Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Yovan Menkevick

Bien avant #Prism, #StellarWind : allo Houston, il y a un problème ?

Des essais pour démontrer que la NSA est une agence délirante avec des projets colossaux de surveillance massive ont connu des succès mitigés, et ce avant Snowden et ses slides. C'est le cas de la dénonciation du projet StellarWind. Vidéos d'anciens responsables "horrifiés" par le projet, article sur Wired, rien n'y a fait, tout le monde s'en foutait. Ici même, dans cette rédaction, nous avons hésité à écrire un article à ce propos, et puis en fin de compte ça ne s'est pas fait. Pourquoi ?

Des essais pour démontrer que la NSA est une agence délirante avec des projets colossaux de surveillance massive ont connu des succès mitigés, et ce avant Snowden et ses slides. C'est le cas de la dénonciation du projet StellarWind. Vidéos d'anciens responsables "horrifiés" par le projet, article sur Wired, rien n'y a fait, tout le monde s'en foutait. Ici même, dans cette rédaction, nous avons hésité à écrire un article à ce propos, et puis en fin de compte ça ne s'est pas fait. Pourquoi ? Parce qu'à l'inverse d'une affaire comme celle d'Amesys, ou de Bluecoat, rien n'étayait la théorie du projet de surveillance StellarWind. Pas de preuves informatiques, matérielles, seulement des "témoignages", des photos, et des tentatives de démontrer que "StellarWind", mon gars, c'est du lourd, hein.

Informer n'est pas alerter à tout va dès qu'un truc apparaît. Surtout quand tout porte à croire que les principaux concernés par la dénonciation ne font rien pour nier les faits, ou empêcher qu'ils soient connus, et surtout qu'aucun début de preuve tangible n'existe.

Allo, Houston, l'image est super mauvaise, c'est grave ?

Un peu comme les alunissages des missions Apollo. On a les images, tout porte à croire que c'est un peu bizarre, des gens très sérieux commencent à démontrer très tôt qu'il y a un bluff (dès 1976), que toute cette affaire semble être une escroquerie de haut vol, une opération de propagande, et pourtant rien ne bouge. Ou alors si, avec des démonstrations de la possibilité de faire croire ce que l'on veut par l'image. Comme ce documentaire, très amusant, censé démontrer que toute tentative de prouver la fausseté des images et des preuves des hommes ayant été sur la lune entre 1969 et 1972 est un bidonnage possible, puisqu'on peut faire dire ce qu'on veut à des experts qui n'en sont pas, etc… Mais avec aussi le risque de démontrer qu'un reportage, un documentaire, des annonces, peuvent être un parfait outil de propagande, un mensonge très difficile à démonter.

StellarWind : le programme secret de la NSA ?

Voilà qui est intéressant : en 2012, un an avant les révélations de Snowden, un projet de surveillance globale de la planète entière par la NSA est "dénoncé" sur Internet. Cette vidéo date du mois de mai 2012, elle suit l'article de Wired du 15 mars :

Mais ça ne prend pas. Mince alors, alors que le truc est quand même énoooorme, rien n'en sort ! Il faut dire qu'on est plus près du trailer d'X-Files que d'une démonstration journalistique digne de ce nom. Le super scoop StellarWind va donc être remisé aux calendes grecques, il va falloir trouver mieux. C'est dommage, parce que dans StellarWind, en fouillant un peu, on a des précisions d'experts plutôt croustillantes avec par exemple la cartographie 3D de chaque individu sur terre et la possibilité de prévoir ses futures actions… Un minority Report pour de vrai : fuck ! Trop fort. Mais raté.

Allons, allons, ne désespérez pas, le super plan de domination planétaire américain qui vous propulse dans un vrai film de science-fiction va quand même se mettre en marche grâce aux slides de Snowden. Plus basique, moins spectaculaire, mais plus réaliste dans le scénario.

En attendant, on prépare les gens à bien intégrer la nouvelle donne, le nouveau monde ultra-technologique et calqué sur Minority-Report qui est en train de se mette en place, comme ce reportage de Russia Today le démontre, toujours en 2012, bien avant Snowden et ses slides. Et là, hop, on glisse le super centre de surveillance global de la NSA : ah ah !

En juillet 2012, la dénonciation du programme StellarWind continue, avec le témoignage d'un ancien agent de la NSA. Ca ne vous dit rien ? Le doc suivant fait donc la démonstration que le programme de surveillance global de la NSA est bel et bien en place. Et c'est aux USA. Pas pareil…

La démocratie, ce truc un peu ringard

Les Etats-Unis d'Amérique sont une nation particulière, qui a démontré au cours du dernier demi siècle que sa domination était vitale, et que quoi qu'il se passe "la fin justifie les moyens". Dès les années 50, les programmes de manipulation mentale comme le programme MK-Ultra ont prouvé que l'administration américaine était prête à aller très loin, sans aucune éthique, pour parvenir à maintenir son pouvoir à l'intérieur comme à l'extérieur. Il ne faut pas oublier non plus que le génie américain est celui du cinéma : raconter des histoires, les vendre est la spécialité de cette nation.

Neil Armstrong, pas bien dans ses basques, jusqu'à la fin…

Ce documentaire de Bart Sibrel n'est bien entendu pas une preuve de quoi que ce soit, mais il amène plein de questions autour de la notion d'image, d'influence, de volonté de démonstration, propres à ce pays. Il est aussi intéressant pour un petit passage, très amusant : alors qu'un nouvel alunissage vient d'avoir lieu, après celui d'Apollo 11, les programmes sont coupés sur la télé américaine, pour retransmettre les images des cosmonautes en train d'évoluer sur notre satellite. Des coups de téléphone scandalisés parviennent alors au standard de la télévision parce que les gens regardaient un programme de divertissement et étaient furieux qu'on le leur ait coupé pour leur imposer les cosmonautes en direct…

La démocratie telle que nous la connaissons tient à une chose essentielle : le consentement des populations. Elections, débats, manifestations, débats, élections, etc…Ces éléments de consentement passent par les médias, et depuis 60 ans, par un média en particulier : la télévision. Les images. La parole. La vérité est dans l'écran, au journal de 20h, dans les débats contradictoires. Arrive un moment où cette faculté du média télé faiblit. Parce qu'un nouveau média vient le détrôner : le réseau informatique mondial. Internet. Les gens ne croient plus entièrement à ce que raconte la télévision. Ou bien ils vont chercher de l'information complémentaire sur Internet. Le consentement peut commencer à se dégrader, c'est inquiétant pour ceux qui veulent le consentement des populations des démocraties. Très inquiétant.

On ne va pas faire un dessin

Personne ne sait avec certitude quelles sont les capacités techniques de la NSA pour surveiller la population planétaire.

Attention, je sais que tu vas aller chercher des croissants pour Jennifer…

Il est par contre évident que la NSA espionne Internet, les réseaux de téléphonie, et nul doute qu'elle déploie beaucoup d'argent et de moyens pour y parvenir. Mais au delà de cette faculté que l'agence de sécurité américaine a de nous espionner, il y a une donnée cruciale qu'elle veut obtenir : notre consentement. Ou si ce n'est pas un consentement, une preuve que nous ne ferons rien, que nous ne pouvons rien faire contre la société qu'elle met en place. Une société panoptique, où chacun se sait surveillé, tracé, étudié, où l'on peut prévenir des crimes (ou des actions revendicatives) avant même qu'ils ne se produisent. Une société prédictive. Avant de la mettre en place véritablement, il faut s'assurer qu'elle peut être mise en place, il faut la vendre. Le reste suivra.

Que ça plaise ou non. Puisqu'on peut s'habituer à tout…

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