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par bluetouff

Monsieur le ministre... je vais t'en foutre du grand public !

Il y a quelques jours le ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé, répondait à une question parlementaire au sujet de la vente de ce qu'il convient d'appeler une arme de guerre électronique. La question était posée par le député Hervé Féron et est l'une des nombreuses questions de parlementaires posées au sujet de "l'affaire Amesys" dont la grande majorité reste sans réponse, à l'image de celles de Christian Paul, probablement trop précises.

Il y a quelques jours le ministre des affaires étrangères et européennes, Alain Juppé, répondait à une question parlementaire au sujet de la vente de ce qu'il convient d'appeler une arme de guerre électronique. La question était posée par le député Hervé Féron et est l'une des nombreuses questions de parlementaires posées au sujet de "l'affaire Amesys" dont la grande majorité reste sans réponse, à l'image de celles de Christian Paul, probablement trop précises.

Voici le texte exact de la réponse faite par le ministre :

"Les systèmes informatiques auxquels il est fait référence sont développés sur la base de produits du marché grand public. A ce titre, ils n'entrent pas dans la catégorie des matériels de guerre ni dans celle des biens à double usage. Ils ne font donc l'objet, selon les réglementations française et européenne, d'aucun contrôle préalable à l'exportation. Si un tel matériel a été exporté vers la Libye depuis la France, l'exportateur n'avait donc pas besoin d'obtenir une autorisation à cette fin, ni d'en informer l'administration."

Ok... reprenons... Nous avons donc :

  • Une solution capable de mettre sur écoute toutes les communications d'un pays... le truc vachement grand public.
  • Une solution logicielle et matérielle qui a été vendue une quarantaine de millions d'euros... le truc grand public quoi.

  • Une solution qui ... bonjour la taxe sur la copie privée... opère sur des capacités de stockage de plusieurs dizaines de pétabits. En 2012, en pleine crise des disques durs, le pétabit c'est bien connu, c'est grand public.
  • Une solution tellement grand public que lorsque l'on demande une démonstration au Milipol, on vous répond "non désolé c'est pas légal en France ». Le "grand public pas légal" vous admettrez que c'est assez concept monsieur le ministre non ?
  • "Monsieur Abdallah" est connu pour être l'archétype du client grand public.
  • Une solution tellement grand public que sur votre réseau local domestique vous pouvez inspecter le contenu des communications de votre grande famille qui a la chance d'avoir une connexion à 60 gigabits/secondes.
  • Une solution grand public sur laquelle un certain Ziad Takieddine se prend une petite commission de 11 874 000 € en moins de 4h (plus probablement quelques minutes, le temps de modifier une feuille excel)... le truc sympa, un taux horaire grand public là encore de 3,8 millions d'euros de l'heure. Si vous avez un job grand public à me proposer monsieur le ministre, n'hésitez pas à me contacter.

- Je serai curieux de voir votre ordinateur grand public monsieur le ministre... Vous en connaissez beaucoup des solutions grand public qui ont cette tronche ?

C'est de l'interception "Nationwide", à l'échelle d'une nation,  mais grand public !

Monsieur le ministre, que vous racontiez ça à quelques députés qui ont découvert Internet en votant HADOPI passe encore. Mais vos réponses sont publiques, vous vous doutez bien qu'à un moment, elles atterrissent sur Internet... et sur Internet il y a des gens capables de vous mettre le nez dedans pour vous expliquer que non seulement ce matériel n'a rien de grand public, mais qu'il y a du matériel bien plus anodin interdit à la vente en France et du matériel encore plus anodin interdit à l'exportation. Nous ne vous ferons cependant pas cet affront monsieur le ministre, nous vous savons brillant et nous savons parfaitement qui vous couvrez.

C'est vrai quoi ! On va quand même pas demander une autorisation, c'est le truc qui rime mal avec "retro-commission".

 

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