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par Joe Bassin

Skyrock, après la fin du leasing, on fait la vidange

Flash-back : en avril 2011 l'on assite à un coup de théâtre à Skyrock. Pierre Bellanger, PDG du groupe, risque de se faire débarquer par l'actionnaire principal Axa, et s'enferme (littéralement) dans son bureau pendant quinze jours, le temps de retrouver de nouveaux partenaires. Un an après, et malgré les promesses de sauver le groupe et d'éviter aux salariés un plan de licenciement, la régie web, France en ligne, subit des licenciements massifs (pas loin de la moitié de ses effectifs).

Flash-back : en avril 2011 l'on assite à un coup de théâtre à Skyrock. Pierre Bellanger, PDG du groupe, risque de se faire débarquer par l'actionnaire principal Axa, et s'enferme (littéralement) dans son bureau pendant quinze jours, le temps de retrouver de nouveaux partenaires.

Un an après, et malgré les promesses de sauver le groupe et d'éviter aux salariés un plan de licenciement, la régie web, France en ligne, subit des licenciements massifs (pas loin de la moitié de ses effectifs). Certains partent rejoindre, dans des conditions obscures, la régie de Himedia. La filiale web, Telefun, subit également des licenciements économiques, après avoir vu partir de nombreux salariés dans des procédures à l'amiable, avec parfois une pression certaine.

Axa avait racheté en 2006 les parts appartenant précédemment à la Deutsche Bank, soit 70% du groupe, le reste allant à Pierre Bellanger.

A l'époque, la plate-forme Web, autrement dit les skyblogs, commence à exploser et propulse le groupe à une place majeure dans le paysage du Web français, passant de quelques centaines de milliers de blogs à plus de 20 millions en 2008. Sa structure Web et la régie et production du groupe embauchent alors à tour de bras pour répondre à cette envolée du trafic.

C'est aussi à l'été 2008 que Yahoo! fait une proposition de rachat de la plate-forme à Pierre Bellanger, pour près de 400 millions de dollars. Offre refusée par l'intéressé, qui estime la valeur un peu plus élevée. L'audience continue de grimper pour atteindre son pic en 2009, avant de commencer à chuter de façon drastique et de perdre pas loin de 50% de son audience chaque année depuis lors. Ce recul massif amène à une baisse équivalente de valorisation du groupe, et le refus de vente à une période faste, a probablement amené Axa, lassé d'un partenariat à l'avenir sombre et d'un partenaire minoritaire, mais fantasque et inflexible, Pierre Bellanger, à envisager son éviction et son remplacement par Marc Laufer.

C'est ainsi que Pierre Bellanger décide en avril 2011 de s'enfermer dans son bureau, menace d'appeler à une grosse manifestations de jeunes, et fait venir des personnalités politiques à la radio pour le soutenir (François Hollande, Christine Boutin, Jack Lang, Rama Yade, etc.).

Axa contre-attaque en pointant du doigt le salaire dudit PDG, près de 620 000€, et le fait qu'il n'a jamais proposé d'intéressement aux salariés.

C'est alors que, miracle, Pierre Bellanger sort de nouveaux partenaires de son chapeau : le Crédit Agricole, Orange et le FSI. On retrouve donc ici le fameux FSI qui, comme son nom l'indique, investit dans des entreprises "stra-té-gi-ques". Surtout sous Nicolas Sarkozy.

Partenariat qui lui permet de reprendre la radio à 100%, et de partager le web à 51% pour Pierre Bellanger/Crédit Agricole contre 49% pour Orange et le FSI.

Partenariat d'autant plus étonnant qu'il court le bruit qu'Orange aurait refusé l'année précédente d'entrer dans le capital.

Toujours selon les rumeurs du village parisien, l'Elysée aurait fortement appuyé l'investissement en question (le FSI, Fonds stratégique pour l'investissement, étant un organisme public), pour éviter des mouvements de jeunes, assez peu bienvenus à un an des présidentielles.

Bellanger, à la fin du conflit, organise pour les salariés une grande réunion de félicitations, présentant le groupe comme une grande famille et le plan de sauvetage comme une chance, le tout, agrémenté d'une "prime liberté" pour tous les salariés (indexée toutefois sur le salaire).

Prime qui permettra avantageusement de sucrer... les primes de fin d'année, et les augmentations pour nombre de salariés du Web.

Nous voici donc en 2012, à peine un an plus tard. L'audience continue de baisser et les projets annexes tombant à l'eau. Intervient l'annonce d'un "partenariat" avec Himedia et le groupe prend de plein fouet licenciements et plan social, pour la production et la régie web.  Nouvelle grand-messe, donc, de Pierre Bellanger à ses salariés, les félicitant de leur travail, mais arguant de la mauvaise santé du site pour expliquer le partenariat et justifier une saignée conséquente parmi les salariés.

La déception est grande pour eux, se sentant lâchés par un PDG qui aurait manoeuvré pour lui-même et ses proches, avec un avenir inexistant et une stratégie obscure.

Intriguant et soudain lâchage, après des accords financiers, dont une partie en deniers publics, et le soutien de politiques de tous bords, qui semblent soudain oublier les promesses de sauvetage du groupe.

 

 

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