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Dossier
par Jacques Duplessy

A Sartrouville, des jeunes se mobilisent pour les soignants

Tous les soirs, avec le soutien de restaurateurs, ils livrent des repas

Les jeunes de Sartrouville font preuve de solidarité avec le personnel médical. D'autres nettoient aussi les halls d'immeuble pour éviter la propagation du virus. Leur initiative commence à faire boule de neige dans d'autres quartiers.

Les équipes médicales livrées en burgers... - Image du compte Facebook

Sur leur page Facebook « Les grands frères et sœurs de Sartrouville », les membres du collectif partagent les photos et vidéos de leur mobilisation. Leur élan de solidarité a commencé le 19 mars. Ce jour-là, ils lancent un appel à la mobilisation des commerçants de la ville : « Fournissez des paniers-repas pour le personnel hospitalier qui est en ce moment-même occupé à nous soigner ! Et nous, nous irons leur livrer ».

Les commerces de restauration répondent présent. Certains ajoutent même des petits mots d’encouragement, comme ce restaurant indien : « Cher personnel hospitalier, nous vous souhaitons bon courage. Ayant conscience de votre travail acharné, nous voudrions vous offrir ces plats chauds pour vous apporter notre soutien. Votre travail et dévouement sera marqué dans l’histoire, à nous ne vous montrer votre soutien en vous aidant à garder l’appétit. L’équipe de Jodhaa’s ».

Depuis ce jour, des repas sont livrés quotidiennement le soir à l’hôpital d’Argenteuil : pizzas, sandwichs kebab, sushi, burger, cuisine chinoise…. « Les commerçants offrent et les jeunes livrent, si ce n’est pas une leçon de solidarité, comment appelez-vous ça ? C’est juste magnifique, se réjouie Piroo, un des fondateurs du collectif. Au début, on avait une dizaine de restaurants engagés, maintenant ça explose. »

Les restaurateurs ne sont pas les seuls à se mobiliser. Bilel, un des volontaires raconte dans une vidéo au média Brut : « Maintenant on a aussi les parents dans nos quartiers qui font des gâteaux pour pouvoir les déposer au personnel hospitalier. » Certaines familles fournissent aussi des plats africains. Les jeunes commencent aussi à livrer des combinaisons et des masques fournis par des entreprises du bâtiment.

Piroo espère que l'initiative fera boule de neige : « J’espère que toutes les cités, les autres quartiers de France vont se mobiliser pour le personnel hospitalier, car c’est vraiment eux qui sont au front, face à l’épidémie. Je sais déjà que des jeunes de Colombes le font aussi pour l’hôpital Louis Mourier. »

Dans les cités des Indes et du 84, les jeunes nettoient les halls d’immeubles pour éviter la propagation du coronavirus. On sait que les poignées de portes, les rampes d’escalier peuvent particulièrement être un vecteur de transmission. Leurs opérations sont filmées et diffusées sur les réseaux sociaux. Dans chaque vidéo, ils invitent les autres cités à se mobiliser comme eux avec un hashtag #CleanTonHall « A qui le tour ? Participe et défie tes amis pour y participer ! »

La mairie n'apprécie pas...

« Nous, on sait dans les cités qu’il y a du bien, ajoute Piroo. On sait qu’il y a des gens talentueux, des gens merveilleux. Mais pour les autres personnes qui regardent les infos sur les chaînes d’info en continu, on leur rabâche, on leur rabâche que dans les cités, le confinement n’est pas respecté et que ci, que ça… Eux, ils ne peuvent qu’avoir une mauvaise image de nous. Mais sachez qu’il y a dans les cités des personnes exceptionnelles qui mettent en place ce genre d’initiatives. Et on n’est pas les seuls. Des plus jeunes aident les personnes vulnérables dans les immeubles. »

A la mairie de Sartrouville, on n'apprécie pas vraiment l'initiative des jeunes. « On n'est pas à l'origine de cette initiative, déclare le service de communication de la mairie. Et on ne la soutient pas. C'est juste un moyen pour ces jeunes d'éviter le confinement. » Piroo balaie l’argument de la mairie. « C’est juste que Pierre Fond, notre maire, est de droite. Il fait du clientélisme. Tout ce qui vient des quartiers n’est pas bon. Il n'est pas dans le même monde que nous. D'ailleurs, il figure en bonne place dans le livre Les Voraces qui dénonce les élus qui abusent. On sort juste une heure, le temps de récupérer les plats et de les livrer  ». Dans son livre, le journaliste Vincent Jovert dévoile que Pierre Fond cumule son salaire de comptable principal du Centre national des études spatiales (Cnes), ses indemnités de maire, de président de l'agglomération Saint-Germain-Boucles de Seine et de vice-président du conseil départemental des Yvelines pour un total de 33.000 euros bruts par mois !

Ils ne sont décidément pas du même monde.

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