Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par drapher

Rentrée 2016 : la préparation au grand basculement ?

La politique mondiale n'a jamais atteint le degré de délitement nauséabond qui caractérise cette année 2016. Des Etat-Unis, au Moyen-Orient, en Turquie, Pologne, Allemagne, Autriche, Royaume-Uni, Philippines, Russie, Afrique sub-saharienne, jusqu'en Italie, en Espagne ou en France, les personnels politiques ne cessent de jeter de l'huile sur le feu des malaises populaires.

image
image

La politique mondiale n'a jamais atteint le degré de délitement nauséabond qui caractérise cette année 2016. Des Etat-Unis, au Moyen-Orient, en Turquie, Pologne, Allemagne, Autriche, Royaume-Uni, Philippines, Russie, Afrique sub-saharienne, jusqu'en Italie, en Espagne ou en France, les personnels politiques ne cessent de jeter de l'huile sur le feu des malaises populaires. Le monde capitaliste agonise en douceur, et ses défenseurs les plus serviles et les plus protégés ne peuvent s'empêcher de chercher des issues à leur position, désormais précaire. Ces issues prennent racine dans les pires rouages idéologiques. Une rentrée violente, laide, et pernicieuse se dessine.

Les nationalistes violents ont le vent en poupe

Donald Trump est un politicien abject. Son adversaire démocrate n'est pas — malheureusement — une personne très recommandable non plus, bien que plus policée. De la peste ou du choléra, les Américains vont devoir choisir. La caractéristique première de cette élection est qu'elle inquiète le monde entier, une sorte de prélude à une apocalypse  proche que tout le monde ressent. Que va faire la première puissance mondiale, déjà bien usée par 15 ans de destruction des droits humains à travers la planète, de massacres, tortures et autres exactions militaires sous couvert de "guerre contre le terrorisme" ? Le racisme de la plus grande démocratie du monde qui se traduit en actes par des dizaines de meurtres d'afro-américains de la part de policiers — sous la présidence Obama — peut-il s'exacerber encore un peu plus ? Et sa capacité à détruire à l'extérieur ?

Cet emballement pour une "grandeur nationale" perdue (mais bientôt régénérée), la politique du repli et de la mise en cause des étrangers dans la perte de puissance, n'est pas l'apanage du seul Donald Trump. Le président philippin fraîchement élu est une caricature extrême, annonçant des lendemains peu enchanteurs. Appeler tout un chacun à tuer les dealers, puis lancer une liste de 160 noms de parlementaires, policiers, maires, militaires — impliqués selon le président — dans les trafics, n'est pas à franchement parler une politique rassurante. Un cauchemar, en réalité. La fameuse "communauté internationale" ne semble pas pour l'instant réagir particulièrement à ce nouveau système démocratique où 2000 personnes peuvent être exécutées dans la rue en un mois et demi par la seule vindicte populaire et sur incitation de son président…

En Turquie, Erdogan continue sa "purge" post tentative de putsch avec plusieurs dizaines de milliers de magistrats, opposants politiques, policiers, militaires, journalistes, embastillés. Poutine qui continue sa guerre en Ukraine et manœuvre toujours en Syrie le reçoit désormais avec les honneurs : le vent tourne et les amitiés entre despotes commencent à se redessiner.

En Europe : le racisme anti-musulman comme bouclier politique ?

De l'Allemagne à l'Autriche, la Pologne, la Hongrie les pires réflexes ont ressurgi face à l'afflux de réfugiés des guerres moyen-orientales. Les partis politiques nationalistes à tendance xénophobe ont le vent en poupe et mis à part Angela Merkel qui refuse d'ostraciser les malheureux qui fuient ces conflits, la misère économique ou la répression politique, le reste des politiques en Europe surfe sur la vague du racisme bon teint. Il faut dire que le piège tendu par le Califat islamique a fonctionné à merveille : quelques attentats commis majoritairement par des locaux ont créé une surenchère sécuritaire et nationaliste absurde qui a vu son paroxysme avec l'interdiction du burkini en France, soutenue par le premier ministre, Manuel Valls.

Face au chaos et à la destruction en cours en Syrie, en Irak, au Yémen, que les puissances européennes ont laissé se répandre — soutenant même les monarchies à l'origine de ces conflits — la seule réaction politique visible est celle d'une mise en cause des nationaux issus de culture musulmane.

Le racisme anti-musulman est un bouclier politique parfait, puisqu'il permet dans le cas de la France, de créer un écran de fumée doublé d'un attisement des réflexes nationalistes et patriotiques les plus nauséabonds. Les racistes primaires (et secondaires) sont aux anges, le premier ministre accompagne le mouvement de la droite qui sur ce sujet est désormais en parfait accord avec le parti de Marine Le Pen. Pour ceux qui oseraient lever le doigt pour contester ces discours et méthodes dignes de Vichy, il reste quelques éditorialistes post-soixantehuitard qui viennent les traiter de collabos. Dans la course à l'inversion de sens, je demande Julliard.

Le basculement est en cours

Ce qui est en train de se dérouler en ce moment même est un grand basculement. Politique, social, et économique. Personne n'en sortira indemne, et surtout pas la dignité humaine, les droits fondamentaux et particulièrement l'humanisme.

Le monde est furieux et ce sont les plus furieux qui se voient plébiscités. L'ancien monde, avec sa petite télévision qui ronronne tous les soirs pour divertir le gentil habitant du monde riche qui estime mériter son confort, est révolu. La petite télé déverse des flots de haine et de fureur, accentue le malaise du gentil occidental de moins en moins confortable et de plus en plus inquiet. Fâché aussi, le gentil occidental, de voir la corruption généralisée qui l'entoure, qu'elle soit politique ou économique. Il veut faire basculer les choses. La seule chose qu'il voit, c'est le vote nationaliste, et c'est ce qui est en train d'arriver. De partout, ou presque. Et puis il a maintenant un bouc-émissaire parfait, montré comme la cause de tous les maux : le musulman. Bien pratique ce musulman. Il remplace "l'Arabe", qu'on détestait mais sans raison valable, si ce n'est une guerre d'indépendance perdue et quelques mensonges sur les raisons de sa présence jugée innoportune sur le sol national.

Ce basculement est absolument similaire à celui qui eut lieu dans les années 1930. L'histoire se répète, avec d'autres acteurs, d'autres causes directes, mais avec le même résultat : des peuples qui deviennent fous de haine, de rancœur, de hargne, prêts à laisser leurs pires instincts s'exprimer. Dans les urnes dans un premier temps, et ensuite ?

Résister, c'est exprimer son refus

Face à ces constats tous plus déprimants et inquiétants les uns que les autres — pour ceux qui refusent d'envisager un monde moderne autrement que par les valeurs humanistes de progrès — une seule solution : le refus. La première des résistances valable — dans un monde entièrement intrerconnecté, en infobésité complète, empli de propagande, d'influences, de manipulations et de renversement de sens — est donc celle du refus.

Refuser de participer à tout ce qui entraîne le monde dans ce tourbillon de haine de l'autre : en se débarrassant de sa télévision, en n'allant pas aux urnes, en évitant tout ce qui peut enrichir ou renforcer les multinationales, en arrêtant de donner de l'importance à la classe politique, qui est — intégralement ou presque — soit incompétente, soit destructrice.

Le refus est une résistance. Il exprime clairement un choix. Il a un impact direct, il ouvre un horizon adulte puisqu'il force à assumer des décisions qui vont entièrement contre la politique en place.

Place ensuite à l'accueil, local, des autres. Les étrangers (à soi-même), quels qu'ils soient. Pour le partage : dans le travail, la réflexion, les loisirs, l'entraide, la pratique artistique, technique, etc…

Le basculement, de toute manière, se fera. A ceux qui redoutent ce basculement, de préparer l'après, pacifiquement, mais fermement, en sachant dire non. Tout en montrant l'exemple. Parce que c'est avant tout dans les actes positifs que l'humain se construit. Uniquement.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée