Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine BELLIER

Barbie versus Oppenheimer

De la bombe bébé ?

Difficile de passer à côté de ces deux blockbusters des vacances – toujours à l’affiche – qui n’ont a priori pas beaucoup de points communs. A priori seulement…

Le match du siècle ? De la décennie ? de l'année ? Euh... Du mois ?

C’était la bataille de cet été ! Qui de Barbie ou d’Oppenheimer remporterait la victoire ? Ne nous y trompons pas, cette joute est aussi crédible que l’hypothétique combat de MMA entre Zuckerberg et Musk…

Cela fait bien longtemps que les apôtres du capitalisme surjouent le conflit pour en faire un argument marketing. Et cela n’a pas loupé avec les deux films les plus visionnés du moment. Ils cartonnent car ils répondent à la promesse de savant dosage d’émotions, de suspense et de rebondissements.

Certes, les deux derniers items sont relativement limités dans l’opus de Greta Gerwig sur la poupée préférée des petites filles. Mais tout de même, ne soyons pas chiens ! Nous sommes tenus a minima en haleine.

Pensez-vous donc : Barbie, pourra-t-elle survivre à sa crise existentielle consécutive à sa confrontation au « monde réel » ?

Confrontation qui engendre, du côté de Ken, de curieuses prétentions patriarcales que la bimbo plastifiée devra par-là même combattre…

Le monde merveilleux de Mattel est soumis à d’énormes secousses qui pourraient bientôt avoir raison de ce rêve aseptisé. Quand les idéaux, même illusoires, sont menacés, tout doit être mis en œuvre pour les préserver.

Les agents du projet Manhattan, J. Robert Oppenheimer en tête, le savent parfaitement. L'arme nucléaire ne peut pas être du côté de l’ennemi, mais bien de celui des chantres du monde libre.

Mais on ne joue pas impunément avec le feu… Nolan parvient parfaitement à rendre compte des ambiguïtés de cette mission qui n’est civilisatrice qu’en apparence et qui finira par créer peur et suspicions, à commencer par l’orchestrateur de ce projet, accusé de faire le jeu des communistes.

L’ambiguïté, elle est aussi dans le camp de la poupée en plastique. A moins d’être dans le registre du troisième, voire du quatrième degré, – ce qui, a priori, n’est pas dans l’intention de la réalisatrice – Barbie est conçue depuis sa création comme l’égérie d’un féminisme triomphant et émancipateur.

Mattel voudraient-ils nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? A tout le moins, la réalisatrice n’hésite pas à réécrire l’histoire en la peinturlurant d’un rose bonbon qui finit par devenir écœurant.

Un rose qui contraste avec la dominante sombre du film de Nolan. Sombre jusqu’à devenir opaque au bout de trois heures d’un film brillant, certes, mais au scénario parfois tortueux.

On préfère, il est vrai, l’épaisseur scénaristique d’Oppenheimer à la platitude bancale du film de Gervig mais un peu de légèreté et de pédagogie de la part de Nolan auraient été les bienvenues.

Au final, qui donc remporte le match ? Les faiblesses, si elles ne sont pas aux mêmes endroits, sont partagées. Pour autant, on ne va pas se mentir, Oppenheimer devance de très loin son concurrent en termes de rigueur historique, et de subtilité dans le jeu des acteurs.

Mais, au risque de passer pour des grincheux, les vrais gagnants restent tout de même Hollywood, les distributeurs et les fabricants de pop-corn qui peuvent tranquillement se partager les bénéfices de deux films très lucratifs mais loin d’être détonants !

5 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée