Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Antoine Champagne - kitetoa

On écrit à Reflets à propos de l'article sur le GIEC

Généralement, les courriers arrivent de la part des entités mises en causes dans un article. Je me souviens bien d'un ancien patron de l'INSEE qui m'avait envoyé une longue bafouille s'indignant d'un dossier publié par votre serviteur sur le recensement et qui tendait à démontrer combien celui-ci était intrusif, peu encadré, à la limite de l'arnaque. Le journal a publié le droit de réponse.

Généralement, les courriers arrivent de la part des entités mises en causes dans un article. Je me souviens bien d'un ancien patron de l'INSEE qui m'avait envoyé une longue bafouille s'indignant d'un dossier publié par votre serviteur sur le recensement et qui tendait à démontrer combien celui-ci était intrusif, peu encadré, à la limite de l'arnaque. Le journal a publié le droit de réponse. Et j'en ai profité pour caler toutes les informations que je n'avais eu la place de passer dans mon dossier. Nous n'avons plus jamais eu de nouvelles du patron de l'INSEE.

Cette fois, c'est chez Reflets que je reçois un courrier. Mais pas d'une personne ou d'une institution mise en cause dans l'un des 1.573 articles publiés par le site. Non, cette fois, c'est un troll lecteur qui nous écrit. Ou plus précisément, qui nous somme, de répondre à son point de vue sur l'un de nos articles. Son point de vue a été mis en ligne et il s'étonne, à intervalles réguliers, que nous n'ayons pas encore répondu (lire ce commentaire et les suivants). Notre non-réponse ruinerait tout le travail effectué par Reflets depuis sa création. Pas moins.

Qu'on se le dise, Reflets a, selon ce lecteur, "ruiné sa crédibilité" en un seul article. Salaud de Yovan Menkevick qui vient briser tout ce que nous avons construit depuis trois ans ! Tu es viré ! Les faits sont graves tout de même. Depuis quelques jours nous n'avons plus de crédibilité ! Yovan... Comment as-tu osé nous faire ça ?

Bon, puisque notre lecteur nous fait pas mal de reproches sur la manière dont nous faisons notre métier de journaliste, il va quand même falloir que je pose un postulat : s'il y a bien un truc que nous partageons avec les rédactions classiques, c'est que nous sommes solidaires. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est publié sur Reflets et certains ne sont pas d'accord avec ce que j'écris, mais la rédaction est solidaire de ses journalistes. Donc, rassures-toi Yovan, tu n'es pas viré. En même temps, comme tu n'es pas payé pour ce que tu publies ici... Ceci dit, tu n'es pas viré, tu es promu ! Je te nomme Grand Mamamouchi de Reflets. Oui, déjà que je t'aimais, là je te vénère. Tu as cette capacité ineffable de mettre en rogne tant de monde. Et ça, j'aime...

Mais revenons à notre lecteur. Il s'appelle Guénaël Amieux et il est franchement en colère.

Déjà dans les premières heures après publication de l'article de notre poil à gratter qu'on à, nous, ici chez Reflets, Guénaël Amieux vitupérait sur Twitter : nous n'avions pas répondu à ses critiques.

Comme d'habitude, Yovan a bien énervé un lecteur, mais le service après-vente ? C'est bibi qui s'en charge...

Pas de bol, je n'ai pas le temps. Vous comprendrez sans doute la semaine prochaine pourquoi, mais là, franchement, le soir, après 22h, quand je commence ma deuxième journée, cellee dédiée à Reflets, là, ces temps-ci, je fais autre chose.

Une bonne grosse enquête bien journalistique qui ne pourrait décemment déplaire à Guénaël Amieux. Un vrai truc poilu bien old school. Et comme on n'est pas seuls sur le coup, il y a même des journalistes qui passent des coups de fils aux personnes ou aux boites dont on parle.

Ah, tiens, ça m'amène à ce que je voulais dire à Guénaël Amieux. Vous allez le voir dans son courrier (son argumentaire anti Yovan ?), sa critique de l'article porte principalement sur la manière dont Yovan exerce ce beau métier qu'est le journalisme. Il le fait... MAL !

S'il y a bien un truc qui me plaît, c'est quand quelqu'un qui n'est pas journaliste vient m'expliquer comment faire mon métier. Même un journaliste qui vient me l'expliquer, ça peut aussi me mettre de bonne humeur.

Ici, mon bon Guénaël, chez Reflets, les journalistes qui écrivent, sont des inadaptés...

Et oui, Guénaël... Reflets est un point de rencontre entre des "informaticiens talentueux" (disons des hackers) et des journalistes (lire ici ou ). Mais des journalistes un peu particuliers. Des journalistes qui sont inadaptés pour la presse classique. A part le Canard Enchaîné (ou l'on écrit), Mediapart et... Euhh... sans doute quelques autres, nous ne pouvons nous adapter à cette presse d'aujourd'hui. Ou plus précisément, c'est elle qui ne veut pas s'adapter à nous. Cela revient au même, notez. Remarque bien également que nous sommes de bêtes journalistes. Ni des scientifiques, ni des historiens, bref, rien d'académique.

Ici, chez Reflets, on se contrefout de donner la parole à des personnes ou des entreprises dont on parle. Pourquoi ? Parce qu'ils vont nous servir un très beau discours fait avec le plus joli pipotron de la planète, un beau discours marketing, un communiqué de presse vide de sens. Cela ne nous intéresse pas. Nous n'avons pas assez d'octets pour publier ça. L'octet se fait rare de nos jours.

Ici, chez Reflets, on ne choisit pas nos sujets en fonction de l'actualité. On traite les sujets qui nous intéressent.

Ici, chez Reflets, on ne s'interdit pas une prise de position très explicite. On ne s'interdit pas le mauvais esprit. On ne s'interdit pas d'interpeller publiquement quelqu'un. On ne se sent pas obligés d'avoir un style policé. Tout au moins, pas tout le temps. Ici, chez Reflets, on fait même des coquilles parce que nous n'avons pas de correcteurs. Ni de chemin de copie avec des personnes qui se relisent les unes les autres.

Ici, chez Reflets, on se contrefout de la taille de nos papiers. On n'a pas peur de faire fuir le lecteur avec un papier de 14 feuillets. Ni avec un billet d'humeur bien bête d'un demi-feuillet.

Ici chez Reflets, il n'y a pas de rédacteur en chef, de chefs de services, de hiérarchie. Même pas de service "courrier des lecteurs" indignés.

Oh, il y a bien les deux BOFH qui l'ont fondé pour essayer de maintenir une sorte de ligne bien floue. Mais pas plus.

Bref, ici, nous pratiquons une forme de journalisme gozo à la con. Le journalisme qu'on ne peut plus pratiquer dans la plupart des organes de presse. Cette liberté, on y tient. Plus qu'à toute autre chose. Alors oui, Guénaël, tu peux ne pas être d'accord avec la façon dont on pratique le journalisme, c'est ton droit. Mais tu vois, moi je ne viens pas t'expliquer que je ne suis pas d'accord avec ta façon d'être un lecteur. Parce que je m'en fous. Je te laisse vivre comme tu l'entends, réfléchir comme tu l'entends, penser ce que tu veux de moi, de Yovan, de Bluetouff ou de Jet Lambda ou de tout autre journaliste de Reflets. Chacun vit comme il l'entend et pense ce qu'il a envie de penser, tant qu'il ne vient pas emmerder les autres avec ses idées, en tentant d'imposer son point de vue qui est bien entendu, LA vérité.

Tu penses que l'on a perdu notre crédibilité ?

Franchement... Pour tout te dire, des rédactions, bien classiques (ou moins), j'en ai fait quelques unes. De toutes celles que j'ai connues, à part sans doute Tranfert.net qui la vaut, celle de Reflets est celle qui me fait le plus écarquiller les yeux. La plupart du temps, quand je lis un article, je suis époustouflé. C'est nouveau, c'est différent, c'est réfléchi, ça fait bouger le cortex. C'est chouette.

Regarde bien la presse qui pratique le journalisme que tu sembles aimer. Est-ce là que tu as lu les premiers articles sur le DPI, Amesys, Qosmos ? Sur le High Frequency Trading ? Sur l'astroturfing ? Que sais-je encore ?

Non, c'est ici... Alors pour notre crédibilité, tu me laissera, moi, mes petits camarades de la rédaction, et surtout, nos lecteurs, en juger.

Ai-je mis en doute ta crédibilité en tant que lecteur ? Non.

Je pense que tu as un ton comminatoire qui me déplaît fortement. Au moins, cela t'a-t-il permis de gagner une poussière de gloire. Cette page pointe vers ton article incontournable de "11 pages A4", vers tes commentaires trollesques...

Je vais te faire une confidence... A mon humble avis, ce n'est pas en ayant un ton comminatoire que l'on obtient quelque chose de quelqu'un.

 

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée