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par Rédaction

A nos lecteurs : Reflets transphobe ?

Un article de Reflets évoquait le leak des « Paradise Papers » qui fait les titres dans toute la presse. Que disait cet article ? Que les leaks pointent des comportement qui sont moralement condamnables, aucun doute là-dessus mais que, in fine, ceux qui sont pointés du doigt continuent comme si de rien n'était. Les États-Unis continuent de créer des milliers de victimes collatérales de leur "guerre contre le terrorisme". Les optimisateurs fiscaux continuent d'optimiser.

L'article de Reflets.

Il ne s'agissait pas de remettre en cause l'utilité de ces révélations, mais d'en indiquer les limites : les responsables politiques s'indignent quelques jours, puis tout le monde passe à autre chose. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à le penser, voir par exemple sur France Culture ou Mediapart.

Cet article a fait réagir sur Twitter Pierre Romera (@pirhoo), le directeur technique de l'ICIJ — le consortium qui a coordonné les travaux sur les Panama Papers puis les Paradise Papers — objectant que ces leaks avaient un réel effet, ce à quoi nous lui répondions que, quoique bien réels, ces effets étaient selon nous, et bien malheureusement, de court terme.

Sa seconde réaction, peut-être inspirée par une réflexion proche et légitime d'un autre lecteur quelques minutes plus tôt (@CryptoPartyRNS), fût de nous reprocher de ne pas avoir évoqué Chelsea Manning au féminin, et nous demandant de « faire un petit effort ».

Aucun rapport avec le fond de l'article, mais une bonne façon de tenter de discréditer Reflets. Dans l'article, un leak parmi d'autres était très brièvement évoqué au détour d'une phrase. Dix-neuf mots : "le militaire qui a donné la vidéo du massacre par hélicoptère a été jeté en prison durant plusieurs années". Nous évoquions-là (sans citer son nom) le fait que Chelsea Manning, à l'époque connu comme Bradley Manning, avait fourni à Wikileaks une vidéo montrant le massacre de civils et de journalistes par des militaires américains dans un hélicoptère en Irak.

Nous lui répondions, peut-être de façon trop courte et trop rapide (format Twitter oblige), mais en toute bonne foi, que le choix de l'auteur était délibéré dans ce cas précis, puisque l'incarcération avait eu lieu avant que Bradley Manning ne décide de son identité sociale actuelle, Chelsea Manning. Par ces mots, l'auteur de la tribune ne souhaitait évidemment pas remettre en question la décision de cette dernière, mais respecter la chronologie des faits. S'en est suivi de très nombreuses accusations de transphobie à l'endroit de la rédaction de Reflets sur Twitter.

Après une discussion interne de la rédaction pour savoir s'il fallait ou non modifier l'article, nous décidions de l'éditer pour clarifier la position de l'auteur, ainsi qu'affirmer notre respect le plus total du choix de Chelsea Manning. Le remède fût pire que le mal, et plutôt que d'éteindre la polémique naissante cette modification ne fit que l'alimenter.

La shitstorm a ensuite continué toute la journée, notamment dans une bataille rangée avec l'un des fondateurs de Reflets… qui ne répondait qu'à titre personnel (comme d'autres membres de Reflets, quoique sur des tonalités différentes) et suite à des accusations à propos d'un article dont il n'était nullement l'auteur, et non au nom de la rédaction, contrairement à ce qui a pu se lire ici et surtout là.

De dix neuf mots dans un article qui en compte plus de sept cent, on fait de Reflets un repère de transphobes... Et le sujet de la tribune est totalement éludé.

Disons-le tout net, nous sommes tombés de l'armoire lorsque ces accusations sont apparues. Des inconnus nous accusaient de transphobie. De manque de respect pour une personne transgenre. Nous avons écarquillé les yeux. Ça fait bizarre au début. Après, quand ils insistent, ça énerve. Et puis vient le temps de la réflexion. Mais pourquoi ces attaques sur un point pour lequel nous n'aurions jamais imaginé être attaqués ? D'autant plus que tous, à un moment ou à un autre, avons rendu hommage aux actes courageux de Chelsea Manning. Mieux, alors qu'aucune rédaction française n'avait pris le temps de le faire à l'époque, Reflets.info a intégralement traduit la déclaration de Chelsea devant la Cour. Elle est toujours disponible ici.

Nous aurions sans doute pu répondre de manière plus efficace et ouverte aux critiques, c'est un fait. Nous nous efforcerons de progresser sur ce point. Mais sans doute pas à des accusations lapidaires, mensongères et diffamatoires.

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