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Entretien
par Rédaction

Une interview de Damien Viel, directeur général de Twitter France

Lorsque les comptes @_Reflets_ et @_kitetoa_ ont été suspendus par Twitter après les manipulations de Jean-Paul Ney, nous avons souhaité interviewer le directeur général de Twitter France, Damien Viel. Sa bio Twitter était engageante : "Directeur Général / MD @twitterFrance / #JamaisSansElles / «Je désapprouve ce que vous dites, mais je me battrai à mort pour que vous ayez le droit de le dire»". Entrer en contact avec Twitter est un parcours du combattant. Même pour les journalistes.

Lorsque les comptes @_Reflets_ et @_kitetoa_ ont été suspendus par Twitter après les manipulations de Jean-Paul Ney, nous avons souhaité interviewer le directeur général de Twitter France, Damien Viel. Sa bio Twitter était engageante : "Directeur Général / MD @twitterFrance / #JamaisSansElles / «Je désapprouve ce que vous dites, mais je me battrai à mort pour que vous ayez le droit de le dire»". Entrer en contact avec Twitter est un parcours du combattant. Même pour les journalistes. Paradoxal pour une entreprise qui se veut un réseau social. Twitter France a bien un adresse, mais c'est une domiciliation place Vendôme. C'est très chic, mais inefficace pour discuter avec quelqu'un. Les boites-aux-lettres répondent mal aux questions. Il faut donc passer par une agence de communication qui gère les relations presse du géant américain : Weber Shandwick. Qu'à cela ne tienne, nous avons envoyé une liste de questions à Weber Shandwick. Nous avons pris soin de mettre en copie une personne chez Twitter France, qui s'occupe des partenariats avec la presse.

Les questions ont été adressées le 20 septembre. Depuis, aucun gazouillis. Ni de la part de Weber Shandwick, ni de la personne en copie de nos questions, chez Twitter. Encore moins du directeur général, Damien Viel. Quand on vous dit "aucun gazouillis", c'est véritablement... rien. Même pas un mot pour nous dire que non, Damien Viel ne répondrait pas à nos questions. Juste par politesse. Non, rien. Chez Twitter France, on est social mais pas trop.

Voici donc les questions auxquelles Damien Viel ne veut pas répondre.

  • Le Canard Enchaîné s'est récemment ému des méthodes de modération de Twitter, qui laisse allègrement la "fachosphère" publier des propos pénalement répréhensibles et contraires à la charte de Twitter, tout en suspendant ou bloquant des comptes dont le seul tort est de retwitter ou de twitter des informations parfaitement légitimes. Pourriez-vous nous détailler la position de Twitter sur ce sujet et notamment, indiquer quelles sont les règles appliquées à des comptes appelant à la haine raciale, l'homophobie, l'apologie du nazisme, jamais suspendus par Twitter ?
  • Si, comme dans le cas du compte @_kitetoa_, la suspension est automatique après un certain nombre de signalements, pourriez-vous nous indiquer :
    • à partir de combien de signalements, la procédure automatique est déclenchée.
    • Des humains interviennent-ils dans le traitement des signalements et des déblocages, ou est-ce une procédure entièrement automatisée ?
    • Quels sont les délais pour que les équipes (humaines) de Twitter examinent le dossier et aboutissent à une résolution du dossier ?
  • Ce système, automatisé et fonctionnant sur le nombre, favorise certains groupes qui se mobilisent très rapidement, comme les membres de la « fachosphère ». Un outil censé servir contre le harcèlement fait ainsi parfois le jeu des harceleurs. Twitter est-elle consciente de ce problème ? Quels sont les mesures, le cas échéant, envisagées pour le corriger ?
  • De nombreux utilisateurs se plaignent du fait que Twitter ne répond jamais à leurs sollicitations sur ces sujets de signalement, que leur répondez-vous ?
  • Le fait de bloquer un compte d'un journal pour un tweet pointant vers une base Whois vous semble-t-il être une raison acceptable ? Si oui, sur quels critères ? Etant entendu que les bases Whois sont publiques et participent au bon fonctionnement d'Internet.
  • Le fait pour un journaliste, de publier, via Twitter des documents officiels issus d'un procès public et jugé relève de la liberté de la presse, Reflets en fait les frais. Twitter envisage-t'elle des mécanismes de protection de la presse et des médias en général contre cette censure, notamment pour les acteurs les plus petits ?
  • Dans le même temps les équipes de modération de Twitter expliquent qu'elles ne supprimeront pas un tweet de revenge porn https://twitter.com/randileeharper/status/777275028014411776 parce que les informations  "can be located via google search". A quelle logique répondent la suspension du compte @_kitetoa_, le blocage du compte de Reflets et la non suppression de ces tweets de revenge porn ?
  • Reflets.info a déposé une demande de certification de son compte @_reflets_ qui a été immédiatement refusée. Si l'on ajoute à cela la suspension du compte de son rédacteur en chef et le blocage du compte du journal, les actions contre Reflets.info de la part du réseau social s'accumulent. Pourquoi ?
  • A l'inverse, le compte de M. Jean-Paul Ney a récemment été certifié par Twitter. Les insultes quotidiennes de la part de cet utilisateur et ses propos racistes ne semblent pas avoir pesé contre sa certification. Pourquoi ?
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