Journal d'investigation en ligne
par Samuel Clauzier, Ricardo Parreira

Bordeaux : quand un contrôle d'identité dérape 

Violences policières et patch nationaliste 

Contrôlé par les forces de l’ordre le 21 octobre 2024 à Bordeaux, en marge d’une manifestation pro-palestinienne, Joseph-Alix B. a été placé en garde à vue pendant 44 heures après une interpellation violente. Accusé d’outrage, de rébellion et de violences sur personne dépositaire de l’autorité publique par les agents - dont deux portaient des patchs non réglementaires - il a finalement été relaxé par le tribunal judiciaire de Bordeaux le 10 avril 2025.

Un patch bien intriguant - © Reflets
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Ce 21 octobre, en fin d’après-midi, Joseph-Alix B., 19 ans, circule à vélo sur le quai des Chartrons lorsqu’il passe à proximité d’une manifestation pro-palestinienne, devant le consulat américain, encadrée par un équipage de la compagnie d’intervention départementale (CDI) de la Gironde. Contrôlé pour avoir roulé en vélo sur le trottoir « à vive allure », en quelques minutes, la situation dégénère : tentant de récupérer son téléphone, saisi par l’un des agents, il reçoit plusieurs coups de tonfa avant d’être maîtrisé au sol par trois policiers. Son t-shirt est déchiré et ses lunettes, tombées au sol, cassées. S’ensuivent 44 heures de garde à vue et des plaintes déposées par les agents, qui ont donné lieu à un procès.

La version policière vacille face à l’analyse des magistrats

Damien B., seul des trois policiers plaignants à s’être présenté à l’audience, patiente dans la salle depuis le début de l’après-midi. Au moment de prendre la parole, le quadragénaire ôte son manteau et comparaît affublé de son uniforme de police. « Vous étiez en service aujourd’hui ? » demande Maître Bruno Bouyer, l’avocat de Joseph-Alix B. « Les faits jugés ont été commis en service, donc je viens comme ça », rétorque-t-il. Pendant près de 4 heures, les magistrats tentent d’établir la chronologie des événements ayant conduit à l’interpellation du prévenu.

Durant le procès, la cour, présidée par le juge Ancelin Nouaille, se concentre sur une « rupture » dans le comportement du...

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