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par Rédaction

A Bruxelles, Salah Abdeslam muré dans le silence

Dans la salle d’audience du palais de justice de Bruxelles, la présidente du tribunal interroge Salah Abdeslam : « Vous avez deux fois refusé de répondre aux questions des policiers et du juge d’instruction. Aujourd’hui vous êtes présents. Vous avez fait la demande expresse d’être présent. Et c’est parfaitement votre droit. Acceptez vous de répondre aux questions du tribunal ? » La salle retient son souffle.

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Salah Abdeslam a refusé de se lever arguant d’une grande fatigue liée à l’extraction matinale de la prison. « Non, à aucune question ». S’en suit une grande diatribe provocante. « Les musulmans sont jugés impitoyablement. Il n’y a pas de présomption d’innocence. » Olivier Laplaud, de l’association Life for Paris, raconte que Salah Abdeslam a échangé un clin d’oeil complice avec Sofien Ayari.

La présidente tente un dialogue : « Et pourtant vous êtes là. Vous pouvez vous défendre. On n’a pas du tout de préjugés ». Abdeslam lance d’une voie grave pleine de défi : « On m’a demandé de venir, je suis venu. On m’accuse, mais mon silence ne fait pas de moi un coupable. C’est ma manière de me défendre. Qu’on se base sur des preuves scientifiques pour m’accuser. Ce tribunal est là pour satisfaire les médias et l’opinion publique ». Il enchaîne : « J’atteste qu’il n’y a de divinité à part Allah et que Mohammed est son prophète. Que la paix soit sur lui. Jugez moi comme vous le voulez, faîtes de moi ce que vous voulez. Je place ma confiance dans mon Seigneur. Je n’ai pas peur de vous, ni de vos alliés. Je n’ai rien d’autre à ajouter. Mon silence ne fait pas de moi un coupable ni un criminel ».

La présidente prend acte. « Bon, nous entendrons les avocats. Sachez que vous pouvez décider de parler à tout moment ». Et elle suspend l’audience.

Deux heures et demi, plus tôt, le procès s’était ouvert dans un palais...

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