Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

Gérard Collomb, la Loi antiterroriste et la réalité

Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur n'a pas tardé, Nicolas Demorand lui servant le prétexte sur un plateau, à justifier le vote de la Loi antiterroriste (hier) sur la base de l'attaque de Marseille et de la pose de bouteilles de gaz dans un immeuble parisien. « Cela montre que le niveau de la menace en France est extrêmement important et que toutes celles et toutes ceux qui pensaient (...

Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur n'a pas tardé, Nicolas Demorand lui servant le prétexte sur un plateau, à justifier le vote de la Loi antiterroriste (hier) sur la base de l'attaque de Marseille et de la pose de bouteilles de gaz dans un immeuble parisien.

« Cela montre que le niveau de la menace en France est extrêmement important et que toutes celles et toutes ceux qui pensaient (...) qu'il fallait desserrer la capacité de nos services à aller de l'avant, à essayer de regarder, d'avoir les renseignements, eh bien ils se trompaient parce que, oui nous sommes toujours en état de guerre même si Daech a connu des défaites militaires »

Le ministre pense qu'en intégrant les dispositions de l'état d'urgence dans le droit commun, les services pourront mieux lutter contre les terroristes. C'est son job droit. Mais il se trompe.

Prenons un exemple récent. Lors d'un des attentats qui ont secoué la France - pendant la période d'état d'urgence, l'un des auteurs était connu comme « une figure de l'islamisme radical » dans sa région et était porteur d'un bracelet électronique. Il avait même été incarcéré pour sa deuxième tentative de rejoindre la Syrie. Et pas avec n'importe qui. Avec des gens profondément radicalisés. Ce qui lui avait permis de renforcer ses positions.

En quoi le projet de loi actuel permettrait-il d'éviter un tel raté ? Mystère.

Le deuxième terroriste, fiché S, avait lui réalisé une vidéo menaçant la France. Cette vidéo était entre les mains des services spécialisés et des services de police du territoire une semaine avant son passage à l'acte. Cela a-t-il permis d'empêcher son passage à l'acte ? Non. Le projet de loi le permettra-t-il ? Probablement pas.

En revanche, ce qui est certain, c'est que la concentration des pouvoirs dans les mains de la police au détriment de la Justice n'a jamais, au cours de l'Histoire, bénéficié à la Démocratie.

Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a affirmé martialement :

"Lorsque l'on est fiché au fichier SPRT, on est surveillé".

Visiblement pas assez, puisque le premier terroriste était fiché et même sur-fiché. Mais il n'y a « pas de failles », comme le disait l'ancien ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve.

Le fichier des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), créé en mars 2015 au sein de l’UCLAT, vise à recenser les signalements sur la plate-forme nationale d’appel etrecenser ainsi l’ensemble des individus radicalisés présents sur le territoire. Il comprendrait un peu plus de 13 000 noms.

Peu importent les moyens mis en oeuvre, le but implicite et espéré par les politiques et la population d'un niveau zéro des attentats, ne sera jamais atteint.

Non ce n'est pas « liberticide » de vouloir surveiller plus, explique doctement Gérard Collomb à Nicolas Demorand. C'est même nécessaire pour lutter conter les attentats, dit-il. L'avis des députés et experts qui ont planché sur l'évaluation de l'état d'urgence est bien plus nuancé. Et la réalité montre que les moyens existants n'ont pas permis d'éviter des attentats pendant la période d'état d'urgence, alors que des signes précurseurs évidents étaient présents et entre les mains des services spécialisés.

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée