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Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

1965-2025 : soixante ans d'inanités des politiques

Votez pour eux et leur ego boursouflé ou subissez le chaos

À quoi servent les politiques ? A-t-on réellement besoin d'un conseil syndical pour gérer l'immeuble France ? Mais surtout, pourquoi continue-t-on d'élire les pires égotiques, gonflés de certitudes toutes plus fausses les unes que les autres ? Mystère et boule de gomme. En attendant, François Bayrou continue de vouloir faire croire que s'il perd le pouvoir, l'apocalypse s'abattra sur nous tous. Une belle inversion.

Les experts en économie qui gouvernent la France

Hiver 1965. Alors que la France s'apprête à élire pour la première fois au suffrage universel le président de la république, l'opposition résume le discours du général de Gaulle : « Moi ou le chaos ». Été 2025, François Bayrou annonce un vote de confiance à l'Assemblée pour le 8 septembre. Et ils estime que les députés devront faire un choix entre « le chaos et la responsabilité ». Entre les deux, combien de fois a-t-on entendu que sans eux, ces fabuleux politiques, le pays s'effondrerait, la crédibilité de la France sur le plan international serait réduite comme peau de chagrin ? A bien y regarder, c'est un peu une inversion accusatoire. Car le chaos, c'est eux.

Le général de Gaulle a bien joué un rôle essentiel pendant la deuxième guerre mondiale. Mais il est aussi l'homme dont le préfet de police Maurice Papon, un collaborateur condamné en 1998 à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité, a supervisé le massacre du 17 octobre 1961. De Gaulle est aussi l'homme des meurtres de la station de métro Charonne. Le chaos, c'est l'assassinat des peuples par leurs dirigeants, sous prétexte de « maintenir l'ordre ». Le leur. Celui qui leur est favorable et celui qui est favorable à ceux qui les ont propulsés au pouvoir. Curieusement, il est assez probable qu'il y ait plus de citoyens tués par leurs dirigeants que l'inverse dans l'histoire humaine. Pourtant, le rapport de forces n'est pas en faveur des politiques.

Le chaos, c'est aussi les crises monétaires et financières déclenchées par les politiques économiques mises en place par les élus. Car in fine, ce sont toujours les peuples qui payent les pots cassés. Errare humanum est, perseverare diabolicum. Même les Romains savaient cela. Et pourtant, cela n'empêche pas les politiques de persévérer, de foncer chaque fois plus vite dans le mur en klaxonnant. Chaque crise financière a des effets plus importants. N'est-ce pas un signe que la politique menée est erronée ? N'importe quelle personne dotée d'un peu de bon sens le comprend. Mais pas les politiques dont l'ego boursouflé obscurcit le jugement.

C'est l'histoire d'une dette

Dernier adepte du moi ou le chaos, François Bayrou demande la confiance des députés de tous bords pour définir par ce vote un constat commun : nous nous endettons trop. Un préalable à un vote sur un budget d'austérité qui, comme toujours, fait les poches des plus pauvres. Ce qui est assez logique. Sans un travail important sur l'ego, un nanti ne prépare ni ne vote un budget qui fait peser l'effort financier sur les nantis. Les pauvres, eux, n'ont de toutes façons pas voix au chapitre, il ne dirigent pas le conseil syndical, et ne votent pas les lois.

« Nous sommes en train d’accepter que les jeunes soient réduits en esclavage en les obligeant, pour des décennies, à rembourser les emprunts qui ont été décidés, le cœur léger, par les générations précédentes », a lancé le premier ministre. Mais il a oublié de désigner les membres des générations précédentes qui ont décidé le coeur léger de cet endettement. Il n'a pas non plus parlé du volume de cet endettement. Encore moins du fait que les États peuvent s'endetter et que leur situation n'a rien à voir avec celle d'un particulier.

L'explosion de la dette est à mettre principalement au crédit de Nicolas Sarkozy et d'Emmanuel Macron. Sous Nicolas Sarkozy, François Fillon avait déclaré « je suis à la tête d'un Etat qui est en situation de faillite ». La dette ne représentait alors (en 2007) que 70 points de PIB. À son départ, ce Mozart de l'économie laissait une dette représentant environ 92% du PIB...

Le Modem, parti d'un certain Bayrou François, a de son côté voté consciencieusement au fil des ans les budgets qui ont abouti à cet endettement record.

Hausse de la dette en points de PIB sous les différents présidents de ces 25 dernières années.  - INSEE
Hausse de la dette en points de PIB sous les différents présidents de ces 25 dernières années. - INSEE

En montant, la dette passe de 854 milliards d'euros en 2000 à 2.281 milliards en 2017 quand Emmanuel Macron est élu. Elle atteint désormais 3.345 milliards. Mille milliards de plus pour le banquier d'affaires, génie supposé de la finance. « Le cœur léger », évidemment.

La dette publique française en milliards d'euros - INSEE
La dette publique française en milliards d'euros - INSEE

La dette n'est pas en soi un indicateur précis car toutes sortes de choses peuvent influer sur elle. Les taux d'intérêts évidemment mais aussi la croissance, le chômage, la conjoncture internationale, etc. L'économie est une balance à plateaux multiples et n'est pas une science exacte. Ce qu'oublient, ou ne savent pas, les politiques qui décrètent que leurs stratégies économiques vont sauver le pays depuis... la nuit des temps alors que c'est exactement le contraire qui se passe.

La doxa

Les politiques, de droite comme de gauche déroulent, en matière macro-économique, des discours très semblables. Les tenants de l'extrême-droite disent souvent « on n'a jamais essayé ». Ce que l'on a jamais essayé, ce sont les politiques alternatives à la doxa habituelle. Les idées d'un Oncle Bernard ou d'un Michael Zemmour sont balayés d'un revers de main dédaigneux. Pourquoi ? Mystère.

Mais tout de même, on comprend avec ces deux graphiques que le personnel politique au pouvoir a beaucoup joué sur ce terrain. Ce même personnel politique qui vient sur tous les plateaux complaisants expliquer que la France est trop endettée et que les plus pauvres vont devoir se serrer la ceinture pendant que les plus aisés continueront de bénéficier d'aides publiques. On a connu des 4 août 1789 pour le même genre de choses... Mais attendez, ne vous emballez pas. La révolution française, c'est fantastique, les politiques vanteront volontiers le point de départ de la république. Mais ça, c'était avant. À cette époque-là, le peuple pouvait prendre les armes pour se défendre. Plus aujourd'hui. N'allez pas avoir des idées... Le double discours, c'est tout le temps et sur tous les sujets, même la révolution française.

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