« C’est un choix mortifère pour la démocratie de nier l’importance des syndicats »
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT se confie avant la rentrée sociale
Alors que la rentrée sociale s’annonce tendue avec la réforme des retraites, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT s’est confié avant la rencontre avec le Premier ministre à la fin de cette semaine.
Comment voyez-vous l’évolution des relations avec le président Macron et son entourage ? On a parlé de lune de miel au départ ?
Il n’y a jamais eu ni lune de miel, ni divorce d’ailleurs. Il y a des divergences. Ce n’est pas tant sur la relation interpersonnelle car il n’y a pas d’affect dans tout ça. C’est plutôt dans la logique des dossiers en cours. Nous avons senti une volonté de nier la place des corps intermédiaires, en tout cas de passer outre. Il y a dans l’entourage de Macron une forme de théorisation, il y a un point aveugle dans le macronisme sur le rôle de la société civile. Il voudrait cantonner le syndicalisme à l’entreprise, ce qui pour la CFDT est un problème. Nous avons toujours pensé que nous avions le droit d’intervenir sur d’autres sujets que ceux du travail, par exemple comme dans la tribune sur le Pacte du pouvoir vivre de mars dernier ou celle sur les migrants. Notre point d’accroche prioritaire c’est le travail, bien sûr. On concentre beaucoup de forces à être avec les travailleurs, et on doit toujours le faire davantage. C’est dans l’entreprise qu’on crée notre légitimité, mais cette légitimité nous renforce pour dire aussi des choses plus globalement. Les salariés ne sont pas que des salariés, ce sont aussi des citoyens. Ils sont intéressés par les questions démocratiques, sociétales.Le gouvernement doit nous écouter aussi sur d’autres sujets.
La CFDT est devenu le premier syndicat de France et pourtant on a l’impression que votre parole importe...