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par Antoine Champagne - kitetoa

Sarkozy aux indignés : cassez-vous pauvres cons !

Qui se souvient des lénifiantes déclarations du président de la république sur les peuples arabes et leur juste lutte pour plus de liberté, plus de démocratie ? Le 31 août, lors de la conférence des ambassadeurs, il expliquait par exemple : Ces jeunes ont exigé la liberté et la démocratie, ces jeunes ont exigé le respect et la dignité. Ils ont montré que, dans notre monde connecté, les attentes des peuples sont les mêmes du Sud au Nord de la Méditerranée.

Qui se souvient des lénifiantes déclarations du président de la république sur les peuples arabes et leur juste lutte pour plus de liberté, plus de démocratie ?

Le 31 août, lors de la conférence des ambassadeurs, il expliquait par exemple :

Ces jeunes ont exigé la liberté et la démocratie, ces jeunes ont exigé le respect et la dignité. Ils ont montré que, dans notre monde connecté, les attentes des peuples sont les mêmes du Sud au Nord de la Méditerranée.

Le président évoquait même un "séisme démocratique".

Et bien, ces paroles se sont envolées. Il a suffi que des indignés tentent de planter leurs tentes à Paris pour que la fameuse police anti émeutes de MAM (proposée à Ben Ali) soit lâchée. Bilan ? Deux blessés et 71 interpellations hier soir, selon les chiffres officiels (photos de l'intervention policière ici).

Les indignés espagnols marchent depuis Madrid vers Bruxelles depuis début août. Ils racontaient il y a quelques jours à la radio qu'ils avaient rencontré un accueil formidable sur leur passage. Jusqu'à Paris...

Hier soir, un tweet relayait une information publiée sur Facebook et qui annonçait 80 interpellations. Version des indignés : ils marchaient, ne coupaient aucune route, ni ne faisaient quoi que ce soit d'illégal quand ils ont été entourés, frappés, aspergés de gaz lacrymogènes. L'une des indignées était quelque part dans un hôpital parisien mais n'avait plus donné de nouvelles.

Il faut le dire, ça ne doit pas être simple de vivre avec le cerveau de Nicolas Sarkozy. Cet homme est perclus de contradictions internes qui doivent lui rendre la vie très difficile.

On le voit avec son gouvernement, qui voyageait aux frais de la princesse (des dictateurs, pardon) alors que les manifestations avaient déjà commencé en Tunisie ou en Egypte, puis son rattrapage aux branches. On le voit avec ses mamours à Mouammar Kadhafi en décembre 2007, puis sa course forcennée à la guerre en Libye pour l'en déloger. On le voit avec ses discours soutenant les aspirations à plus de liberté et de démocratie, puis l'envoi immédiat de policiers anti-émeute dès qu'un indigné pointe le bout de son nez à Paris, que ce soit à la Bastille ou à Saint-Germain. On le voit lorsque le gouvernement aide la Libye de Kadhafi à installer un vaste centre d'écoute de la population libyenne avec l'aide d'Amesys, filiale de Bull puis condamne le méchant dictateur qu'il aidait ...

Pas plus tard qu'hier, Nicolas Sarkozy mettait en accord, à sa façon toute particulière, ses paroles et ses actes.

Il recevait à Paris un vrai démocrate, un de ceux que tout le monde devrait fuir, mais que tout le monde courtise parce qu'il y a de juteux contrats à la clef : le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev.

Voilà pour l'acte. Maintenant les paroles, datant du discours aux ambassadeurs fin août :

Ce qui est nouveau, après des décennies pendant lesquelles la stabilité des régimes en place primait, à l’Est comme au Sud de l’Europe, c’est la volonté de la France d’accompagner avec détermination le mouvement des peuples vers la démocratie. Pendant des années, notre diplomatie - et j’en prends ma part - a été organisée autour du mot "stabilité". Et autour du mot "stabilité", la France a eu des rapports avec des régimes qui n’étaient pas des exemples de démocratie. Le réveil des peuples arabes, leur aspiration à la liberté permet de s’appuyer sur cette aspiration pour couper définitivement avec cette stabilité qui nous mettait en permanence en contradiction entre les valeurs que nous devions défendre et la réalité que nous devions assumer. Aujourd’hui, il y a une opportunité de faire concilier la réalité et les valeurs.

Visiblement, il n'y avait pas d'"opportunité" à ne pas faire des mamours à Noursoultan Nazarbaïev. Et puis, ce n'aurait pas été gentil pour Total, GDF-Suez, EADS, Areva, Alstom, on en passe. Tiens, Amesys devrait se mettre sur les rangs, il y a peut être un marché...

 

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