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Dossier
par Islam Idhair, Jacques Duplessy

Cessez-le-feu fragile entre les Palestiniens et Israël

Après onze jours de conflit, chaque camp revendique la victoire

Dans la bande de Gaza, les Palestiniens ont célébré dans la liesse la fin des combats, mais aussi mis en terre les derniers morts. Le bilan humain est de 260 morts, dont 12 Israéliens. Les diplomates se pressent pour éviter une reprise des affrontements. Reportage.

La foule a envahi les rues après l'annonce du cessez-le-feu - © Islam Idhair

C’est une explosion de joie dans toute la bande de Gaza qui a salué l’entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi à 2h00 du matin (1h00 heure française). Rafah, la grande ville proche de la frontière Égyptienne, n’a pas fait exception. Concert de klaxons, musique, chants patriotiques, des milliers de personnes ont défilé aux cris de : « Vive la Résistance ! », « Vive le peuple palestinien ! ». Certaines portaient en triomphe une réplique en plastique de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem.

« Nous fêtons une grande victoire de la Résistance », s’exclame un manifestant. Quand nous lui rétorquons que les Palestiniens n’ont rien obtenu, il répond : « La Résistance a gagné car Israël n’a rien obtenu ! Elle n’a pas assassiné de personnes importantes, toutes les roquettes n’ont pas été arrêtées, et pour la première fois l’ennemi n’a pas cherché à envahir notre territoire, car il a eu peur. Nous espérons que le cessez-le-feu va tenir, mais si nous sommes agressés, nous sommes prêts à reprendre le combat. » Un autre s’approche pour dire : « Nous sommes victorieux, malgré les morts et les destructions. On reconstruira pierre après pierre, on a l’habitude. »

Les manifestants ont créé une réplique de la mosquée al-Aqsa - © Islam Idhair
Les manifestants ont créé une réplique de la mosquée al-Aqsa - © Islam Idhair

La journée avait commencé par des rumeurs de succès de la médiation égyptienne. Puis un porte-parole israélien a annoncé la prochaine cessation des hostilités avant que le chef du Hamas en exil au Qatar, Ismaïl Haniyeh, confirme la trêve vingt minutes plus tard. Des délégations égyptiennes sont chargées de son contrôle effectif.

Selon le ministre de la Santé de Gaza, après 11 jours de bombardements, le bilan humain dans l'enclave palestinienne consécutif aux combat est désormais de 248 morts, dont 66 enfants, et de 1948 blessés. De son côté, l’État hébreu déplore 12 morts et des centaines de blessés.

Les Palestiniens enterrent leurs morts dans un stade - © Islam Idhair
Les Palestiniens enterrent leurs morts dans un stade - © Islam Idhair

Autre ambiance quelques heures plus tard à Khan Younes. Trois jeunes hommes âgés entre 20 et 25 ans tués par des frappes de l’armée israélienne sont mis en terre. Des centaines de personnes entourent les familles dans un stade de la ville où sont exposés les corps. Selon elles, ces jeunes n’étaient pas des combattants. Mais deux des corps sont enveloppés dans des drapeaux du Hamas, et des combattant cagoulés de l’organisation sont présents aux obsèques. « C’est le fils de mon frère que j’enterre, dit Ahmad Kalab. On a retiré son corps de son des décombres. On espère que Dieu l’accepte comme martyr. Nous sommes avec la Résistance. Nous sommes tristes de la mort de nos enfants mais ce sont nos sacrifice pour Jérusalem et Al-Aqsa. »

Certains corps sont recouverts du drapeau du Hamas - © Islam Idhair
Certains corps sont recouverts du drapeau du Hamas - © Islam Idhair

Enterrement au stade et militants du Hamas cagoulés - © Islam Idhair
Enterrement au stade et militants du Hamas cagoulés - © Islam Idhair

Au même moment en Israël, s’il n’y a pas eu de fête, la population reprenait une vie normale dans les villes les plus touchées, et les terrasses des cafés étaient à nouveau bondées.

Les deux camps revendiquent la victoire. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a qualifié de « succès exceptionnel » l'offensive de l'armée israélienne et affirme qu’elle a « éliminé 200 terroristes dont 25 gradés » des différentes brigades palestiniennes. De son côté le Hamas, qui a tiré 4600 roquettes vers Israël, a montré qu’il avait augmenté son arsenal en quantité et en qualité, et qu’il était une menace sérieuse. « C’est une victoire stratégique pour la Résistance et le peuple palestinien », a clamé Ismaïl Haniyeh qui a remercié l’Egypte, le Qatar, les Nations Unies, et l’Iran « qui a fourni une aide militaire, financière et stratégique pour la Résistance ». « Nous avons réussi à écraser l’armée israélienne par nos bombardements et on a ’autres surprises si Israël reprend ses opérations militaires contre Gaza », a renchérie Abou Obeida, le porte-parole des Brigades Ezzedine Al-Qassam. Le conflit a montré que l’Iran avait réussi a renforcer militairement le Hamas et a exporter son savoir-faire dans la conduite de la guerre asymétrique. Le Hamas prévoit ce samedi après-midi un grand défilé militaire dans le centre de la ville de Gaza.

Sur le fond rien n’est réglé et le cessez-le-feu est fragile. Quelques heures plus tard, à l’occasion de la grande prière du vendredi, de nouveaux affrontement éclataient devant la mosquée Al-Aqsa faisant une vingtaine de blessés palestiniens. Une délégation américaine doit venir dans les jours prochains rencontrer les protagonistes. Joe Biden s’est déclaré favorable à une solution à deux Etats. Une incantation dont on voit mal la traduction en actes.

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