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par Rédaction

Amesys : un Finger de Pop Corn pour le Croco

Que pouvait-on attendre d'autre de la part d'une entreprise aussi innovante ? Amesys a donné des noms hilarants aux projets qui serviront à des dictateurs pour repérer des opposants, les arrêter, accessoirement les torturer ou les tuer. Ça dédramatise... Nous vous l'avions raconté ces derniers jours, au Qatar, le projet EAGLE s'appelle Finger. Pourquoi ? Parce que la capitale s'appelle Doha. Phonétiquement, doigt... Que l'on traduit en anglais par "Finger". Au Maroc, c'est le projet Pop Corn.

Que pouvait-on attendre d'autre de la part d'une entreprise aussi innovante ? Amesys a donné des noms hilarants aux projets qui serviront à des dictateurs pour repérer des opposants, les arrêter, accessoirement les torturer ou les tuer. Ça dédramatise...

Nous vous l'avions raconté ces derniers jours, au Qatar, le projet EAGLE s'appelle Finger. Pourquoi ? Parce que la capitale s'appelle Doha. Phonétiquement, doigt... Que l'on traduit en anglais par "Finger". Au Maroc, c'est le projet Pop Corn. Encore de la junk food.. Ailleurs, en Afrique (au Gabon), c'est le projet Croco. Comme les crocodiles Haribo ?

Le projet Pop Corn est en bonne voie. L'achat du matériel nécessaire (plus de 2 millions d'euros) été fait. Reste à déployer tout ça chez nos amis marocains. Des tonnes de prestations d'ingénieurs sont prévues. Via notamment une société française louant les services d'ingénieurs. On vous parlera surement d'elle dans un avenir proche. Patience©.

Avec l'arrivée du Parti justice et développement (PJD), un parti religieux, on peut se demander qui, du Roi ou du gouvernement aura la main sur le futur centre de surveillance monté par Amesys.

En revanche, ce que l'on sait depuis hier, c'est que le Roi ou le gouvernement marocain vont pouvoir, enfin, lancer la chasse au pédophiles. Et oui, vous ne le savez peut-être pas mais EAGLE, ça sert principalement à débusquer... Les pédophiles. Et quand les journaliste crypto-gauchistes empêcheurs de faire du business en rond avec les gentils dictateurs disent, preuves à l'appui, que EAGLE sert à fliquer les opposants... Le directeur commercial d'Amesys explique à une journaliste que rien ne dit que ces gens, ne sont pas pédophiles. Il y en a qui vont être contents d'apprendre qu'ils sont pédophiles. Et pas un peu nazis aussi ?

Niveau communication, on flirte avec des sommets... presque similaires à ceux atteints par l'Agence H. Heureusement qu'il y a quelques jours la direction de la communication de Bull demandait aux collaborateurs du groupe de laisser les communicants gérer cette crise. Ils ont bien fait d'envoyer le directeur commercial au front. Effet pédo-nazi garanti. Image7, il y a quelqu'un ? Il est temps de reprendre l'histoire en mains...

 

 

A Doha, l'une des interfaces principales d'Amesys n'est autre que le State Security Bureau, une entité indépendante mise en place en 2003, qui ne rend de comptes qu'à l'Emir du pays et qui lutte, notamment, contre le terrorisme et le blanchiment d'argent sale. Sa latitude dans le choix de ses enquêtes est totale. Une véritable entité démocratique, en quelque sorte.

 

Des questions sans réponses

 

L'Etat français n'est pas étranger à la vente de tous ces systèmes de surveillance dans des pays dictatoriaux ou policiers.

Premier point, Amesys est une filiale de Bull. L'Etat a une participation dans Bull au travers de France Telecom et a recapitalisé le groupe en 2004 à hauteur de 517 millions d'euros. Il a donc un poids important dans le géant français de l'informatique. En ce qui concerne Amesys, le Fonds Stratégique d'Investissement (FSI), contrôlé à parité par l'Etat et la Caisse des dépôts a pris 5% de Bull-Amesys. Tout ceci sans parler des crédits à la recherche attribués au groupe, comme le notait Libération.

Le FSI a également investi 10 millions d'euros dans Qosmos, autre acteur du Deep Packet Inspection français.

Second point, ces systèmes de surveillance intrusifs ne se vendent pas comme des paquets de crocodiles Haribo.

Il faut une autorisation du premier ministre, comme nous l'avions expliqué longuement en passant en revue tous les textes applicables.

Ajoutez à cela la présence dans les deals d'Amesys en Libye de Ziad Takieddine, révélée par Mediapart, le fait que Amesys se soit recommandé de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, pour vendre son système de cryptographie Cryptowall... Voilà un cocktail particulièrement indigeste.

Est-il éthiquement tolérable qu'un état démocratique approuve ou favorise la vente de matériels d'écoute globale à des dictatures ou des états policiers ? Est-il éthiquement tolérable que des sociétés vendent, en toute connaissance de cause, des outils permettant de profiler, d'arrêter, de torturer ou de tuer des opposants dans des dictatures notoires ?

 

Christian Paul tout seul

 

Les politiques qui devraient avoir le dernier mot sur ces sujets restent dramatiquement silencieux.

A gauche, si Christian Paul s'évertue à demander des précisions au gouvernement, le reste de la classe politique est mutique. Fleur Pellerin, spécialiste incontestable des NTIC au PS précise l'agenda de son mentor, François Hollande sur Europe 1 : ""Je vais ensuite proposer des prises de parole à François Hollande, en France ou à l’étranger sur le numérique". Sauf gros événement, elles n’interviendront pas avant janvier."

En effet, il n'y a pas de presse...

Quant au président de droite décomplexée, qui n'est jamais à une contradiction près, il indiquait à l'inauguration des nouveaux locaux de Google à Paris : "Le Net restera un formidable outil pour la surveillance du processus démocratique".

Oui... C'est juste. Et les opposants Libyens, Marocains, Qataris, etc. en sont persuadés, eux qui sont surveillés grâce à des technologies vendues par la France avec l'aval de son gouvernement.

Et de poursuivre : "l'un des elements qui permettent de juger si un pays est une democratie ou une dictature, c'est son attitude vers le Web, autrement dit c'est un tres mauvais signe que de vouloir censurer ou controler le web, c'est un marqueur".

Nicolas, si tu veux être en accord avec toi même (ce dont on peut douter), il faut arrêter de vendre des outils de surveillance et de censure à des dictatures notoires. En même temps, tu voulais même vendre une centrale nucléaire à un dictateur sanglant que tu es allé déloger à coup de bombes... Donc, bon...

Et puis entre les discours et les actes, il y a une grande différence comme le montre cette vidéo...

 

Nicolas Sarkozy parle du printemps arabe et de la surveillance chez Google from fhimt.com on Vimeo.

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