Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Yovan Menkevick

Sommet de l'EuroCrise : en septembre, c'est les soldes !

(Un nouveau sommet crucial a lieu ce 28 juin 2012 pour sauver l'euro, et en gros, l'économie européenne : on connaît à peine le n° de ce sommet, tellement l'euro et sa zone ont déjà été les enjeux de réunions qui, à chaque fois, doivent permettre d'endiguer, sauver, renflouer…mais quoi au juste ? Parce qu'à l'automne, ça va être les soldes de la protection sociale…) Vous avez entendu parler des 100 milliards prêtés à nos cousins ibériques pour renflouer leurs banques gravement endettées.

(Un nouveau sommet crucial a lieu ce 28 juin 2012 pour sauver l'euro, et en gros, l'économie européenne : on connaît à peine le n° de ce sommet, tellement l'euro et sa zone ont déjà été les enjeux de réunions qui, à chaque fois, doivent permettre d'endiguer, sauver, renflouer…mais quoi au juste ? Parce qu'à l'automne, ça va être les soldes de la protection sociale…)

Vous avez entendu parler des 100 milliards prêtés à nos cousins ibériques pour renflouer leurs banques gravement endettées. Vous venez d'apprendre que Rajoy, le matador libéral en chef vient de demander 60 patates (mettez un milliard pour une patate) pour sauver son économie de la ruine, vous avez entendu que la Grèce ne pourra plus payer ses fonctionnaires dans 2 mois, et vous vous dites : "c'est dingue quand même, tout ça à cause de…des…enfin…les subprimes…et puis…les banques…et…heu…enfin…bon…"

Reflets ne vous a pas épargné les analyses au sujet de cette pseudo "crise" de la dette, et ce, sur les multiples niveaux qu'elle comporte : nous espérons que vous êtes aujourd'hui plus à même d'envisager le pourquoi du comment. Mais pour autant, nous sommes aujourd'hui arrivés au moment un peu crucial de l'affaire, tant redouté, mais pourtant très très attendu : celui de la chute. De l'euro ? Why not ? Mais le problème n'est pas vraiment là. Quand ? Sous peu. Petite revue des événements en cours et prévisions pour la rentrée…

 Des bulles tu observeras

C'est bien gentil de nous tanner le cuir soir et matin avec la dette, les taux d'emprunts qui flambent et la rigueur, l'austérité poussées par la mangeuse de choucroute en chef qui "ne veut pas plier", mais quand même, on se fout un peu de notre tronche sur ce coup là. Les situations entre les pays européens en crise ne sont pas similaires. La dette publique des Etats, censée justifier les cures d'austérité (qui assèchent les économies du vieux continent), est un prétexte bien pratique : l'Espagne, actuellement au bord du gouffre, possède une dette bien moindre que celle de la France.

L'Espagne ne subit pas véritablement de crise de la dette, et personne à Bruxelles ne semble vouloir le prendre en compte, comme si la recette de l'austérité était la seule réponse à appliquer pour tous, sans aucune nuance. En réalité, l'Espagne vient de se prendre l'éclatement de sa bulle immobilière en pleine tronche. C'est une économie basée sur le crédit facile, la spéculation immobilière, qui s'écroule. Sa dette augmente, oui, mais par le colmatage de l'écroulement bancaire en cours.

 Des plans de relance tu ricaneras

Ah oui, ça y'est, on va être sauvés, le président (français) qui se mouille a convaincu la chancelière allemande de mettre en place un plan de relance. Whaou ! Super, ça devrait faire repartir la machine ? En fait, pas vraiment. Pourquoi ? Parce que comme d'habitude avec Bruxelles, c'est un machin au rabais totalement conditionné par le dogme ultra libéral (traduisez par réduction des protections sociales des Etats) qui prédomine dans cette partie du monde.

En gros, "Moi Président" joue à "tu me tiens par la barbichette" avec Angela : il accepte le pacte budgétaire en échange d'un "pacte de croissance". Un peu comme un pompier en chef qui accepte qu'on licencie la moitié de ses combattants du feu si l'on envoie un demi canadaire de plus éteindre l'incendie… Le plan de relance, de 130 milliards d'euros est une goutte d'eau, financé essentiellement par des emprunts de la Banque européenne d'investissement sur…les marchés financiers, bien entendu. Avec la quasi certitude d'une nouvelle crise bancaire qui aspirera la quasi totalité des sommes injectées, ces fameux 10 euros cinquante, heu, 130 milliards.

Du fédéralisme tu te défieras

Ca y est, ils en parlent, les pro-europe sont aux anges : le fédéralisme est discuté, c'est génial. Il pourrait donc se créer une Europe politique ! Oui, enfin, pas vraiment celle attendue, hein. Le fédéralisme qui se profile n'est pas celui d'une Europe des nations, démocratique, tendant à organiser le mieux-social, solidaire, etc… Non, le fédéralisme envisagé est celui du contrôle des budgets des Etats membres par la commission. Ce que prévoit le pacte budgétaire, d'ailleurs. Une austérité organisée de façon…fédérale. Sur les bases des critères allemands. Tout le monde s'en inquiète, jusqu'aux observateurs américains, c'est dire…

A l'automne tu solderas

Pendant que nos amis concurrents chinois réorientent leur économie et ajustent leur monnaie pour compenser le tassement des échanges mondiaux et la baisse de leur croissance (encore à 8,25% cette année, tout de même), les nations européennes (inventeurs du capitalisme) se préparent à la grande braderie de la rentrée. Les soldes de l'automne risquent d'être sans commune mesure de partout sur le vieux continent.

Parce que c'est un système, à bout de souffle, en perdition totale et sous la coupe des fonds spéculateurs, qui est désormais en place : les anciens empires colonisateurs vivent sur leurs réserves, mais celles-ci s'épuisent. L'industrie est au ralenti ou s'effondre, les échanges de biens et de services ne compensent plus les emprunts des Etats (ceux du sud, pour l'instant, sous le coup des attaques spéculatives des "marchés") à des taux d'usuriers.

Le chômage explose, les prêts aux particuliers et aux entreprises s'assèchent : l'austérité perpétuelle inscrite dans le pacte budgétaire va permettre, à la rentrée, de généraliser les coupes budgétaires, accentuer les baisses des protections salariales, orienter l'Union européenne vers une fédération budgétaire porteuse de régression sociale. Toutes ces mesures vont bien entendu être présentées aux populations comme des obligations incontournables pour sauver l'euro, l'Union, le soldat Ryan, la paix, etc. Mais l'espoir des "super plans de relance" à 10 euros cinquante sera vendu pour contrebalancer ces mesures.

Parce qu'au fond, si on regarde bien les choses en face, le système ultra-libéral basé sur la concurrence libre et soi-disant non faussée, la maximisation des profits des méta-entreprises, la main-mise sur l'économie réelle par les marchés financiers a trouvé sa limite. Une limite qu'on peut appeler un mur. Le mur de l'argent ?

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée