Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
Édito
par Antoine Champagne - kitetoa

Reflets, les sous, l'avenir, la vie...

Le 23 décembre 2010, Reflets.info est né. Bien entendu, nous étions déjà là avant, mais la première publication sur le Web date du 23 décembre 2010. Nous avions choisi un business model révolutionnaire, issu de mois de brainstorming avec les plus grands con-sultants du Web 2.0 et même 3.0. Nous n'aurions pas de pubs pour agrémenter nos pages tristes. Ni gifs animés, ni flash tonitruants. Même pas une pauvre popup. Non.

Le 23 décembre 2010, Reflets.info est né. Bien entendu, nous étions déjà là avant, mais la première publication sur le Web date du 23 décembre 2010. Nous avions choisi un business model révolutionnaire, issu de mois de brainstorming avec les plus grands con-sultants du Web 2.0 et même 3.0. Nous n'aurions pas de pubs pour agrémenter nos pages tristes. Ni gifs animés, ni flash tonitruants. Même pas une pauvre popup. Non.

Nous n'aurions pas d'investisseurs qui soutiendraient notre croissance forcément formidable.

Nous n'avions pas non plus de perspectives.

Où allions-nous ? Nous ne le savions pas nous-même.

Des abonnés ? Pour quoi faire ? Non, juste quelques certitudes.

Réalisons un petit inventaire à la Prévert :

  • Nous savons de quoi nous parlons.
  • Nous publions sur ce réseau depuis des années. Parfois depuis le siècle dernier, c'est dire...
  • Nous avons des lecteurs.
  • Nous avons du lulz à revendre, pourquoi ne pas le partager ?
  • Nous ne nous prenons pas au sérieux et donc, ça marche ou ça ne marche pas, peu importe. Nous expérimentons continuellement. Si ça ne marche pas, on fera autre chose.
  • Nous savons que nos lecteurs sont sympas et qu'ils sont prêts à nous soutenir quand c'est nécessaire

Du coup, nous optons pour un business model révolutionnaire, et comme je le disais, fruit de mois de réflexions, de discussions avec les plus grands experts de la webitude : nous allons dire à nos lecteurs :"à votre bon coeur", "si ça vous plait, donnez quelques sous, selon vos capacités et vos envies".

Et comme nous sommes des adeptes de la transparence, nous ouvrons une page sur le site pour indiquer de quoi nous avons besoin et ce que vous, lecteurs, avez donné, chaque mois. Oui, sauf que c'était sans compter sur un truc... Reflets est devenu quelque chose d'extrêmement chronophage pour les auteurs. L'actualité, les sujets froids, mais que nous trouvons chauds, nos boulots respectifs, tout cela nous prend un temps fou. Les soirées sont occupées jusque tard dans la nuit à préparer les articles que vous lisez. Au début, à chaque don, j'envoyais un petit mail de remerciement. Au début je remplissait la page récapitulative des dons. Et puis peu à peu, je ne pouvais plus faire face. J'ai arrêté pour travailler, plutôt, sur les contenus. Avec les autres auteurs.

Et je dois dire qu'en relisant les articles assez régulièrement, je ne suis pas peu fier de faire partie de cette aventure.

J'ai lu des choses que je n'avais jamais lues ailleurs. J'ai appris. J'ai partagé. Il y eu es moments de joie, de peine, d'incompréhension, bref... La vie. Et puis, on s'est fait plein de nouveaux amis, ... ceux qui étaient cités dans les articles.

Il y a eu ces hauts cadres de Bull qui sont venus nous raconter ce qui se passait dans la filiale Amesys et tous les articles que nous avons écrits. Il y a eu l'OpSyria qui nous a fait rencontrer des Syriens et ça, je vous assure que ce sont des moments uniques. Il y a eu des moments de franche rigolade, avec les Agence H, les Hadopi, les TMG de test. Des moments plus sérieux avec la crise économique, le printemps arabe, le High Frequency Trading, la surveillance des populations, Base élèves, j'en oublie forcément, il y a 997 articles sur Reflets... Il y a aussi vous, lecteurs, qui participez par vos nombreux commentaires (17 351 lorsque j'écris ces lignes).

Des rédactions, j'en ai fréquenté des tonnes. Celle qui s'approchait le plus de celle de Reflets, c'est celle de Transfert.net. Mais même là, je n'avais jamais écrit des articles avec 10 personnes, en même temps, sur le même texte... Bref, je vous assure que je suis époustouflé par la créativité de cette rédaction. Rameuter des journalistes et des hackers pour les enfermer virtuellement dans une pièce et les faire discuter, c'était une vraie bonne idée qu'on a eue avec Bluetouff autour d'un verre, un soir, dans un bar parisien. Cela a marché au delà de mes espérances.

Régulièrement, on me demande : "alors, Reflets, ça marche"?

Oui, ça marche. Ça marche parce que nous avons des milliers de visiteurs chaque jour, que depuis janvier 2012, nous avons près de 2 millions de pages vues. Pour un journal du fin fond du Web, tout jeune, avec un énorme budget com' et marketing de zéro euros, zéro centimes, ce n'est franchement pas mal.

Le business model, en revanche, il faut l'avouer, n'a pas marché aussi bien que ce que les con-sultants en webitude nous avaient promis. On aurait dû se méfier...

A ce jour, il y a :

  • 11.000 euros sur le compte de ./Rebuild.sh, la société qui édite Reflets,
  • dont 3.000 euros de capital.
  • Nous allons payer des impôts sur les dons que vous nous avez faits. Et comme nous avons très peu de frais, ça risque d'être du lourd.
  • Lorsque les impôts seront payés, nous saurons ce qu'il reste.
  • Constat : on est à des années lumières de ce dont nous aurions besoin et qui avait été exprimé en début d'aventure (150.000 euros/an).

Alors, on fait quoi ? On arrête ?

Non, je ne crois pas...

:)

Nous allons continuer. Juste espérer que nous gagnerons des lecteurs, qu'ils donneront autant que vous l'avez fait jusqu'ici et qu'à terme, nous aurons les moyens (financiers) de passer plus de temps sur les articles, que nous pourrons enfin traiter tous les sujets qui nous tiennent à coeur, et ne plus être obligés de faire un tri en fonction du temps que l'on peut consacrer à Reflets.

Pour intéresser de nouveaux lecteurs... Nous vous demandons de parler de nous autour de vous. A tout le monde. Pas uniquement à vos amis proches. Parlez-en à votre boulanger, à votre maman, à votre vendeur de pizzas. Parlez-en en classe, dans votre entreprise. Imprimez des articles qui vous ont plu, indiquez l'URL du site et distribuez ça dans les boites aux lettres. Du datalove old school... faites circuler l'information.

Et bien entendu,

"A votre bon coeur"...

 

0 Commentaires
Une info, un document ? Contactez-nous de façon sécurisée