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par shaman

Yemen : Chat perché !

Un pas en avant, deux pas en arrière. Sous la pression de la rue, les dictatures du Moyen-Orient ont dû apprendre l'art de la danse et à ce petit jeu, les "Présidents Dictateurs Généraux"  ont plus ou moins bien réussi. Ben Ali a rapidement déserté la piste. Mubarak quand à lui, a effectué une adroite pirouette avant d'envoyer sa jolie partenaire Egypte, dans les bras de son pote, le maréchal Tantawi.

Un pas en avant, deux pas en arrière.

Sous la pression de la rue, les dictatures du Moyen-Orient ont dû apprendre l'art de la danse et à ce petit jeu, les "Présidents Dictateurs Généraux"  ont plus ou moins bien réussi.

Ben Ali a rapidement déserté la piste. Mubarak quand à lui, a effectué une adroite pirouette avant d'envoyer sa jolie partenaire Egypte, dans les bras de son pote, le maréchal Tantawi. Mais si nos médias semblent convaincus par la prestation du syrien Bachar Al-Assad et le donnent à l'unanimité, "Interprète de l'année", il y a un autre  challenger prometteur, sur lequel nous aimerions attirer votre attention :

le président yéménite Ali Abdallah  Saleh.

 

Savez vous danser Saleh ?

Le printemps est chaud. Les yéménites sont de sortie : plus de 20 000 se rassemblent ainsi le 23 février à Sanna, la capitale. Comment Saleh va-t-il gérer cette affluence ?

Suivez l'artiste : les pas sont simples :

Un pas en avant ...

Le 23 avril, Saleh accepte un plan pour partir du pouvoir dans les semaines qui viennent en échange de l'immunité. Le plan est accepté par l'opposition.

Un pas en arrière ...

Le 30 avril, Saleh sabote l'entente en refusant de la signer en tant que président. Il n'accepte de signer qu'en tant que chef de parti.

Un pas en avant ...

Le 14 mai, les négociateurs du GCC reviennent à Sanna pour tenter de réactiver le plan de paix. L'opposition accepte le nouveau compromis.

Un pas en arrière.

Le 22 mai, malgré la signature de cinq membres importants du parti de Saleh, les négociateurs du GCC sont contraints du suspendre les négociations. Le président yéménite pose de nouvelles conditions et refuse de signer.

Un pas sur le coté.

Les manoeuvres du président menacent de plonger le pays dans la guerre civile. Des affrontements entre les tribus et les forces régulières ont lieu à Sanna : plus de 150 personnes trouvent la mort en 10 jours.

Le 3 juin, un attentat vise le président qui est gravement blessé. Il s'envole en urgence pour Riyad pour y être soigné.

Et un pas de l'autre coté ...

Le président revient au Yemen en septembre. Depuis Riyad, il a appelé au dialogue et à la transition. Son parti propose le transfert du pouvoir vers le Vice-Président. Saleh accepte mais appelle à de nouvelles discussions avant que ce plan de prenne effet.

Sous l'effet de cette valse  bien encadrée, le pays sombre doucement dans le chaos. Les tribus se sont soulevées, certaines villes sont passées sous le contrôle de militants d'al Quaeda. Human Rights Watch confirme  225 tués et plus de 1000 blessés. Le printemps yéménite se change en été, puis en automne yéménite et les médias semblent définitivement lassés.

Le Yemen c'est loin ... d'ailleurs c'est où déjà ?

 

On tape dans les mains, et on change de partenaire !!

 

Si Saleh, a eu l'occasion pendant plus de dix mois, de jouer sa partition, les pouvoirs régionaux commençaient sérieusement à s'impatienter. Déjà trois fois que leur vassal yéménite leur faisait faux bond, il était temps que les choses rentrent dans l'ordre.

Des tuteurs énervés, un public toujours aussi chaud : qu'à cela ne tienne : Saleh est plein de ressources !

Le 24 Novembre, Saleh consent finalement à signer l'accord longtemps attendu. Les pressions sur lui étaient trop fortes : GCC (Conseil de Cooperation du Golfe), Etats-Unis, Union Européenne ... L'accord prévoit le maintien de Saleh au pouvoir pendant 30 jours, le temps pour le vice-président Abdrabuh Mansur Hadi, de négocier le transfert de pouvoir avec l'opposition. Saleh gardera son poste de président à titre honorifique.

Ca y est ? La révolution yéménite serait-elle victorieuse ? Pourquoi le peuple continue-t-il à se mobiliser ? L'accord signé par notre "Président Danseur Général" contiendrait-t-il encore quelques os ?

Si Saleh a finalement accepté l'accord, c'est qu'il s'en tire à très bon compte. Cet accord lui garantit l'immunité, pour lui ainsi que pour toute sa famille. Le président s'est envolé pour l'Arabie Saoudite pour signer le deal. Et la rumeur voudrait qu'il y reste, bien au chaud pour une retraite dorée.

Pourtant, le 23 avril 2011, l'opposition avait accepté le principe d'un retrait de Saleh en échange de l'immunité. Celui-ci l'avait refusé. Et voici que sept mois plus tard et quelques centaines de morts en plus, celui-ci l'accepte.

Le voici, le nouveau jeu de Ali Abdallah Saleh :

Chat perché !

 

Ca se joue seul ou en équipe ?

 

Elargissont un peu notre champ de vision.

Quand on essaye d'analyser l'actualité géopolitique, on se retrouve souvent face à des nouvelles éparses, qui apparaissent ici et là sans liens apparents. Cette apparence est trompeuse.  La géopolitique peut être comparée à un orchestre symphonique : beaucoup d'instruments, peu de chefs d'orchestres, et une partition réglée comme du papier à musique.

Tournons maintenant notre regard vers le Bahreïn.

Le 23 novembre, la commission indépendante livre ses conclusions. Enquêtant sur le soulèvement, celle-ci dénonce un "usage excessif et injustifié de la force" de la part des autorités, notamment dans le but de "terroriser" les contestataires. Le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa s'empresse d'accepter les conclusions de cette commission qu'il avait lui même mise en place. Washington salue cette prise de conscience et appelle à punir les auteurs de ces violations.

Allons nous enfin connaître les responsables de la répression au Bahreïn ?  Ou le roi Hamad joue-t-il lui aussi à chat perché ? Allons-nous voir tomber quelques sous-fifres, sacrifiés pour faire vivre la suprématie des Saouds sur la péninsule Arabique ?

 

 

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