Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Pierre Brion

A la découverte de la caverne d'Ali Baba de l'audiovisuel

Madelen, le site de streaming de l'INA est accessible gratuitement

On a repris pour un mois de confinement... Pour lutter contre le blues, 13.000 émissions et documentaires sont en accès libre sur le site de l’Institut national de l’audiovisuel.

INA - Copie d'écran

Pas moins de 13 000 programmes parmi lesquels des documentaires, des émissions cultes de télé et de radio, des séries mais aussi des spectacles et des concerts, c'est ce que propose Madelen, le nouveau site de streaming de l’INA, l’Institut national de l’audiovisuel. Il est ouvert gratuitement pendant trois mois. C'est une véritable caverne d’Ali Baba audiovisuelle et sonore qui nous est accessible. Pour bénéficier de ces contenus, la seule condition est de vous créer un compte sur le site. Ensuite, à vous une plongée insolite, passionnante voire addictive, dans la mémoire télévisuelle et radiophonique hexagonale de ces dernières décennies.

Je me suis donc promené au grès de mes goûts, du hasard et des suggestions du site. Dans la catégorie émission culte, Madelen, me recommandait « droit de réponse » de Michel Polac une émission qui fit sensation en son temps par sa liberté de ton et son éclectisme. Celle du 2 janvier 1982 portait sur la disparition du journal satirique Charlie Hebdo. Dans un décor sommaire et enfumé, le programme commence par une chanson de variété : télé-foot : une critique acerbe des élites politiques et médiatiques de l’époque. Son interprète n’est autre qu’un Renaud, au faîte de sa jeunesse, tout en verve et en insolence. L’émission se poursuit ensuite autour d’une table réunissant des journalistes de Charlie dont son patron de l’époque: le fantasque professeur Choron visiblement éméché. Lui et ses collègues dont Cabu ou encore Cavanna s’interpellent avec bonhomie, chacun présentant à la caméra le dessin qui pourrait figurer en une du dernier numéro du journal satirique.

Fantomas, le génie du crime

Je suis aussi allé faire un tour du côté des séries et fictions, me laissant convaincre par la suggestion de l’INA : la série Fantomas.

Fantomas, c’est d’abord un personnage de la littérature populaire né au début du XXe siècle. Il s’agit d’un criminel, qu’on a coutume d’appeler « le génie du crime », le « tortionnaire », ou encore l’insaisissable ». Il a inspiré le cinéma. On se souvient, dans un registre comique, de l’adaptation des années 60 avec Louis Funès et Jean Marais. Et puis, il y a la déclinaison télévisuelle à travers une série orchestrée entre autres par, excusez du peu, le cinéaste Claude Chabrol, à la fin des années 70. C’est Helmut Berger qui joue le rôle du criminel masqué. Jacques Dufilho, enfile, lui le costume du commissaire Juve. A l’heure de Netlix, la série apparait gentiment désuète, mais c’est aussi ce qui fait son charme.

Difficile enfin de ne pas résister à la réécoute de la célèbre émission « radioscopie » de notre maitre à tous dans l’art de l’interview : Jacques Chancel. Son phrasé, la clarté de son éloquence, sa capacité à confesser les personnalités, à les faire sortir de leurs zones de confort suscite personnellement mon admiration. Ces qualités s’illustrent dans l’émission du 9 janvier 1970 sur laquelle je suis tombé par hasard. Jacques Chancel recevait une star de l’époque : la chanteuse Dalida. La voix de cette dernière est légèrement éraillée, douce, fragile même. « J’ai réussi dans la vie, mais ma vie est-ce que je l’ai réussie ? », s’interroge avec sincérité celle qui fut l’égérie de toute une génération et dont on perçoit, à travers les ondes, une grande sincérité. Un beau moment de radio que l'on peut revivre.

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