Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Réflexions à 2cts d'euros sur les ayants droit

Lorsque j'observe le secteur de la finance créer le chaos qui menace régulièrement de l'emporter, et nous avec lui, que je vois les Etats venir les sauver in extremis avec notre porte-monnaie commun, je me demande toujours s'il existe un autre secteur économique dans ce cas.

Lorsque j'observe le secteur de la finance créer le chaos qui menace régulièrement de l'emporter, et nous avec lui, que je vois les Etats venir les sauver in extremis avec notre porte-monnaie commun, je me demande toujours s'il existe un autre secteur économique dans ce cas. Peut-on faire les pires bêtises, se retrouver au bord de la faillite, menacer d'emporter des pays entiers avec soi, par simple gloutonnerie, et être sauvé à chaque fois, de sorte que lorsque l'on gagne, on gagne, et lorsque l'on perd, on gagne ? C'est un peu éloigné des concepts du libéralisme prônés par les gouvernements qui les sauvent.

Et bien, oui. Il existe un autre secteur un peu dans le même genre. C'est un tantinet différent, mais pas tant que cela sur un plan purement philosophique.

Les ayants droit sont également un cas particulier.

C'est un secteur qui vit des droits sur la vente de produits (musique, films, livres, etc.). On pourrait imaginer que l'Etat passe une loi disant grosso modo (plus une loi est vague, plus elle a de chances d'être applicable) "il est interdit de télécharger sans s'acquitter des droits afférents aux produits téléchargés". Dans l'absolu, cela devrait suffire. A chaque société privée concernée de faire respecter ses droits devant un tribunal si nécessaire.

Mais non, depuis que le Net est apparu, ce secteur s'est fait offrir des "cadeaux" sur mesure par les Etats. En France, le plus gros cadeau aura été l'Hadopi. Un gouffre financier pour le contribuable. Avec un résultat tout à fait discutable.

Nous savons bien, chez Reflets, que les ayants droit ont imposé une entreprise privée pour faire un travail de police (TMG) et que celle-ci a merdé dans les grandes largeurs. Nous savons aussi que TMG était une boite noire pour tout le monde, y compris pour l'Hadopi. En d'autres termes, l'Etat fait un superbe cadeau aux ayants droit avec l'Hadopi, mais il se fait enfumer par lesdits ayants droit qui lui mettent dans les pattes une boite noire.

Faites des cadeaux aux ayants droit, ils vous renvoient une baffe. Puis, ils vous demandent un autre cadeau. Un peu sur le même principe que le secteur de la finance qui fabrique des crises, demande à être sauvé, l'est, puis fabrique une nouvelle crise, etc.

Alors qu'il aurait dû se contenter d'une loi généraliste sur le téléchargement illégal, le secteur a obtenu l'Hadopi. Maintenant, il veut du DPI partout pour chasser les téléchargeurs qui utilisent le direct download.

Après avoir obtenu une loi débile reposant sur une technologie particulière , le P2P (donc à l'opposé d'une loi vague pouvant être appliquée sur le long terme), le secteur veut élargir le terrain de chasse.

Et lorsque l'Etat lui aura donné le DPI, les ayants droit lui demanderont encore autre chose. C'est sans fin. Donnez un bonbon à un enfant, il vous en redemandera. Et tant que vous lui en donnerez, il en mangera. Jusqu'à ce qu'il soit malade.

Le mieux est peut-être de ne pas commencer à faire des cadeaux. Que chacun des secteurs économiques se débrouille avec les lois en vigueur et qui ne sont pas créées pour satisfaire tel ou tel des secteurs, mais pour protéger l'intérêt général. On peut toujours rêver, non ?

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée