des épargnants est le coeur du business. Si vous n'avez pas confiance en votre banquier, vous n'allez pas lui confier votre argent. En dynamitant tous les principes fondant la confiance des épargnants, l'Europe prend un risque énorme. Par exemple, les fonds déposés sur des comptes bancaires sont garantis par un fonds de sauvegarde. Si une banque fait faillite, ce fonds vous rembourse une partie de vos avoirs. A Chypre, par exemple, c'est 100.000 euros. Mais pas cette fois, l'Europe ayant rayé d'un trait cette protection... Et vous, en France, en Espagne ou ailleurs, vous avez toujours confiance ? Vous pensez que ce fonds marchera si votre banque fait faillite ?

Nous verrons aussi comment réagiront "les marchés", notamment ceux des taux et des CDS...

Nous verrons aussi si l'explosion de la petite bombe chypriote aura des effets jusqu'en Espagne, en Grèce et en Italie...

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