Journal d'investigation en ligne
Dossier
par Ricardo Parreira

Défilé du C9M : un néonazi poursuivi pour trafic de drogues et exploitation sexuelle en Espagne

Et la police laisse passer

Samedi 10 mai 2025, plus d’un millier de fascistes et de néonazis ont défilé dans les rues du très chic VIᵉ arrondissement de Paris, en mémoire de l’un des leurs, mort en 1994 après une chute d’un toit. Parmi eux, un néonazi, arborant sur le bras une croix de fer marquée en son centre d’une croix gammée, dont une photo a largement circulé sur les réseaux sociaux.

Dídac González Llobet et son tatouage - D.R.

Crâne rasé, carrure imposante, bras tatoués, Dídac González Llobet est connu en Espagne, dans la région du Vallès, pour son néonazisme, sa violence et son appartenance à une organisation criminelle. Le 2 novembre 2021, quatorze de ses membres, dont lui-même, ont été interpellés et leurs domiciles perquisitionnés dans les municipalités de Sabadell, Polinyà, Castellar del Vallès, Barberà del Vallès et Torrelles de Llobregat.

Ils sont poursuivis notamment pour appartenance à une organisation criminelle, trafic de drogues (cocaïne, 2C-B, marijuana, anabolisants), exploitation sexuelle, blanchiment d'argent, usurpation de biens immobiliers et tentative d'homicide.

De gauche à droite, Dídac González, Ivan Chicano et Sergi Verdaguer, trois des néonazis arrêtés, membres d’Último Bastión, des Boixos Nois et, le dernier, également des Hells Angels.  - ©anarquia.cat
De gauche à droite, Dídac González, Ivan Chicano et Sergi Verdaguer, trois des néonazis arrêtés, membres d’Último Bastión, des Boixos Nois et, le dernier, également des Hells Angels. - ©anarquia.cat

Dídac González Llobet est un ancien candidat du parti d’extrême droite Movimiento Social Republicano (MSR). En 2016, il est repéré lors d’un événement en hommage à la Division Azul, une unité militaire composée de 17.692 volontaires espagnols, officiellement nommée División Española de Voluntarios ( Spanische Freiwilligendivision en allemand). Créée à la fin du mois de juin 1941 par le régime franquiste, cette division d’infanterie était intégrée à la Wehrmacht en soutien à l’Allemagne nazie.

Hommage fasciste à la Division Azul dans une paroisse de L'Hospitalet de Llobregat, 2016.  - ©Directa
Hommage fasciste à la Division Azul dans une paroisse de L'Hospitalet de Llobregat, 2016. - ©Directa

En 2020, il est repéré aux côtés des ultras Boixos Nois, un groupe lié à une tribune du FC Barcelone. Drapeaux de guerre nazis, saluts hitlériens : ce groupe, dont fait partie Dídac González Llobet, est connu pour sa violence. En 2018, plusieurs de ses membres ont été interpellés par la police, qui a découvert un véritable arsenal : plus de vingt bâtons, une douzaine de matraques télescopiques, plusieurs poings américains, couteaux et machettes de grande taille, plusieurs sprays irritants, de puissants feux d’artifice, des chaînes, des gants tactiques, des gilets pare-balles, des cagoules, et même un sac rempli de pierres à lancer.

Gauche - Des néonazis des Boixos Nois lors de la veille de la finale de la Coupe du Roi, organisée à Séville à la fin du mois de mai 2019.  Droite : Boixos Nois 2020.  - © Directa
Gauche - Des néonazis des Boixos Nois lors de la veille de la finale de la Coupe du Roi, organisée à Séville à la fin du mois de mai 2019. Droite : Boixos Nois 2020. - © Directa

Alors que le ministre de l’Intérieur vient d’annoncer devant le Parlement son intention de poursuivre environ 800 militants pour dissimulation du visage — infraction passible d’une amende de 1.500 euros, portée à 3.000 en cas de récidive — et pour exhibition de symboles nazis, aucun militant d’extrême droite n’a été interpellé ni même soumis à un contrôle d’identité.

L’an prochain, le tribunal administratif suspendra probablement à nouveau l’arrêté préfectoral interdisant la manifestation, au motif que « la manifestation n’avait donné lieu à aucune poursuite à l’encontre des participants ». Une décision qui illustre un climat de complaisance envers l’extrême droite, révélant à quel point le ministre de l’Intérieur et le préfet de police de Paris semblent peu enclins à déranger les militants néonazis. Le fait d'exhiber un tatouage comportant une croix de guerre et une croix gammée comme l'a fait Dídac González Llobet est puni par la loi en France.

Pendant que les frontières sont strictement surveillées et que les contrôles d’identité s’abattent massivement sur les manifestants de gauche, sur les personnes habituellement touchées par le racisme et la discrimination, les néonazis et fascistes venus de plusieurs pays, dont Dídac González Llobet — arborant un symbole interdit par la justice française — ont pu défiler en toute impunité avant de quitter le territoire sans encombre.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée