Ce que dit l’alliance entre les géants de la tech et Trump
Un point positif dans un océan de n’importe quoi
Tous sont venu faire un exercice de génuflexion devant le nouveau conducator. Elon Musk le premier, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, tous ont rallié Donald Trump. Bien entendu, l’alliance des géants de la tech qui règnent sur le monde numérique, et le fou de la Maison-Blanche, inquiète. Mais il y a une lueur d’espoir.
Elon Musk a apporté 270 millions de dollars à Donald Trump pour financer sa campagne. Mais il a surtout mis Twitter (devenu X) au service de l’ambition politique du nouveau président américain. Il y a bien sûr une concordance des idées entre les deux hommes. Mais ce n’est certainement pas pour un poste qu’Elon Musk a mouillé le maillot à ce point. De quoi rêve l’homme le plus riche du monde ? Pas de devenir ministre du Department of Government Efficiency (DOGE). Le nom de ce ministère choisi par lui est d’ailleurs une blague de geek. L’acronyme du ministère est le nom d’une cryptomonnaie, elle-même une blague que le patron de Tesla a souvent poussée, lui permettant de s’envoler.
Elon Musk a besoin des commandes publiques et des aides gouvernementales pour ses entreprises comme Space X ou Tesla. Il sait que Donald Trump est totalement imprévisible. Si les idées d’extrême-droite des deux hommes s’alignent, tout comme leurs délires complotistes et leur goût des fake news, Elon Musk a surtout assuré l’avenir de ses entreprises. S’il a lu le livre de Bob Woodward Peur, Trump à la Maison-Blanche, il sait que le dernier ayant parlé à l’oreille de l’homme orange gagne son appui. Il sait aussi qu’il a une mémoire de poisson-rouge et qu’il faut sans cesse le travailler pour garder ses faveurs. Et avoir les faveurs du boss de la première puissance mondiale peut avoir son intérêt. Même pour l’homme le plus riche du monde. Tout est désormais possible : baisse des impôts, législation plus souple, contrats…
Jeff Bezos, le patrons d’Amazon, Peter Thiel et Marc Andreessen sont sur la même ligne : donner de l’argent à Trump dans l’espoir d’engranger des bénéfices au cours des quatre ans à venir, tout en voyant leurs idées appliquées.
Cette allégeance est un signe. Celui, bien sûr, d’un avenir très sombre. Celui où ceux qui gouvernent les internautes du monde entier comme des marionnettistes peuvent mettre au service d’une idéologie mortifère des outils puissants. L’alliance des géants de la tech et d’un leader d’extrême-droite ne présage rien de bon. Mais il y a aussi un signe qui permet d’espérer.
On voyait se construire nous nos yeux depuis des années des empires que l’on pensait bientôt plus puissants que les États. Bien sûr il y a les milliards de données personnelles monétisées, utilisées, les algorithmes permettant à ces patrons de diriger notre pensée à notre insu. Il y a aussi ces câbles que tirent Google ou Facebook (là où auparavant il fallait des consortiums de géants des télécoms) et qui explosent toute idée de souveraineté numérique que pourrait avoir un pays, une évidence pour qui a conscience de la géopolitique des câbles. La puissance de ces patrons semblait sans limites. Et pourtant…
Pourtant, ils sont tous venu à Mar-a-Lago, faire allégeance à un président dont tout le monde sait qu’il n’est pas le couteau le plus affûté du tiroir et pas loin de la folie si elle ne s’est pas déjà installée. Sans parler de ses projets politiques qui n’ont rien à envier à la pire des dictatures.
Cela montre une chose. Les géants de la tech que l’on pensait aussi puissants que des États ont toujours peur. Ils sont faibles car ils ne peuvent résister à une chose : la loi. C’est, nous l’avons écrit lorsque nous évoquions la puissance des marchés financiers, la dernière prérogative des États. Utilisée pour le bien commun, elle est la carte ultime, le joker qui peut ravager le jeu de n’importe quelle méga-entreprise. La loi, c’est plus fort que toi. Et les milliardaires de la tech ont compris avec les velléités européennes ou de certains pays comme le Brésil, qu'il leur faut un président qui ne leur complique pas la tâche, qui ne favorise pas les enquêtes anti-trust. Bref, un homme comme Donald Trump, influençable au plus haut degré. Pour cela, ils sont prêts à toutes les compromissions.
Évidemment, le risque est que cette cohorte de milliardaires, désormais proches du pouvoir ne s'approprient cette carte ultime, qu'ils deviennent les initiateurs de la loi, à leur profit. Et pour l'instant, il semble bien qu'Elon Musk soit parti pour le faire avec l'appui d'un président illuminé dont il a acheté complicité.