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par Antoine Champagne - kitetoa

Troupes françaises au sol en Libye : nouvelles révélations

Mince, voilà qui risque bien d'écorner le mythe que Nicolas Sarkozy essaye à grand peine de construire sur son rôle de sauveur en Libye : une conversation téléphonique entre un commandant militaire de Misrata et le porte parole militaire du Conseil National de Transition (CNT), le colonel Ahmed Bani, laisse entendre qu'il y aurait bien eu des troupes au sol en Libye, en totale contradiction avec le mandat de l'ONU.

Mince, voilà qui risque bien d'écorner le mythe que Nicolas Sarkozy essaye à grand peine de construire sur son rôle de sauveur en Libye : une conversation téléphonique entre un commandant militaire de Misrata et le porte parole militaire du Conseil National de Transition (CNT), le colonel Ahmed Bani, laisse entendre qu'il y aurait bien eu des troupes au sol en Libye, en totale contradiction avec le mandat de l'ONU.

L'Organisation des nations unies visait à protéger la population civile contre la sanglante répression de la contestation du régime de Mouammar Kadhafi. Il ne permettait pas que des troupes étrangères opèrent au sol. L'aviation en revanche pouvait frapper les troupes fidèles au colonel Kadhafi. Le Canard Enchaîné avait à plusieurs reprises évoqué la présence au sol de troupes françaises, notamment pour guider les bombes à l'aide de lasers.

Ces derniers jours, une conversation téléphonique visiblement enregistrée a fait son apparition sur le Web. Elle met en scène le porte parole militaire du Conseil National de Transition (CNT), le colonel Ahmed Bani (voir photo ci-dessous) et un des leaders "rebelle" de Misrata. Le ton entre les deux est dur et le second assène quelques reproches intéressants au premier.

 

@luzbeka réalisé une traduction de l'échange et Reflets a de son côté fait fait écouter la conversation à l'un de ses contributeurs qui est bilingue. Il confirme que l'échange semble tout à fait crédible et que la traduction de @luzbek est correcte.

Parmi les informations intéressantes dans cet échange, on trouve la confirmation par le leader de Misrata de la présence au sol de troupes françaises. Pas simplement pour guider les bombes avec des lasers :

Selon lui, les Français et les Britanniques sont tout à fait au courant de la situation dans la mesure où ils sont avec eux au sol. Les soldats étrangers auraient été présents pendant l'assaut de Tripoli et y sont toujours. Autre précision, sa brigade inclurait 12 membres des services de renseignement américains et six des services français.

Les deux interlocuteurs se disputent sur l'aide demandée par Misrata et que Benghazi n'aurait pas apportée. Des armes attendues en provenance du Qatar et qui n'auraient pas été livrées à Misrata sont également un point de discorde. Ceci confirme les informations selon lesquelles des armes ont bien été livrées aux rebelles (voir le Canard Enchaîné de ces dernières semaines), là encore, en contradiction avec le mandat de l'ONU.

Le porte parole militaire insiste sur le fait que les discordes au sein du CNT de doivent pas transpirer, pour des raisons d'image vis à vis de l'occident.

Quant à Nicolas Sarkozy, il ne fait visiblement pas l'unanimité, comme il a tenté de le laisser croire lors de son voyage express en Libye. Le commandant de Misrata a cette sortie amusante :

"Ta prétendue armée nationale a été totalement écrasée à Dafniya par les troupes de Kadhafi. Où est ton armée nationale à Sirte ? Est-ce que tu parles de ceux qui attendent à l'extérieur [de la ville, NDLR] et qui paradent pour les télévisions et les photographes ?  Cesse de te comporter comme Sarkozy et de parader alors que la guerre continue dans le pays".

Etrangement, il ne fait pas mention du premier ministre britannique qui paradait lui aussi lors de sa visite en Libye avec Nicolas Sarkozy...

 

Le commandant de Misrata évoque par ailleurs des tombes dans lesquelles il y aurait de nombreux soldats fidèles à l'ancien pouvoir mais précise qu'il n'a pas le droit d'en parler. Ah ?

Enfin, cette étonnant réplique du commandant de Misrata lorsque le porte parole militaire du CNT tente de l'amadouer :

"moi tu sais j'etais a l'étranger, je me faisais 4000 dollars par mois pour un doctorat payé par Kadhafi le sale. Je suis rentré pour me battre. N'essaye pas de m'embrouiller".

L'entente cordiale...

 

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