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par Antoine Champagne - kitetoa

Antoine Darodes, futur président de l'Arcep ?

L'actuel directeur de cabinet de Cédric O serait pressenti

Selon nos informations, l'actuel directeur de cabinet du secrétaire d'Etat chargé de la transition numérique et des communications électroniques, Cédric O, se serait vu proposer de succéder à Sébastien Soriano en janvier prochain lorsque le mandat de ce dernier arrivera a échéance.

Antoine Darodes - D.R.

Sur le papier, Antoine Darodes coche les cases : ancien de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Cachan, professeur agrégé d’économie-gestion, titulaire d'un DEA de droit, c'est un ancien de l'Arcep où il a occupé plusieurs postes. De juillet 2015 à octobre 2018, il a assuré la direction de l’Agence du numérique. Auparavant, il avait piloté le Plan France Très Haut Débit au sein de la Mission Très Haut Débit du gouvernement. Tout cela fait-il de lui l'homme de la situation pour ce poste ? Certains, même parmi ses plus proches, en doutent.

Le poste de président de l'Arcep aurait été proposé à Antoine Darodes par Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée, qui lui aurait demandé de lui faire connaître sa décision très rapidement.

Contacté à ce sujet, Antoine Darodes explique qu'il est concentré à 100% sur son travail actuel au ministère et que ce poste n'est pas « proposé » en tant que tel, c'est un choix qui est fait par le président de la République. De fait, « _le Président de l'Autorité est nommé par le Président de la République, sur proposition du Premier ministre. Depuis la loi du 5 mars 2007 relative à la télévision du futur, cette nomination intervient après avis des commissions parlementaires compétentes : Commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire pour l'Assemblée nationale et Commission des affaires économiques pour le Sénat », peut-on lire sur le site de l'Arcep.

Mais Antoine Darodes ne dément pas qu'Alexis Kohler lui ait fait part de son désir qu'il soit l'un des candidats. Parmi d'autres...

C'est un autre poste, explique-t-il à Reflets. L'Arcep joue un rôle de régulateur indépendant, au dessus de la mêlée et son rôle dépasse les urgences politiques et gouvernementales, ce n'est pas le même temps. Pour Antoine Darodes, Il faudra consolider de nombreuses choses faites ces dernières années. En matière de déploiement de la fibre par exemple, où les investissements des opérateurs doivent se poursuivre pour améliorer la situation dans les territoires.

En ce qui concerne les relations entre les opérateurs et les GAFA, il ne faut pas que nos opérateurs deviennent des sous-traitants des GAFA dont le poids est de plus en plus important, selon lui. Il faut une régulation européenne qui permette d'avoir des acteurs capables d'innover, des relations équilibrées entre opérateurs et GAFA.

Et puis il y a une politique environnementale et pour l'emploi à déployer, explique Antoine Darodes, visiblement rodé aux discours habituels du gouvernement. En matière de 5G, il souhaite que l'on tire les enseignements du déploiement sur la bande des 3,5 GHz pour préparer celui sur la bande des 26 GHz, ce qui permettra de prendre en compte les remontées et les interrogations légitimes. Une manière de ménager la chèvre et le chou...

« Ce genre de discours, c'est tout à fait lui, explique un de ses proches, c'est un animal politique, dans son genre... Le discours peut vous sembler creux, mais il dit tout et rien, il y en a pour tout le monde. Ce n'est pas un homme de terrain, il va appliquer des politiques qu'on lui demande d'appliquer en ne prenant aucun risque pour l'avenir. » Amusé,il précise : « Il ne perd pas de vue le poste d'après »

Les paris vont bon train dans le milieu des télécoms alors que le mandat du président actuel de l'Arcep, Sébastien Soriano, arrive à échéance en janvier prochain. Le poste est très convoité. Selon les pros du secteurs, la nomination n'est visiblement pas fonction des connaissances du terrain, mais plutôt des capacités à gérer des aspects politiques, le statu quo, notamment avec les principaux opérateurs. Certains parient sur Emmanuel Gabla, membre du collège de l'Arcep. D'autres estiment que Jérémy Bonan, actuel chef de l'unité FttH et adjoint au directeur à l'Arcep, pourrait se voir proposer le poste. « Si Antoine Darodes devait être nommé, ce ne serait qu'un énième bureaucrate techniquement incompétent », explique Jérôme Nicolle, consultant indépendant en infrastructures informatiques et de télécommunications. « Je suis moi-même candidat, mais je suis le candidat épouvantail pour faire avancer des idées », précise-t-il.

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