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par Antoine Champagne - kitetoa

Amesys : un peu de fraîche pour la Libye

Le 26 février dernier, Reflets.info révélait que des sociétés françaises étaient en pointe dans le domaine du Deep Packet Inspection. Mais aussi que l'un des acteurs était présent une dizaine de jours plus tôt en Libye pour vendre une nouvelle mouture de son système d'écoute global au colonel Kadhafi. On connait la suite, d'autant que quelques journaux ont emboité le pas de Reflets.

Le 26 février dernier, Reflets.info révélait que des sociétés françaises étaient en pointe dans le domaine du Deep Packet Inspection. Mais aussi que l'un des acteurs était présent une dizaine de jours plus tôt en Libye pour vendre une nouvelle mouture de son système d'écoute global au colonel Kadhafi. On connait la suite, d'autant que quelques journaux ont emboité le pas de Reflets. Owni, armé de quelques informations fournies par la rédaction de Reflets a creusé et révélé que Amesys, filiale de Bull avait vendu un vaste centre d'écoute globale aux Libyens. Le Wall Street Journal visitait quant à lui ce centre peu après la chute du dictateur. Dictateur connu depuis toujours comme ayant largement dépassé les frontières de la démence.

Depuis, Amesys tente de faire rire avec un sujet pas drôle du tout. A coup de démentis plus ridicules les uns que les autres, la filiale de Bull tente de nous faire croire que :

1) cette vente était légale et qu'il n'y a donc aucun souci.

2) Que la Libye ne pourchassait pas ses opposants avec son système Eagle, mais poursuivait des pédophiles.

 

 

3) Que tout ça date de 2007/2008, une autre époque à laquelle Kadhafi était décrété fréquentable par Nicolas Sarkozy et Barack Obama.

"Le produit a été détourné (...)  Revenez en 2007 ! Kadhafi serre la main de Sarkozy, Obama. Et vous venez en 2011 me demander si je savais que ça allait servir à traquer des opposants...",  clame, outré, Bruno Samtmann, le directeur commercial d'Amesys, interrogé par France Télévision.

Premier point :

On imagine mal qu'Amesys ait vendu son système de manière illégale. Cette vente est en effet "légale" si le gouvernement français a donné son accord pour cette vente. Sur un plan strictement juridique, Reflet a déjà expliqué que la "vente" de ce type d'outils est soumise à une autorisation du Premier ministre. Puisque Amesys affirme que cette vente était légale, c'est que les services de François Fillon ont donné leur aval.

Dans quelles conditions ? La demande de commission d'enquête et les questions au gouvernement du député Christian Paul prennent tout leur sens.

Deuxième point :

Comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, soit Bruno Samtmann, le directeur commercial d'Amesys prend tout le monde pour des imbéciles, soit il est sérieux en disant que les opposants surveillés par les Libyens sont des pédophiles. Dans ce cas, il ajoute la diffamation à son culot surdimensionné.

Il y a, on le sait, de plus en plus de "croisés de l'entreprise", prêts à défendre les actions des sociétés qui les emploient, quel que soit le poids moral des actions desdites entreprises.

Troisième point :

Amesys tente de confiner son rôle à 2007/2008. Le contrat date de 2007 et le matériel a été livré en 2008. Point. Après, le produit a été détourné par les Libyens de son objet initial qui est, comme tout le monde le sait désormais, de traquer les pédophiles Libyens, qui sont très nombreux.

Sur ce point, il semble qu'Amesys tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Début janvier, 2011, Amesys retirait encore des fonds en liquide pour ses menues dépenses en Libye. Ce qui nous laisse penser très fortement, que Bruno Samtmann raconte du caca de taureau (in english in ze text: du bullshit)...

Amesys et la guerre globale contre la pédophilie

 

Il faut le comprendre, Amesys est au coeur de la guerre globale contre la pédophilie. En Libye, bien entendu. Mais aussi au Qatar ou, plus interessant encore, au Maroc, comme nous l'avons révélé récememment.

Mais pas seulement. Bull-Amesys expliquait il y a peu que ses responsables de la communication Barbara Coumaros (pour Bull) ou à Aurélie Negro (pour Amesys) restaient à disposition pour toute question.

Peut-être peuvent-elles éclairer les Français sur l'étendue des actions d'Amesys en matière de lutte globale contre la pédophilie (attention : début de message subliminal) au Gabon, aux Emirats Arabes Unis où elle travaille dur avec le Al Fahad Group, ses rapports avec Ipoqe qui continue de lui fournir du matériel pour sa lutte globale contre la pédophilie...</message subliminal>

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