Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Algorithmes HFT : Notre petite logique à nous, qu’on a…

Dans le temps, il y avait des types qui faisaient des signes étranges avec les mains et les bras, autour d’une corbeille. Bien entendu, leur logique n’était peut-être pas la vôtre, ni même celle des entreprises dont ils échangeaient les titres. Ce qui faisait dire au Général de Gaulle que "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille". Les choses changent quand on voit la trouille qui saisit absolument tous les politiques à l'idée que la FrAAAnce se transforme en une FrAAnce.

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Dans le temps, il y avait des types qui faisaient des signes étranges avec les mains et les bras, autour d’une corbeille. Bien entendu, leur logique n’était peut-être pas la vôtre, ni même celle des entreprises dont ils échangeaient les titres. Ce qui faisait dire au Général de Gaulle que "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille".

Les choses changent quand on voit la trouille qui saisit absolument tous les politiques à l'idée que la FrAAAnce se transforme en une FrAAnce.

Mais aujourd’hui, c’est encore plus « spécial ». Les machines font leur petite cuisine dans leur coin, achètent et vendent sans contrôle humain (autre que ce qui a été inscrit dans le code). Et l’on aboutit à des situations totalement extravagantes. Nanex, une société américaine spécialisée dans la vente de data boursières, a fini par se faire une spécialité de mettre sous les feux de la rampe les incongruités créées par les algorithmes.

Pourquoi ? Probablement parce qu’elle en a assez de traiter des gigas et des gigas de données pourries. C’est coûteux en temps, en énergie et en ressources informatiques.

Petit florilège des dernières trouvailles de Nanex. Attention, nous sortons des limites de la physique et de la rationalité humaine. Accrochez-vous.

 

- Premier truc amusant, Nanex repère 10.000 cotations en une seule seconde sur des actions Dell avec aucun échange de titres. Effet sur le marché : rien. Pas de liquidité, pas de gains, pas de pertes. Nada. Nanex explique ingénument que si l’on extrapolait aux 4000 titres cotés sur les neuf marchés interconnectés, on atteindrait 40 millions de cotations pourries à la seconde, soit un besoin de 40 Gb/s pour recevoir les datas. C’est qui la boite qui fournit le réseau ? Parce que très vite, il va  falloir un réseau « kimarchmieux ».

  •  Autre blague relevée par Nanex : le coût implicite d’une vente donnée sur les marchés. Précisons… Combien faut-il de cotations (qui ont un coût) pour arriver à 10.000 dollars d’actions vendues (ou achetées) sur un marché américain de nos jours. Ce chiffre a explosé… Nanex a passé en revue 535 milliards de cotations et 35 milliards d’échanges entre le premier janvier 2007 et le 14 septembre 2011 :

Quote traffic, like spam, is virtually free for the sender, but not free to the recipient. The cost of storing, transmitting and analyzing data, increases much faster than the rate of growth: that is, doubling the amount of data will result in much more than a doubling of the cost. For example, a gigabit network card costs $100, while a 10 gigabit network card costs over $2,000. A gigabit switch, $200; a 10 gigabit switch, $10,000. This October, anyone processing CQS (stock quotes) will have to upgrade all their equipment from gigabit to 10 gigabit. Which would be fine if this was due to an increase in meaningful data.

We think that a 10-fold increase in costs without any benefits would be considered "detrimental" by most business people.

 Nanex souligne que cette augmentation des cotations n’apporte rien parce que la majorité d’entre elles sont du quote stuffing. En revanche, les kilomètres de câbles, les ordinateurs surpuissants, les équipes qui codent les algos, la bande passante, etc. ont un coût.

  • Mieux encore : Nanex formalise le concept des « fantaseconds ». La société a en effet repéré que le HFT avait désormais dépassé la vitesse de la lumière, ouvrant ainsi la voie au voyage dans le futur. Précisément 190 millisecondes dans le futur. Nanex a baptisé cela les « fantaseconds ». Explication : des échanges de titres Yahoo ont été réalisés sur la base de cotations qui n’ont existé que 190 millisecondes plus tard, si l’on se reporte aux timestamps enregistrés.

Ils sont forts ces ordinateurs. Ils ont fait ce dont tous les hommes rêvent un jour : voyager dans le temps. Avec bien entendu... les répercussions éventuelles que ce genre de choses peut engendrer et que l'on connaît depuis le documentaire américain "Back to the future" qui traite de ce sujet...

 

 

 

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