Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking
par Fabrice Epelboin

./rebuild.sh Copwatch: yezzi.info

Combattre les violences policières avec des technologies sociales n’est pas une évidence. Cela demande de l’expérience. Beaucoup d’expérience. Copwatch-IDF - aujourd'hui censuré - est le résultat de l’initiative de gens opprimés, plus dans la lutte que dans la mise en place d’un contre pouvoir destiné à rééquilibrer une situation.

Combattre les violences policières avec des technologies sociales n’est pas une évidence. Cela demande de l’expérience. Beaucoup d’expérience.

Copwatch-IDF - aujourd'hui censuré - est le résultat de l’initiative de gens opprimés, plus dans la lutte que dans la mise en place d’un contre pouvoir destiné à rééquilibrer une situation. Ce site n’est ni tourné vers une solution au problème, ni même sur sa dénonciation dans son ensemble, à force de se focaliser sur des cas particuliers, si choquant soient-ils, on perd toute approche constructive globale.

Pour faire quelque chose de constructif, d’utile à la démocratie et à la justice, il faudrait se tourner vers des gens qui ont non seulement une grande expertise en matière de répression policière, mais également en matière de technologies sociales. Des gens qui cherchent une approche constructive, qui veulent bâtir un monde différent.

Bienvenue en Tunisie, une nation qui regorge d’informaticiens, de soleil et de répression policière, un pays dont l'expérience en matière de répression policière est bien plus vaste que ce que nous connaissons en France, quoi qu'en pense Michèle Aliot-Marie.

La Tunisie a montré que l’on pouvait s’opposer de façon constructive à la répression policière avec des technologies sociales. Accessoirement, en faisant cela et en déclenchant le printemps arabe, elle a mis à jour un concept de citoyenneté qui prenait la poussière et l'a mondialisé au passage.

C'est de ce pays que se lance aujourd'hui Yezzi.info («yezzi» signifie «ça suffit», en dialecte tunisien).

Développée sur la plateforme Ushaïdi, Yezzi.info est la première plateforme de signalement des violences policières, disponible dès aujourd'hui en Français et en Arabe.

Un formulaire permet d'y signaler un incident, d’y joindre un témoignage, une photo, des liens, et de le placer sur une carte. Le site est d'un maniement très simple, il est accessible via un mobile à l'aide d'une application dédiée.

Au fil du temps, l'idée est qu'une cartographie précise des violences policières se dessine : de la transparence comme contre pouvoir. L'accès aux signalements se fait à travers une carte sur laquelle les incidents sont épinglés, et à l'aide de filtres simples à manipuler. Les données sont également disponibles via xml/rss et un à travers un système d'alertes géolocalisées par email (API on the way). Toutes les données (anonymisées) issues du site sont libres d'accès sous licence CC-by.

Le site disposera sous peu d'une application mobile dédiée, et dans sa version 2, on pourra lui signaler un incident par simple SMS. Sécurisé. Afin de protéger au mieux ses sources, il est accessible de façon sécurisée en HTTPS.

L'idée est d'en faire la première plateforme où toute victime d'une brutalité policière, quelle qu'elle soit, puisse rapidement la signaler afin de témoigner publiquement de ce qu'il se passe.

Pensé et produit en Tunisie par une ONG dédiée aux libertés numériques, l'ATLN (full disclosure: que j'ai contribué à monter), le site Yezzi.info est lancé aujourd’hui en Tunisie et en France, il sera par la suite accessible, par étapes, dans l’ensemble du bassin Méditerranéen.

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