A Kourou, on fait la queue une journée pour une bouteille de gaz
Un cadre du centre spatial en Guyane témoigne
Si la Guyane semble peu touchée par le Covid-19, les conséquences de l'épidémie se font sentir sur le ravitaillement de ce territoire lointain. Au centre spatial où trois lancements ont été annulés, on s’inquiète du départ de certains clients.
En Guyane, à 7500 km de la métropole, dans ce territoire de moins de 300.000 habitants, comment vit-on à l’heure du Coronavirus? Un cadre du centre spatial de Kourou a accepté de parler à Reflets sous couvert d’anonymat. Nous l’appellerons Paul.
«Ici, une personne sur deux à moins de 25 ans, un tiers de la population est étrangère, originaire du Surinam, du Brésil, d’Haïti ou de la République Dominicaine explique Paul. On a beaucoup d’habitats précaires, exigus. Alors ici le confinement est relatif… Pour certains, la loi française est même très relative.» Le préfet a instauré un couvre-feu entre 21 h et 5 h du matin qui peine à être respecté dans certains quartiers.
En Guyane, c’est surtout l’approvisionnement qui inquiète. Ici, tout est importé de métropole ou de l’étranger en dehors de quelques produits alimentaires. «Avec la pandémie, les livraisons sont perturbés. Les bateaux sont plus rares. On a un avion par semaine qui assure les livraisons urgentes, le transport de personnes essentielles avec un accord du préfet et les évacuations sanitaires. Des produits manquent régulièrement, comme les médicaments ou les bouteilles de gaz. Ici, beaucoup de gens cuisinent au gaz, et comme ils n’ont pas beaucoup d’argent, ils n’ont qu’une seule bouteille. Le 20 avril, un bateau est arrivé avec un chargement. Il y a eu une répartition de 900 bouteilles par municipalité. Alors il y avait des queues immenses qui duraient la journée. Et parfois, les derniers n’en avaient plus. Alors...