Trump va-t-il enterrer l'OTAN ?

Selon nos informations, c'est son projet

Le président américain envisage d'annoncer que les pays dont le budget de la défense n'atteint pas 2% de leur PIB ne seront plus défendus automatiquement en cas d'attaque.

Trump va-t-il mettre fin à la solidarité automatique en cas d'agression d'un pays membre de l'Otan ? L'annonce pourrait faire l'objet d'une bombe. Selon deux sources concordantes, Donald Trump envisagerait d'annoncer que les pays dont le budget consacré à la défense n'atteint pas 2% de leur PIB ne seront plus protégés automatiquement par l'Alliance Atlantique. Les chancelleries occidentales sont en ébullition ces jours-ci dans l'attente de cette hypothétique annonce, selon nos sources à Paris.

Pourtant cet article 5 de la charte de l'OTAN qui le prévoit est le cœur du traité : « Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord. ».

Une telle annonce par le président américain affaiblirait considérablement l'organisation, car elle mettrait en doute la solidarité des États-Unis en cas d'attaque contre les pays n'atteignant pas le seuil fatidique de 2%. Or, peu de pays remplissent ce critère, comme le montre le graphique ci-dessous.

Seul tout...

On pourrait donc assister à un délitement de l'OTAN. Et on entend déjà les cris des pays de l'Est de l'Europe inquiets du comportement de leur voisin russe. Les pays baltes craignent notamment une déstabilisation et un scénario à l'ukrainienne.

Reste que Donald peut aisément jouer le trouble-fête dans l'OTAN : les dépenses de défense États-Unis destinées à l'Alliance atteignent cette année quelque 706 milliards de dollars soit près de 70 % des dépenses totales versées à l'organisation par les 29 pays membres. Qui c'est le boss ?

Le budget de la défense de la France représente 1,81% de son PIB. Mince, nous voilà seuls tout face à une armée carnassière de bots russes.

Ce n'est pas la première fois que le président américain s'énerve contre les pays membres de l'OTAN. En juillet dernier, il pestait déjà dans l'un de ses tweets légendaires contre les méchants pays membres de l'Alliance trop timides en matière de dépenses militaires.

Selon nos sources, un petit vent de panique souffle actuellement chez les alliés. Dans l'attente d'un tweet ou d'une déclaration à l'emporte pièce de Trump, les pays de l'Otan retiennent leur souffle, et les diplomates s'activent en coulisse. « Le problème est que le Président américain se comporte comme un chef d'entreprise. Il met la pression sur ses alliés comme si on était des fournisseurs », s'agace un haut fonctionnaire. Twittera, twittera pas ? Parlera, parlera pas ? Avec ce président imprévisible qui n'écoute que quelques fidèles, l'issue est incertaine. « Sur la Syrie déjà, il n'y a pas que les alliés de la coalition qui ont été surpris par l'annonce du retrait américain », soupire un haut fonctionnaire. « Les militaires et sa propre administration ont été pris au dépourvu, autant que nous ».

Les complotistes diront sans doute qu'une telle annonce favoriserait la Russie, dont on sait combien le président américain est proche. Les autres diront que cela ne fait que conforter le profil d'illuminé imprévisible du personnage...